Ce mardi 28 mai, c’est la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle. À cette occasion L’Obs et Rue89 publient une longue enquête sur les difficultés rencontrées par les femmes détenues pendant leurs règles.
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Elles sont particulièrement touchées par la précarité menstruelle, au point de se mettre en danger et de fabriquer elles-mêmes leurs protections hygiéniques.
Si utiliser des draps ou des serviettes de bain pour tenter de remplacer une véritable serviette hygiénique n’a rien de nocif, l’enquête révèle que certaines d’entre elles confectionnent des cups à partir de bouteilles en plastique.
“Elles utilisent une bouteille en plastique qu’elles découpent afin de n’en garder que la partie supérieure. Pour éviter de s’arracher les parois internes, la cup de fortune doit être lissée contre un mur”, témoigne Sophie* autrefois incarcérée à la prison pour femmes de Versailles, dans les colonnes de L’Obs.
Écologique et économique, la véritable cup en silicone est devenue très populaire ces dernières années. Réutilisable, elle nécessite toutefois d’être stérilisée à l’eau bouillante. En plus de ne pas être efficaces, les cups de fortune sont inconfortables et impossibles à stériliser en prison – et donc très dangereuses.
Comment en est-on arrivé là ?
Comme le rappelle L’Obs, depuis 1985, lorsqu’une femme entre en prison, elle reçoit un “kit arrivante”, comprenant un nécessaire d’hygiène dont la composition varie d’un établissement à l’autre.
“En fait c’est assez aléatoire selon les lieux de privation de liberté. Mais par exemple, les tampons peuvent être carrément interdits”, explique Sophie Chardon, vice-présidente du Genepi, interrogée par Konbini news. Le Genepi est une association étudiante qui lutte pour la sensibilisation du public aux conditions de vie dans les prisons.
Selon un témoignage reçu par la vice-présidente, dans un établissement en particulier, le kit ne comprend que trois serviettes hygiéniques. Une fois qu’elles sont utilisées, il faut donc bien se débrouiller pour les mois suivants. Soit on a les moyens de “cantiner” – c’est-à-dire de se payer des produits proposés par le magasin interne de la prison – soit c’est le système D.
“Quels qu’ils soient, les produits sont beaucoup plus chers qu’à l’extérieur”, rapporte Sophie Chardon. L’Obs cite à titre d’exemple les tarifs pratiqués par la maison d’arrêt de Nice : “Les tampons de la marque Nett sont environ 30 % plus chers que dans le commerce. Pour les serviettes de la marque Nana, le prix est 60 % plus élevé.”
Ces produits sont donc réservés aux femmes qui ont des ressources, qui bénéficient de l’aide de leurs proches ou qui ont la possibilité de travailler au sein de la prison.
“Comme d’habitude, le problème vient du fait que la détention n’est pas pensée pour les femmes”, tranche Sophie Chardon. Et ce, en partie parce qu’elles constituent une part infime de la population carcérale. En France quelque 2 500 femmes sont derrière les barreaux, ce qui représente 3,6 % des personnes incarcérées.
*son prénom a été modifié.