Alors que l’intérêt des Français pour les questions autour de la condition animale grandit d’année en année, qu’ils sont de plus en plus nombreux à se déclarer sensibles au bien-être et à la protection des espèces, et que la souffrance animale est au cœur de divers débats sociétaux, qu’en pensent les douze candidats à l’élection présidentielle ?
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À moins d’un mois du premier tour, et après la publication d’un premier article similaire concernant le handicap, nous avons souhaité lister les divers engagements pris par ces aspirants présidents en cas de victoire.
À noter qu’il s’agit là de relever ce qui est véritablement inscrit dans le programme des candidats, ce qui constitue donc des promesses de campagne, plus ou moins précises, inscrites sur leurs sites officiels, et non des prises de position antérieures, tels que des propos tenus dans les médias.
Passage en revue donc, par ordre alphabétique, des mesures proposées par les candidats touchant à la condition animale.
Nathalie Arthaud
Nathalie Arthaud. (© Stefano Rellandini/AFP)
Pour Nathalie Arthaud, le sort réservé aux animaux par la société n’est autre que “la conséquence directe du fonctionnement de l’économie capitaliste”. La candidate de Lutte ouvrière, interrogée au sujet de la condition animale, a fait savoir plusieurs choses :
- elle considère la “course au profit à n’importe quel prix” notamment responsable des “conditions scandaleuses d’élevage ou d’abattage” et des trafics d’animaux de compagnie ou de fourrure. Par conséquent, elle indique “combattre ce mode de fonctionnement capitaliste capable d’engendrer tant de monstruosités” ;
- l’interdiction de la chasse à courre, qu’elle qualifie de “loisir cruel de riches oisifs en mal de distraction”, lui semble “justifiée” et elle dit aspirer “à une société dans laquelle les êtres humains auront d’autres passe-temps que la chasse” ;
- elle considère que l’utilisation d’animaux à des fins scientifiques, “malgré le développement de méthodes substitutives, reste à l’heure actuelle incontournable”, tout en jugeant nécessaires l’encadrement et le contrôle de ces pratiques ;
- enfin, si elle ne s’oppose pas à un ministère de la Condition animale, elle explique toutefois : “Je crains qu’il ne soit une coquille vide de plus compte tenu du bilan bien creux de tous ‘ministères’ créés ces dernières années.”
Nicolas Dupont-Aignan
Nicolas Dupont-Aignan. (© Lionel Bonaventure/AFP)
“Longtemps considérés comme de simples objets, les animaux sont encore beaucoup trop souvent victimes de traitements intolérables”, écrit dans son programme de campagne le candidat de Debout la France, qui promet de :
- rendre obligatoire la vidéosurveillance dans tous les abattoirs, de mettre en place des cahiers des charges plus stricts et de renforcer la formation pratique du personnel ;
- négocier avec les cultes une solution respectueuse des traditions qui permette un abattage avec étourdissement ;
- créer un label “Bien-être animal” ;
- soutenir et mieux répartir les refuges “actuellement débordés” ;
- garantir le financement des associations de protection des animaux “via un fonds budgétaire alimenté par des taxes sur les importations d’animaux” ;
- mettre fin aux subventions des activités “contraires à la dignité animale” ;
- interdire les expérimentations scientifiques sur les animaux “lorsqu’il existe des méthodes alternatives” ;
- renforcer les campagnes de prévention et de sanction d’abandon des animaux et systématiser l’interdiction à vie de posséder un animal domestique pour ceux qui abandonnent leur animal ;
- créer dans l’ensemble des parcs publics régionaux des espaces réservés aux chiens et aux chats afin de permettre à ces animaux d’évoluer en liberté ;
- interdire la consommation de viande de cheval ;
- encourager la création de fermes pédagogiques ;
- lutter contre les trafics d’animaux et contrôler les importations ;
- inciter les éleveurs à acheter des animaux français via une charte qui valorisera l’élevage français ;
- créer une délégation interministérielle pour la Dignité animale ;
- et renforcer la collaboration entre médecins et vétérinaires pour “améliorer l’étude des zoonoses, maladies dont les agents se transmettent des animaux à l’être humain et réciproquement”.
Anne Hidalgo
Anne Hidalgo. (© Stéphane de Sakutin/AFP)
Le programme de la maire de Paris prévoit quant à lui de :
- lancer les “Assises du bien-être animal” ;
- d’encourager la consommation de produits issus de la pêche durable ;
- d’interdire l’usage des néonicotinoïdes dans les 100 premiers jours du quinquennat.
Yannick Jadot
Yannick Jadot. (© Stéphane de Sakutin/AFP)
En ce qui concerne Yannick Jadot, l’eurodéputé écologiste, qui assure vouloir “mieux protéger les animaux” et parvenir à “une agriculture et une alimentation respectueuses du vivant”, promet :
- la reconnaissance des droits fondamentaux des animaux ;
- le renforcement des sanctions pénales en cas de maltraitance ainsi que des moyens de lutte contre le trafic d’animaux sauvages, notamment en ligne ;
- la fin des “pratiques cruelles” comme le déterrage, la chasse à courre et la corrida ;
- l’investissement dans des alternatives à l’expérimentation animale “pour y mettre un terme” ;
- la création d’un ministère de la Condition animale et le conditionnement des aides et des commandes publiques à des critères de bien-être animal ;
- la sortie des élevages industriels ;
- la fin des élevages en cage d’ici à 2025 ;
- l’interdiction de l’élevage et de l’importation pour les fourrures mais aussi de toute nouvelle méga-installation d’élevage
- l’interdiction de l’exportation d’animaux vivants hors de l’UE et la limitation de leur transport au sein de l’Union européenne à 8 heures ;
- la généralisation des abattoirs mobiles ;
- le développement de la consommation de protéines végétales et de viande locale et bio ;
- le développement des pêches sélectives pour éviter la capture accidentelle de dauphins ;
- la création d’un “planet score” constitué de plusieurs critères, dont le bien-être animal.
Jean Lassalle
Jean Lassalle. (© Thomas Coex/AFP)
La lecture du projet du candidat Jean Lassalle nous apprend quant à elle :
- qu’il souhaite “défendre les traditions populaires et les pratiques ancestrales telles que la chasse et la pêche traditionnelles”, qui font pour lui “partie du patrimoine national” ;
- qu’il considère “la cohabitation entre les bergers et leurs troupeaux incompatible avec la présence de prédateurs tels que les ours, les loups et les lynx” ;
- et qu’il veut sortir des directives européennes “Habitats” et “Oiseaux” ainsi que de la Convention de Berne [relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe, ndlr].
Marine Le Pen
Marine Le Pen. (© Thomas Samson/AFP)
La candidate du Rassemblement national, qui précise que son programme prend “évidemment en compte les nécessités de l’élevage, de la pêche et de la protection des cultures” et n’a “pas pour finalité l’interdiction de la chasse ou les essais à finalité thérapeutique sur les animaux, si et seulement si ceux-ci sont indispensables”, mais vise “seulement à supprimer ou à limiter autant que possible les atteintes arbitraires, illégitimes ou inutiles au bien-être animal”, propose les mesures suivantes :
- accorder une reconnaissance constitutionnelle aux animaux ;
- créer un nouveau statut civil pour les animaux. Cela entraînerait, par exemple, le fait qu’en cas de divorce, le sort des animaux de compagnie serait déterminé par un juge ;
- renforcer les peines sanctionnant les infractions commises envers les animaux ;
- renforcer le rôle des associations avec notamment la création d’un statut de lanceur d’alerte ;
- lutter contre les fraudes ;
- doter l’État des outils nécessaires à la protection animale avec par exemple la création d’un “Défenseur des animaux” qui contrôlerait l’ensemble des lieux où des animaux sont détenus ;
- rendre la parole aux citoyens sur la question animale, par la création du référendum d’initiative populaire en matière législative, et donc pour légiférer sur la condition animale.
Emmanuel Macron
Emmanuel Macron. (© Ludovic Marin/Pool/AFP)
Le programme du président candidat à sa réélection propose, quant à lui :
- de mieux assurer le recueil des animaux de compagnie abandonnés.
Jean-Luc Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon. (© Bertrand Guay/Pool/AFP)
En ce qui concerne le candidat de La France insoumise, qui considère que les animaux sont actuellement traités “comme des marchandises”, il souhaite, en cas d’accession à l’Élysée :
- fixer un objectif de réduction de 50 % de la consommation moyenne de protéines animales ;
- proposer un étiquetage des produits notamment en prenant en compte le bien-être animal ;
- interdire immédiatement les néonicotinoïdes ;
- interdire les fermes-usines ;
- planifier la sortie de l’élevage intensif au plus tard en 2027 ;
- réduire la production de protéines animales, “en accompagnant les agriculteurs dans la transition”, et pour cela, “budgéter une aide à la transition pour les éleveurs industriels se convertissant à l’élevage paysan ou aux cultures végétales” ;
- déterminer de nouvelles normes pour améliorer les conditions d’élevage avec par exemple un accès à l’air libre obligatoire ;
- interdire les mutilations et pratiques cruelles – il cite notamment l’élevage en cages à horizon 2025 ;
- renforcer la réglementation sur le transport des animaux et assurer son application effective ;
- limiter le temps de transport des animaux à 8 heures et 4 heures pour les animaux plus fragiles mais aussi interdire les exportations d’animaux vivants hors de l’UE ;
- assurer l’application effective de la réglementation sur les conditions d’abattage et la renforcer, afin de limiter au maximum la souffrance animale et de créer les conditions pour rendre possible l’abattage à la ferme ;
- abroger les deux arrêtés influenza aviaire “qui menacent sérieusement l’existence de l’élevage plein air” ;
- créer un budget réservé à la transition vers des systèmes d’élevage respectueux du bien-être animal.
Valérie Pécresse
Valérie Pécresse. (© Julien de Rosa/AFP)
La lecture du projet de Valérie Pécresse fait apparaître les mesures suivantes en matière de bien-être animal :
- lancer des campagnes nationales de lutte contre l’abandon des animaux et créer un fichier dédié des personnes condamnées pour maltraitance animale ;
- créer un label “ville amie des animaux” décerné aux communes qui s’engagent pour le bien-être animal ;
- lutter contre le trafic d’animaux sauvages.
Philippe Poutou
Philippe Poutou. (© Thomas Coex/AFP)
Quant au candidat du NPA, Philippe Poutou, dont le parti qualifie la protection animale de “question importante sur laquelle il est nécessaire de s’engager aussi bien pour des enjeux éthiques, écologiques, anti-impérialistes mais aussi sanitaires”, il propose :
- l’abolition de l’élevage industriel qui passera, en cas d’élection, par : l’arrêt immédiat des subventions publiques aux élevages industriels, l’annulation des dettes des éleveurs s’ils passent au végétal, un plan de reformation des éleveurs avec continuité des salaires, la création d’un conseil autonome d’éthologues avec des délégués des structures de défense des animaux, indépendant des instances liées au ministère de l’Agriculture, ainsi que la mise en place de sanctuaires pour les animaux des élevages industriels ;
- la reconnaissance de droits spécifiques des animaux, les empêchant d’être des “divertissements” et donc “les animaux détenus dans les cirques, zoos et autres lieux de privation de liberté doivent être pris en charge pour être placés dans des environnements qui correspondent à leurs besoins physiologiques” ;
- l’interdiction de la chasse sur tout le territoire – “pour des raisons écologiques et de santé publique” – ainsi que la suppression des lobbies faisant sa promotion, qui serait “une priorité” ;
- la limitation des transports d’animaux à des petites distances uniquement, rendant impossible leur importation ou leur exportation ;
- l’arrêt des “pires pratiques” de pêche et l’arrêt immédiat de la pêche “dans les zones où la reproduction des espèces est menacée”.
Fabien Roussel
Fabien Roussel. (© François Lo Presti/AFP)
Fabien Roussel s’est pour sa part engagé dans son programme à :
- adopter des mesures de limitation et de contrôle pour empêcher le développement des installations industrielles d’élevage, et, ainsi, “mettre un terme à l’existence de structures comme l’ex-ferme des mille vaches, ainsi qu’aux conditions indignes de transport et d’abattage des animaux”.
Éric Zemmour
Éric Zemmour. (© Emmanuel Dunand/AFP)
Enfin, Éric Zemmour promet dans son programme de “protéger nos animaux”. Pour ce faire, voici ce qu’il propose :
- lutter “activement” contre les trafics et mieux protéger les animaux en augmentant les moyens alloués à la protection et aux établissements animaliers ;
- mettre en place une politique de sensibilisation aux abandons d’animaux et permettre une meilleure gestion des adoptions ;
- renforcer les contrôles pour maltraitance animale dans les abattoirs et élevages intensifs ;
- alourdir les sanctions pour les actes de maltraitance animale ;
- indiquer sur tous les produits contenant de la viande le mode d’abattage des animaux.