Pour Sophie Cluzel, cette mesure permettra de ne plus dire aux personnes vivant avec un handicap : “vous êtes des citoyens à part”.
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En France, 700 000 personnes sont sous tutelle ou sous curatelle parce qu’elles sont handicapées. Parmi elles, 300 000 personnes, souvent touchées par un handicap mental ou psychique, sont privées de droit de vote et ne peuvent pas se marier, pacser ou divorcer si un juge le décide.
À l’occasion de la conférence nationale sur le handicap et du comité interministériel sur le même sujet, Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, a énoncé son objectif dans un entretien accordé au Parisien : “que tout le monde puisse voter, au plus tard, aux prochaines élections municipales de 2020.” Elle souhaite également supprimer l’impossibilité de se marier, de se pacser ou de divorcer.
Selon la secrétaire d’État, “cette mesure est prise sous prétexte de protéger [ces personnes]” alors qu’en réalité, “on leur enlève donc ce droit, pourtant, inaliénable et inconditionnel”. “C’est une forme de discrimination, une façon de leur dire ‘vous êtes des citoyens à part'”, argue Sophie Cluzel, avant d’ajouter :
“On va arrêter de dire aux personnes handicapées ce qu’elles doivent faire. Ce n’est plus possible !”
Pour ce faire, le gouvernement souhaite “abroger une partie de l’article 5 du code électoral“, qui stipule que “lorsqu’il ouvre ou renouvelle une mesure de tutelle, le juge statue sur le maintien ou la suppression du droit de vote de la personne protégée”. À ceux qui “craignent que les personnes handicapées ne soient manipulées ou manipulées pour voter”, la secrétaire d’État rétorque au quotidien :
“Je leur réponds que tout le monde est influençable, c’est la conception même de notre démocratie. C’est aussi le même argument que l’on a tenu pour éloigner les femmes du droit de vote jusqu’en 1946 !”