Au Danemark, les célibataires ont le droit de se rencontrer pour avoir des relations sexuelles, même en période de pandémie de Covid-19. L’Agence danoise de santé publique a précisé il y a quelques jours : “Le sexe, c’est bon pour la santé. L’Agence de santé publique est pour le sexe. Nous sommes des êtres sexuels, et naturellement les célibataires doivent aussi avoir des relations sexuelles en cette période de coronavirus.” Le pays nordique n’a pas imposé de confinement stricto sensu à ses ressortissants, mais préconise une distance de deux mètres entre chaque personne.
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En France, pas de case “déplacement pour pécho” sur les attestations à remplir. Et quelle sera la situation post-confinement ? En effet, le déconfinement impliquera nécessairement le maintien du respect des gestes barrières et de la distanciation sociale mais, si on va bien évidemment continuer de se laver les mains et de tousser dans nos coudes, il serait assez étonnant que l’on maintienne le mètre de distance en toutes circonstances, tout particulièrement lors de rencontres amoureuses et/ou charnelles…
Alors, allons-nous vraiment pouvoir retrouver nos amantes et amants ? En rencontrer de nouveaux ? Devrons-nous respecter certaines mesures de précaution lors de nos rapports sexuels ?
Nous avons posé ces questions à une sexothérapeute puis à vous, les premier·ère·s concerné·e·s !
Selon l’experte Marie-Noëlle Lanuit, la période que l’on vit est propice à une “révolution érotique”, et ce quelle que soit sa sexualité, son genre et son âge. Si la sexothérapeute souhaite aux couples confinés de s’amuser en réinventant ou en redécouvrant leur sexualité, elle ne dit pas des célibataires qu’ils sont les plus à plaindre…
“Pour les couples, ce n’est pas toujours évident de se manquer pour se désirer lorsque l’on est enfermé au même endroit… Les personnes célibataires ou confinées seules peuvent se plonger dans cette ‘révolution’ par leur auto-érotisme, explique-t-elle. Je pense que ça va être beaucoup plus facile pour les célibataires qui ont continué à garder vivante leur libido via tout ce qui peut stimuler l’imaginaire érotique (littérature érotique, sites audio avec du porno bien choisi).”
Marie-Noëlle Lanuit précise que les “périodes d’asexualité” sont tout à fait normales, surtout dans des contextes anxiogènes, et que si des personnes ont “mis un couvercle sur leur sexualité” pendant le confinement, il faut l’accepter sans s’en inquiéter, “ça reviendra”. Ces personnes seront peut-être moins enclines à entrer dans des rapports de séduction dès le début du déconfinement, mais ce dernier, qui sera progressif, pourra être l’occasion de trouver le temps, les envies ou les idées de retourner à leur libido qu’elles pourront explorer.
Mais à quoi vont bien pouvoir ressembler nos rencontres post-confinement ?
“Je pense que les rencontres virtuelles faites sur les applis pendant le confinement vont se concrétiser.” Selon la spécialiste, on est loin de retrouver des rapports sexuels “normaux”, comme ceux que l’on connaissait avant la pandémie de Covid-19. Surtout en ce qui concerne la multiplicité des partenaires et même si, comme on l’a vu avec le sida, il y a toujours des gens inconscients qui ne se protègent pas et ne protègent pas les autres !
La confiance en l’autre, le consentement et la communication vont être très importants. Si des gens décident de se rencontrer suite à des contacts virtuels établis, ils devront nécessairement discuter de cela. “Ce qui va être joli, avec la révolution érotique, comme on le fait pour le sida depuis très longtemps et pour les IST et les MST, c’est qu’on va se dire les choses avec le plus d’honnêteté possible”, précise la sexothérapeute, selon laquelle il faudrait “être parfaitement juste avec soi-même et arriver à se comporter avec l’autre comme on aimerait qu’il se comporte avec nous”.
L’honnêteté avec ses partenaires sexuel·le·s sur sa propre exposition au coronavirus (précautions ou risques pris) va être primordiale pour que chacun puisse librement évaluer la notion de “bénéfices/risques”. Il va s’agir de choix très personnels et la notion de consentement va être fondamentale. Une communication fluide et sincère entre partenaires sera capitale, comme elle l’était déjà pour une sexualité joyeuse et heureuse, mais également pour limiter, du mieux que possible, la mise en danger de nos partenaires (et de leur entourage) face aux risques de contamination au Covid-19.
Pour limiter les rencontres, la sexothérapeute explique qu’il est aussi possible, si on le souhaite, de commencer ou de continuer le sexe virtuel même après la fin du confinement. Au téléphone ou par webcam interposée, “ça peut être terriblement excitant, toute la communication peut permettre de préparer l’après, ça permet aussi de développer l’imaginaire érotique et on ira se toucher quand on se sentira en confiance”, poursuit Marie-Noëlle Lanuit, rappelant qu’il faut tout de même faire attention aux captures d’écran.
Et selon vous, est-ce qu’on va oser s’embrasser comme “avant” ? Quelles précautions va-t-on prendre ? Qu’est-ce que ça va changer dans nos rapports ?
Voici un aperçu de vos réponses :
Manon, 44 ans – “Je pense que, comme toujours, le désir guide et que le bain à deux dans du gel hydro alcoolique ce n’est pas une solution. Mais ça va peut-être rendre la séduction plus complète, avec plus d’esprit d’initiative et d’ingéniosité. De nouvelles couleurs d’apparat et de nouveaux chants nuptiaux. En tout cas ça n’empêchera pas les couples de se former : la guerre, le puritanisme, la peur et les pandémies précédentes n’ont jamais empêché les câlins et autres plaisirs charnels entre humains.”
Christophe, 62 ans – “La vie d’abord… l’amour ensuite ! Le Covid-19 est 500 fois plus dangereux que le sida. En France, le VIH, c’est 500 morts par an, et le Covid-19, c’est 500 morts par jour ! Pas question de prendre le moindre risque tant qu’un test fiable ne sera pas disponible !”
Étienne, 28 ans – “C’est difficile d’imaginer des dates à base de distanciation sociale… Il va falloir réserver aussi ces moments avec des entorses aux ‘règles’ pour certaines personnes, et pas avec d’autres, sinon c’est le bordel et ça ne sert plus à rien. Mais ça veut dire que ça te pousse à faire un choix entre les personnes pour qui tu réserves cette intimité et cette douceur. Après, moi, je me crois invincible comme beaucoup de gens de mon âge, mais je sais que ça en inquiète plus d’un, dont des filles avec qui je peux en parler. Ce n’est peut-être pas moi que je vais protéger le plus, mais je vais au moins essayer de ne pas blesser les autres. Je ne vais pas garder un masque pendant l’acte, mais je sais qu’inconsciemment, on sera plus méfiant.”
Ella, 17 ans – “Perso, je ne compte pas me priver de mon copain après ces longs deux mois séparés, ni des câlins et embrassades avec mes amis qui sont d’accord. Mais il faudra respecter le choix de chacun face à ce déconfinement !”
Alice, 26 ans – “Pour ce qui est des relations amoureuses, après être restés à distance de tout pendant deux mois, il y aura un grand vide à combler alors yolo ! En revanche, sachant que les lieux publics propices aux rencontres (bars, boîtes, etc.) resteront fermés pendant un moment, ça limitera sûrement les occasions de rencontres…”
Kenny, 28 ans – “On a tous envie que le déconfinement soit un moment de liesse sexuelle, mais je crains que nous ne soyons un peu déçus ! Alors soit on va se tourner vers nos plans d’avant en sortie de confinement pour libérer cette tension contenue, soit ça va être le meilleur moment de trouver une relation stable et saine. En parlant de tensions, il faut aussi voir comment les gens se regardent en chien de faïence dans la rue : je ne suis pas sûr que les interactions avec les personnes en dehors de notre cercle social connu soit aussi faciles qu’avant. La méfiance règne pour l’instant, et j’ai peur que les contacts se fassent moins facilement.”
Achille, 30 ans – “Je pense revoir des ex que je connais, en qui j’ai confiance. On se demandera si on a des symptômes, faute de pouvoir mieux faire !”
Karen, 34 ans – “Peut-être qu’on pourra détourner l’utilisation de l’application StopCovid pour organiser des dates safe ? Plus sérieusement, l’amour, la séduction, le sexe, ce sont des choses importantes de la vie, donc je pense qu’on va trouver des solutions ! On va cultiver des relations à distance et peut-être mettre la relation sexuelle en second plan. On va sûrement essayer de se connaître par les réseaux sociaux et évaluer si le risque d’une vraie rencontre vaut le coup. On va faire un tri des gens qui nous intéressent vraiment, comme un retour au passé où la relation sexuelle n’était pas si rapide et systématique. Et je pense que le regard sera encore plus important : si on porte des masques, le flirt passera par le regard !”
Romy, 28 ans – “Les bars si prisés comme lieux de premier rendez-vous sont désormais à proscrire. C’est peut-être l’occasion d’innover et de changer ses plans ! Le port du masque et autres recommandations seront de toute évidence importantes à suivre, mais les règles ne sont-elles pas faites pour être parfois contournées ? Nous le savons, le risque zéro n’existe pas, alors le temps d’une soirée, profitons de ce petit moment suspendu, on l’aura bien mérité après tout ! J’espère qu’une nouvelle forme d’approche et de débuts d’histoires plus sincères se formera. En ces temps de confinement, le ‘plan cul’ n’étant plus aussi facile à ‘obtenir’, peut être est-ce le moment de changer nos habitudes et la vision parfois trop éphémère que nous nous faisons de l’amour 2.0 !”
Olivia, 49 ans – “Je me demande si, pour les soirées libertines, on va devoir montrer un test… Sinon, je suis sur une application et je trouve les gens très au taquet sur l’après. Moi, je vais être prudente dans un premier temps, voir les partenaires avec qui j’ai des relations régulières. Je drague puisque j’ai du temps… Je rencontrerai après le déconfinement !”
Le déconfinement approche et, en attendant d’éventuelles recommandations des autorités sanitaires compétentes, il vous reste encore du temps pour penser et imaginer vos futures rencontres réelles ou virtuelles ou encore pour réfléchir à la place que vous souhaitez ou ne souhaitez pas accorder au “risque”, à la manière dont vous allez considérer et respecter le consentement de vos futur·e·s partenaires !