Malgré la porte entrouverte par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot à un potentiel assouplissement du couvre-feu en ce qui concerne le secteur de la culture, le Premier ministre Jean Castex l’a refusé en bloc cet après-midi, martelant simplement : “Tout le monde doit être chez soi à 21 heures.”
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Après les annonces formulées par le chef de l’État, théâtres, opéras, cinémas et autres acteurs du secteur culturel français avaient fait savoir leurs vives craintes concernant l’impact économique que cela aura pour leurs établissements.
À l’instar de la Fédération nationale des cinémas français : dans un communiqué publié jeudi, celle-ci s’était inquiétée des conséquences du couvre-feu et demandé aux pouvoirs publics “de permettre aux spectateurs de rentrer chez eux après la séance au-delà de 21 heures, les salles pouvant ainsi assurer une exposition suffisante des films”, arguant :
“Les salles de cinéma ont montré qu’elles appliquaient leur guide sanitaire, l’un des plus stricts, pour garantir des conditions sanitaires optimales pour leurs spectateurs afin de les accueillir pour la plus belle des expériences cinématographiques.”
“Je crois qu’il nous faut des règles très claires et très simples”
Vendredi matin, Roselyne Bachelot s’est définie dans un entretien avec Le Parisien comme la “médiatrice entre le monde de la culture et le gouvernement pour que des assouplissements, s’ils sont possibles […], puissent être mis en œuvre de la meilleure façon”.
Elle avait jugé “plaidable” que 21 heures ne soit pas “l’heure à laquelle on doit être chez soi mais, pour ceux qui ont un ticket pour une pièce ou un film, l’heure du départ de la salle”. Ajoutant ensuite :
“Les gens mettent 30 minutes ou même une heure pour rentrer, le temps qu’il faut, c’est leur billet qui servirait de justificatif. Le gouvernement va examiner cette demande, sous réserve bien sûr de l’évolution de la situation sanitaire.”
Une demande qui n’a visiblement pas été entendue. En effet, interrogé lors d’un déplacement à Lille ce vendredi, Jean Castex a répondu : “Je crois qu’il nous faut des règles très claires et très simples et ces règles doivent être les mêmes pour tous.”
“Tout le monde doit être chez soi à 21 heures, sauf les exceptions très précises que j’ai énumérées hier”, a-t-il encore dit. Pour rappel, il est possible de sortir après 21 heures dans les situations exceptionnelles suivantes :
- raisons médicales comme se rendre chez le médecin, à la pharmacie de garde ou à l’hôpital
- raison professionnelle ou universitaire
- déplacements en avion ou train (le billet faisant foi)
- en cas de motif impérieux tel que l’assistance à un proche vulnérable ou dépendant
- en cas de convocation judiciaire ou administrative
- sortir brièvement son animal de compagnie dans un rayon d’un kilomètre.
“On ne va pas s’en sortir !”
Et le Premier ministre de poursuivre : “Je suis sûr que tout le monde va s’adapter, y compris le monde de la culture dont je connais les difficultés, mais pour que des règles soient comprises, pour que des règles soient acceptées, il faut qu’elles soient les mêmes pour tous.” “Nous déploierons tous les moyens pour amortir le choc que cela va représenter pour [ce secteur]”, a-t-il enfin promis.
Du côté du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire, même son de cloche : invité sur RMC ce matin, il a annoncé son désaccord avec la mise en place d’exceptions pour le secteur culturel, expliquant : “Je pense que ce qui fait la force d’une règle, c’est sa clarté et sa simplicité.”
“Si vous commencez à multiplier les exemptions, à dire ‘mais attendez, pour tel secteur d’activité ça ne sera pas 21 heures, ce sera 22 heures’. Pour les autres, ça sera 22 h 30… Pour les autres, ce sera 23 heures. On ne va pas s’en sortir !”, a-t-il en outre lancé, poursuivant : “Il faut en politique avoir une seule priorité.”
La maire de Paris persiste
Et Bruno Le Maire de conclure :
“Je suis contre toute exemption sauf […] pour les personnels de santé, les urgences, si vous devez aller voir quelqu’un malade. Il y a toujours des exceptions possibles qui sont justifiées par des circonstances exceptionnelles.
Mais de manière générale, une règle doit être simple, lisible pour tous les Français pour qu’elle soit efficace.”
Malgré cela, la maire de la capitale Anne Hidalgo a rencontré Roselyne Bachelot cet après-midi et a annoncé avoir “à nouveau demandé, en dépit du refus actuel du gouvernement, des mesures d’adaptation au couvre-feu en faveur du spectacle vivant et du cinéma”, c’est-à-dire “que le billet fasse foi et serve de justificatif pour rentrer chez soi un peu après 21 heures”.
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