Au vent révolutionnaire de Mai 68, Dany le Rouge oppose la “tentation autoritaire” et même “totalitaire” de décembre 2018.
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Invité sur France Inter le 4 décembre par Léa Salamé et Nicolas Demorand, Daniel Cohn-Bendit, figure de Mai 68, a insisté sur les différences entre les deux mouvements de révolte. “En 68, on se battait contre un général au pouvoir. Les gilets jaunes aujourd’hui demandent un général au pouvoir“, a affirmé l’ex-eurodéputé, en référence à Christophe Chalençon, “gilet jaune” qui a réclamé la nomination de Pierre de Villiers à la tête du gouvernement sur BFM TV le 3 décembre.
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“Ils disent tous qu’il faut une main forte dans la société”, a encore développé Daniel Cohn-Bendit, en insistant sur un “langage commun” au sein des manifestants, malgré les rappels de Léa Salamé sur l’hétérogénéité du mouvement.
La difficile négociation
Autre différence relevée par l’ancien eurodéputé : la difficulté du porte-parolat au sein des “gilets jaunes”. “Jamais en 68 quelqu’un aurait menacé de mort quelqu’un qui voulait discuter”, affirme Daniel Cohn-Bendit. Plusieurs représentants des “gilets jaunes” invités à Matignon se sont en effet plaints des menaces de mort qu’ils auraient reçues, à l’instar de Jacline Mouraud.
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“Le type de société qui peut émerger de ces tendances, ça me fait peur, continue le militant écologiste sur France Inter. On n’est pas dans une période révolutionnaire, arrêtez. Mais on est dans une période de tentation autoritaire, […] une tentation autoritaire totalitaire.”
Plus tard, au cours de l’entretien, il assène : “Je n’accepterais jamais un mouvement qui me dit ‘tu passes, si tu mets ton gilet’.”
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Macron, pas à la hauteur de son programme ?
D’après Daniel Cohn-Bendit, cette “crise politique” qui frappe l’Hexagone depuis plusieurs semaines tiendrait du fait que le gouvernement et le président de la République “n’ont pas réussi à être à la hauteur de la campagne présidentielle” en matière de résolution des injustices sociales.
Celui qui fut un soutien d’Emmanuel Macron pendant sa campagne reproche un manque “d’expérience politique” à un chef de l’État élu “parce que les autres étaient d’une faiblesse incroyable“. “Il est passé par un trou de souris, et maintenant il découvre l’ampleur de la politique et ce n’est pas une honte“, continue Daniel Cohn-Bendit.
Au-delà du moratoire sur la hausse du prix du carburant proposé par Édouard Philippe qu’il trouve insuffisant, l’ex-député Les Verts suggère d’autres mesures, comme l’idée d’une “prime exceptionnelle à tous ceux qui sont en dessous du SMIC”.
Celui qui fut pressenti pour remplacer Nicolas Hulot au ministère de l’Écologie propose aussi de “faire payer à ceux qui ont les épaules larges”, c’est-à-dire notamment lui-même et ses deux interlocuteurs, car “sans ça on n’y arrivera pas”.