Dzvinka a 18 ans et vit à Lviv. C’est sur TikTok qu’elle a choisi de raconter son quotidien pendant la guerre. Aux questions “Quel est ton cocktail préféré ? La piña colada ?”, cette jeune Ukrainienne répond non sans humour : “[Le cocktail] Molotov, bébé.”
Même si elle a eu des périodes difficiles et des coups durs, cette étudiante en sociologie préfère redonner le sourire aux Ukrainiens de cette façon. “L’humour aide beaucoup, parce que même si vous rigolez cinq minutes, vous vous sentez mieux après”, explique-t-elle.
@dzvnks If I’ll ever gonna bartend can I put on my resume that I know how to make a Molotov cocktail? #ukraine #russianukrainianwar ♬ som original - CALL ME PAULO
Derrière l’humour se cache un autre enjeu pour l’étudiante : “La guerre au XXIe siècle ne se fait pas seulement sur le terrain, c’est aussi partager la vérité, répandre la bonne information, la véritable information. Je sais que le reste du monde est de notre côté mais certains n’y croient pas et d’autres ne voient pas ce qu’il se passe en Ukraine.”
Son compte TikTok est donc une sorte de journal de bord, voire de journal intime. “C’est important pour moi de poster tous les jours et de montrer à quel point la guerre m’a touchée et ce qu’il se passe en Ukraine et ce que je pense de tout ça.” Le réseau social lui sert d’exutoire.
@dzvnks I have no doubt in Ukrainian armed forces
♬ original sound - Ring Tail
L’humour comme mécanisme de défense
“Mon humour est plus un mécanisme de défense pour me protéger de ce qu’il se passe autour de moi. C’est certainement la réaction la plus saine face à cette situation. Tout le monde est à bout aujourd’hui, on est tous fatigués, déprimés, et l’humour aide à garder le moral.”
C’est par la dérision que Dzvinka a tenu le coup jusqu’à présent, et en répondant aux questions des gens sur le réseau social. Elle l’assure, impossible que son message soit mal interprété :
“Je ne me moque pas de la guerre, ni des gens qui meurent, ou je ne sais quoi. Je ne ris que des choses qui m’arrivent à moi, personnellement. Je n’ai jamais dit que c’était drôle que des gens meurent, ni que c’était drôle qu’il y ait la guerre. Tout ce que je dis, c’est que la vie des gens compte plus que tout. Je ne pense pas que ce soit possible que mes propos soient mal interprétés, déplacés ou je ne sais quoi. Les blagues que je fais sont à propos de moi et ce que je ressens à propos de tout ça, et à propos de mes traumatismes et expériences que cette guerre a engendrés.”
Certains citoyens ukrainiens remercient même la jeune femme pour ses vidéos : “J’ai eu quelques commentaires d’Ukrainiens qui disaient : ‘Merci pour cette vidéo TikTok, ça m’a remonté le moral, ça m’a aidé à penser à autre chose.'” En ce moment, ces remerciements sont précieux pour Dzvinka.
Retrouvez l’interview complète de Dzvinka en vidéo :