“Dans ce flot permanent d’informations, où on voit le monde reculer et céder à l’autoritarisme, cette information franchit encore une étape supplémentaire”, s’est ému George Clooney dans une longue tribune publiée sur le site d’information américain Deadline.
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La cause de la colère de l’acteur est une loi qui s’apprête à entrer en vigueur dans le sultanat de Brunei en Asie du Sud-Est. Les relations homosexuelles et l’adultère seront passibles de la peine de mort. La nouvelle législation prévoit également l’amputation d’une main ou d’un pied pour vol – une série de mesures mises en place au nom de la charia.
Aussi l’acteur américain appelle-t-il à boycotter tous les hôtels détenus par la pétromonarchie à travers le monde. Il y en a neuf en tout, dont deux à Paris : le Meurice et le Plaza Athénée.
“À chaque fois qu’on séjourne, ou qu’on organise des réunions, des dîners dans un de ces neuf hôtels, on met de l’argent directement dans les poches d’hommes qui choisissent de lapider et de fouetter à mort leurs propres citoyens parce qu’ils sont homosexuels ou accusés d’adultère”, ajoute-t-il.
Ce dernier reconnaît d’ailleurs bien volontiers avoir été client de ces hôtels prestigieux. Ce n’est pas la première fois que des célébrités se mobilisent contre la législation du minuscule et richissime État. Pas plus grand qu’un département français et situé dans une enclave de l’île de Bornéo, le sultanat de Brunei possède des réserves impressionnantes d’hydrocarbures et de gaz qui lui assurent un certain train de vie.
Dans le royaume de Brunei, les hôpitaux et écoles sont gratuites et on ne paie pas d’impôts. En revanche les cigarettes sont interdites, tout comme l’alcool. Et le fait d’avoir des enfants hors mariage ou de fêter Noël peut conduire en prison.
En 2014, le sultan Hassanal Bolkiah a décidé d’instaurer la charia. Elle s’applique donc aux musulmans de cet État – soit les deux tiers des 400 000 habitants du royaume. Hassanal Bolkiah est l’un des dirigeants les plus riches du monde. Le milliardaire de 72 ans a fêté il y a 2 ans ses 50 ans de règne depuis son palais de 1788 pièces, le plus grand du monde.
(© MR.ANUJAK JAIMOOK / Getty)
Il y a cinq ans déjà, de nombreuses célébrités parmi lesquelles Ellen de Generes, Anna Wintour ou encore Richard Branson avaient appelé au boycott des hôtels détenus par le sultanat de Brunei.
Le boycott s’est déjà révélé efficace
C’est cette initiative qui avait permis de retarder l’entrée en vigueur de la loi visant à criminaliser un peu plus l’homosexualité et les relations adultères. L’homosexualité y était en effet déjà illégale.
À partir du 3 avril, “toute personne reconnue coupable d’avoir eu des rapports homosexuels ou adultérins encourra la peine de mort par lapidation” précise un document du bureau du procureur général daté du 29 décembre 2018. Les faits devront être constatés par un groupe de musulmans.
Toutefois un porte-parole du ministère des Affaires religieuses a précisé mercredi 27 mars à l’AFP que le sultan Hassanal Bolkiah ferait une annonce ce jour-là. “Ce n’est qu’après que nous connaîtrons la date d’entrée en vigueur de ces nouvelles dispositions […] pour le moment nous sommes prêts à mettre en application l’amputation d’une main pour vol. C’est tout”.
“Le fait de rendre légales ces peines cruelles et inhumaines est en soi consternant. Certains des actes incriminés, à l’image des relations sexuelles consenties entre adultes du même genre, ne devraient même pas être considérés comme des infractions,” a réagi Rachel Chhoa-Howard, spécialiste de l’Asie du Sud-Est à Amnesty International, dans un communiqué.
En France aussi la nouvelle a choqué.
https://twitter.com/ADFH_asso/status/1111540761059831808
Plusieurs pétitions ont été mises en ligne pour enjoindre les États à faire pression sur le sultanat de Brunei, en attendant mercredi prochain et la décision finale du sultan.