En 2011, Delphine rencontre “l’homme de sa vie”. Ils essaient de faire un enfant, en vain : “Lors des rapports sexuels, on sent une boule, une grosseur, et moi, des douleurs.” Elle décide alors de consulter.
“J’ai entendu des choses comme : ‘Vous êtes peut-être plus douillette que la moyenne'”
Au total, elle voit une douzaine de gynécologues, “plus d’un par mois”. Pas écoutée par les médecins, elle entend ce genre de “bêtises” : “Votre mari est basketteur professionnel, il est grand, son sexe est peut-être proportionnel à sa taille, il faut peut-être qu’il y aille plus doucement.”
Après des mois d’errance médicale, on finit par lui prescrire une échographie. “On distingue… ‘Oh bah là, je vois une dent, oh bah ça c’est sûr, c’est une dent.’ Donc je me dis : ‘Qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai avalé une dent ?'” Le résultat : “C’était l’équivalent de mon jumeau, qui, au lieu de se diviser dans le ventre de ma mère, a fusionné sur une gamète en moi, donc sur un ovaire.”
Le calvaire de l’endométriose
C’est lors de l’opération pour retirer ce “tératome” que Delphine apprend qu’elle est atteinte d’endométriose. Plus tard, on lui dit qu’elle est également “atteinte de sa petite sœur, l’adénomyose”. Malgré les douleurs, les règles hémorragiques, la vie sexuelle impossible, on refuse plusieurs fois de lui retirer l’utérus.
“C’est hyper patriarcal. En face de moi, j’ai un homme, il pense qu’il sait mieux que moi ce que je veux dans ma vie privée. Stop ! C’est moi qui sais. Viens vivre à côté de moi ne serait-ce que deux jours, tu vas voir pourquoi je ne vais pas changer d’avis.”
L’hystérectomie et “le deuil”
Après avoir insisté, Delphine finit par réussir à obtenir une hystérectomie. On lui retire alors l’utérus : “Je sais que, même si ça ne guérira pas l’endométriose […], au niveau de l’adénomyose, je n’aurai plus les hémorragies.” Elle continue :
“Au niveau de la féminité, tu en prends un coup. C’était aussi un deuil à faire, parce que même si on te dit : ‘Tu n’arriveras plus à tomber enceinte’… Malgré tout, tu te dis : ‘Sur un malentendu, ça va peut-être marcher.’ Là, tu renonces à ça définitivement, tu sais que tu as fait un enfant, tu as fini ta famille, en tout cas biologiquement. Je me disais : ‘J’aurai quelque chose de moins que les autres malgré tout.'”
Aujourd’hui, sa vessie “n’est plus reliée au cerveau” : “J’ai des petits stylos d’autosondage que je m’insère dans l’urètre pour faire couler l’urine, sinon je ne peux plus uriner mécaniquement moi-même.” “J’ai toujours des douleurs, parce qu’en plus, je suis en récidive [de l’endométriose, ndlr]. En revanche, le fait de m’avoir enlevé l’utérus, ça m’a vraiment soulagée pour les rapports sexuels”, nous a expliqué Delphine.