Il y a pas mal de choses qu’on a du mal à capter dans le monde du foot : les stades climatisés, la règle du hors-jeu, Messi au PSG, mais aussi et surtout… les fessées. Des bonnes petites claques qui sont presque devenues une tradition dans le domaine sportif, au foot comme ailleurs, le rugby ou le basket n’étant pas en reste. Mais alors, qu’est-ce qui pousse les joueurs à s’acharner sur le popotin de leurs coéquipiers et qu’est-ce que ça leur apporte vraiment ?
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L’explication par la science
En retournant le Net, on est tombés sur une théorie pas si bête que ça : et si la fessée reboostait réellement les joueurs, à la manière des coups de fouet sur la croupe d’un cheval en équitation ? Le problème, c’est que même si l’imaginaire collectif pense que ces cruels coups de fouet augmentent la rapidité des étalons, plusieurs études infirment cette théorie. Du coup, il n’y a pas vraiment de certitude qu’une fessée suffira pour réaliser une remontada, ou pour permettre à Paris d’enfin remporter la Ligue des champions.
L’explication par la sociologie
Du côté socio, on peut trouver une explication en observant QUI donne la fessée. Si certaines fessées sont données à la volée entre joueurs lors d’un changement, par exemple, certaines fessées sont, elles, plus symboliques. Ainsi, les coachs sont souvent les donneurs de fessées.
Le geste peut sembler désuet, mais il permettrait d’instaurer et d’ancrer une certaine forme de hiérarchie. Vous verrez un entraîneur claquer les fesses d’un joueur, pas l’inverse. Vous verrez un capitaine claquer les fesses d’une nouvelle recrue, pas l’inverse. Ainsi, on observant qui fesse qui, un schéma plutôt fiable du système hiérarchique d’une équipe de foot se dessine.
L’explication par la (sacro-sainte) masculinité
Dans une étude consacrée à la construction masculine à travers le sport, le Québécois Simon Louis Lajeunesse livre une analyse plutôt intéressante liant la fessée à l’affirmation de virilité. Dans les vestiaires ou sur le terrain, s’opèrent en effet des “formes de rituels sexualisés” comme la fessée, mais également la comparaison de la taille du phallus ou encore la fameuse “olive”. Ces gestes, dans d’autres contextes, sont le plus souvent apparentés “à une forme d’homosexualité”, ce qui reste l’antithèse de la représentation de la masculinité dans l’imaginaire collectif masculiniste.
Sauf que, magie ! Ces pratiques sont dénuées de toute connotation homosexuelle si elles sont effectuées par des hommes conformes à la “masculinité hégémonique”, c’est-à-dire la forme “modèle” que devrait adopter un homme, un vrai : le cliché de l’homme grand, imposant, sûr de lui, etc.
À l’inverse, ces mêmes comportements ne seront pas acceptables s’ils sont exécutés par un homme qui s’éloigne de ce modèle (les nouvelles recrues, les introvertis, les hommes de corpulence moins imposante, etc.). La fessée permettrait donc d’affirmer et d’imposer sa virilité sur le terrain et dans les vestiaires, une vertu non négligeable quand on sait à quel point le canon modèle du football est chargé de testostérone.
Que ce soit la science, la socio ou la mascu : les raisons qui poussent les footeux à se claquer le pet’ restent un véritable mystère, et on vous souhaite d’intellectualiser chaque fessée que vous verrez à partir d’aujourd’hui.