Mercredi soir, Saint Pancras. Au bout du quai de l’Eurostar, sous le néon rose “I want my time with you” de Tracey Emin qu’on a tous déjà pris en photo en arrivant à Londres, une drôle de scène se trame. Petites assiettes, coupes de champ’, discours et trois têtes connues de la gastronomie cool du moment ; on célèbre l’ouverture d’un nouveau chapitre pour l’expérience de voyage Eurostar. Cette expérience, baptisée Eurostar Premier, lancée à partir du 4 novembre prochain, redonne ses lettres de noblesse – sans pour autant perdre son cool – à la classe la plus cossue du voyage en train européen.
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Pour cet élan de nouveauté, Eurostar aurait pu toquer aux portes des pontes du genre – on aurait sans peine imaginé un Thierry Marx ou même un Gordon Ramsay signer la carte des nouveaux menus servis à bord des trains. Mais non, pour s’offrir un nouveau public prêt à casser sa tirelire pour une belle expérience et pour surprendre une clientèle un peu trop habituée à la tradition, Eurostar a fait appel aux cool kids du moment, à commencer, côté boissons, par Honey Spencer, sommelière de Sune, une des tables les plus cool de East London. Son meilleur coup, nous faire oublier le champagne des grandes maisons traditionnelles en mettant la lumière sur la nouvelle génération du cru avec le champagne Fleury.
© Konbini
Pour le salé, de l’amuse-bouche au fromage, c’est une autre forme de pari ; en allant chercher Jeremy Chan, le chef sino-canadien installé à Londres depuis dix ans et doublement étoilé avec son restaurant Ikoyi, on est loin, très loin, du poulet-gratin dauphinois servi actuellement dans les trains. Bien sûr, si techniquement sa cuisine ultra-travaillée doit faire des concessions pour se retrouver servie quotidiennement à des centaines de voyageurs, ses accords et ses épices restent ultra-audacieux et franchement, c’est du jamais-vu pour ce genre de service. La preuve avec les plats qu’on a déjà pu goûter, comme un chou-rave snacké – lait de pignons de pin ou un brocoli rôti au yaourt, deux assiettes sacrément spicy avec des notes de piment et de fermentation assez démentes. Le point d’orgue en une bouchée ? Un petit morceau de stilton nappé de miel brulé, petite bombe pas très photogénique mais délicieuse qu’on a déjà envie de reproduire sur nos tables de fêtes à venir.
Et pour la France : Jessica Préalpato
Si Jeremy Chan et Honey Spencer jouissent d’une petite fame outre-Atlantique, à part les érudits et les passionnés, le commun des mortels ne tiltera pas à l’évocation de leur nom. Pour le dessert, c’est Jessica Préalpato qui relève le défi. Elle, qui l’admet sans problème, est une partisane du dressage minute, a donc dû travailler pour réussir, en saveurs et en textures, à infuser son identité et son excellence dans les desserts servis à bord, qui sont évidemment préparés à l’avance et réfrigérés. Financier au miel et au chanvre ou entremets yaourt, verveine citronnée, granola, les deux desserts qu’on a déjà pu goûter répondent déjà parfaitement à l’audace du reste du menu, et c’est une belle réussite.
Cette nouvelle expérience culinaire servie à partir du 4 novembre dans les wagons Eurostar Premier veut faire oublier la parenthèse d’une demi-heure entre une pluie de mails qu’est le repas servi en “business” aujourd’hui. Comme si s’offrir un voyage premium sous la Manche n’était plus l’apanage des seconds rôles croisés dans la dernière saison d’Industry en transit entre la Défense et la City. Bien sûr, le billet a un prix, mais si on le compare au coefficient que peut être le prix d’une première classe en avion, on peut le voir comme partie intégrante d’un voyage, en partant ou en arrivant, pour étendre encore les heures de bon temps d’un week-end à Londres.
Eurostar Premier Dining, à partir du 4 novembre pour les clients Eurostar Premier.
Article rédigé dans le cadre d’une invitation par Eurostar et l’agence Matriochka.