Une Belge sexy, un déjeuner fashion et une Chinoise qui réveille l’ancêtre du BBL : voici huit créateurs qu’on a repérés pendant la Fashion Week et qu’il faut absolument connaître

Une Belge sexy, un déjeuner fashion et une Chinoise qui réveille l’ancêtre du BBL : voici huit créateurs qu’on a repérés pendant la Fashion Week et qu’il faut absolument connaître

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Par Cheynnes Tlili

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Mais aussi le nerd le plus chic, un duo danois bourré d’humour et un trip indien sans bouger de Paris (mais tout en gardant la pluie).

Dans ma Isabella Blow era, j’ai arpenté tout Paris pendant la semaine de la mode à la recherche des talents les plus aiguisés de la saison. Et si, pour le commun des mortels, la Fashion Week est juste synonyme de looks improbables, de bouchons insupportables, de stars et d’un excès de fric, c’est surtout l’occasion de dénicher les grands noms de demain. En voici quelques-uns.

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Des joysticks, de grosses télés et des dumbphones chez Alphonse Maitrepierre

On commence cette sélection avec le super geek qui a percé dans la mode. Deux mondes (la tech et les fringues) qu’Alphonse Maitrepierre réunit depuis ses débuts en 2018 après avoir fait ses classes chez Jean Paul Gaultier, Chanel et Acne. Show après show, le passionné de jeux vidéo séduit de plus en plus les amoureux de la sape. Au point où, lors de son dernier défilé le 24 septembre dernier, l’immense salle du palais de la Femme était pleine à craquer.

Pour rien au monde le petit peuple de la fashion aurait raté l’occasion de découvrir la collection baptisée “Let’s Play” qui donnait juste envie de profiter du temps pluvieux pour dépoussiérer nos vieilles consoles et geeker toute la journée. En plus de dévoiler une collab de chaussures à la fois rétro et amusante avec Carel, le nerd le plus chic du moment a remis au goût du jour les vieilles télévisions à tube cathodique transformées en T-shirt, les joysticks de notre PlayStation changés en manchettes, et les téléphones à clapet remplacent avec style nos it bags. Une chose est certaine avec Maitrepierre, c’est que la partie est loin d’être terminée.

Un déj avec Marie Adam-Leenaerdt

C’est l’histoire d’une jeune Belge qui a décliné un contrat chez Balenciaga à l’issue de son stage pour miser sur elle-même et lancer sa marque. Un pari qui, pour l’instant, tend vers la réussite, puisqu’elle est parvenue à mettre toute la mode à la très chic table de la brasserie Terminus Nord pour son quatrième défilé parisien. Il était midi quand toute la clique Fashion Week s’est pointée en face de la gare du Nord pour s’installer et déguster des œufs mayo et du pâté en croûte tout en admirant la collection printemps-été 2025 de la créatrice bruxelloise.

Est-ce qu’on s’attendait à ça ? Non. Est-ce qu’on a été surpris ? Oui. Pas seulement par la qualité du service, mais aussi par la collection qui était tout aussi savoureuse que ce qui se trouvait dans nos assiettes. On a donc vu défiler la working girl qu’on pense être, qui n’a que quelques minutes pour avaler une bricole avant de monter dans l’Eurostar et d’enchaîner les rendez-vous d’affaires sur un autre fuseau horaire. Le tailleur est donc de mise et les tailles sont cintrées, les épaules sont larges et les sacs sont bigs. Très clairement, le vestiaire de Marie Adam-Leenaerdt est la source de motivation suffisante pour se lever et aller bosser.

De la couleur et des fleurs chez zomer

C’était la dose estivale dont on avait besoin durant cette semaine toute grise. Et si c’est valable pour la météo, ça l’est aussi pour la mode, car quoi de plus excitant que de voir une toute nouvelle marque débarquer dans nos vies avec panache, de jolies couleurs et même un bouquet de fleurs ? Trois saisons déjà que la maison danoise formée par le duo de créateurs Danial Aitouganov et Imruh Asha défile à Paris et chaque rendez-vous est un pur moment de joie. Le dernier en date a tapissé de sourires tout le beau monde entassé dans le salon Saut du Loup du palais de Tokyo, un événement que même Loïc Prigent n’a pas voulu rater.

Alors, à défaut de plaire à Miranda Priestly, il y aura des fleurs au printemps et pour tous les goûts : des grosses, des petites, des sortes d’origamis, en petite touche ou de partout, et même des tableaux fleuris en guise de top. L’idée, c’est de se saper comme la prof d’arts plastiques la plus stylée du lycée et d’accueillir à bras ouverts la saison la plus chaude de l’année. En même temps, tout est dit dans le nom : “zomer” veut dire “été” en néerlandais.

Des squats qui deviennent des sapes chez Rappaz

Avant toute chose, le “z” est muet, puisque la créatrice est suisse. Maintenant que cette petite mise au point est faite, laissez-moi vous dire que les modeux à l’affût de nouveaux talents savent qu’il faut parfois s’écarter du calendrier officiel de la Fashion Week pour se rendre dans les showrooms où se cachent des pépites toutes fraîches. Sans cela, je n’aurais jamais rencontré Adeline Rappaz et découvert sa marque lancée cette année. Et c’est après un trajet chaotique sous la pluie et sur un scooter pas très fiable que j’ai débarqué dans son univers postapocalyptique : le maître-mot de sa collection et la suite logique de ce que je venais de vivre en traversant Paris.

La jeune créatrice, qui a déjà présenté une collection lors du Festival international de mode d’Hyères en 2021, me fait faire le tour de ce petit espace du passage Thiéré tout en m’expliquant sa DA. “Le temps des rêves” : c’est ainsi qu’elle a baptisé sa ligne. L’idée, c’est de mêler l’homme, la nature et le temps, de s’inspirer des lieux abandonnés où la nature reprend ses droits, où le chardon pousse à toute allure et où le temps a laissé une empreinte plutôt cool. Pour se challenger (sinon ce serait trop simple), toutes les pièces qu’elle conçoit sont soit upcyclées, soit faites à base de vieilles nappes et d’autres matières délaissées. Ce qui veut dire que vous aurez du mal à trouver deux pièces identiques mais que vous ferez du bien à notre douce planète. Affaire à suivre.

Les plus belles ceintures sont chez Jeanne Friot

Vous avez sans doute entendu parler de Jeanne Friot, puisqu’elle faisait partie de la petite clique de jeunes designers mis en avant lors de la cérémonie d’ouverture des JO. Ce soir-là, elle a carrément eu la chance de faire défiler sa création, l’armure de la cavalière mondialement célèbre, sur le plus long catwalk du monde : la Seine. Mais avant ça, elle avait fait sensation lors d’un tout premier défilé présenté lors de la Fashion Week homme en juillet dernier, et pour les retardataires comme moi qui avaient raté ça, on a été conviés à un re-see de la collection dans son showroom.

C’est là que je suis tombée nez à nez avec la robe entièrement faite de ceintures en jean la plus punk et sexy que j’aie jamais vue. Il y avait aussi du court, du trompe-l’œil en mesh, du carreau, de l’argenté, des plumes collées sur des jeans pour un effet “waouh” quand on se balade en ville. Mais surtout des ceintures, l’inspiration première de la créatrice parisienne qui s’amuse à les décliner partout. Un conseil : gardez vos yeux grands ouverts sur Jeanne Friot.

On ressort les vêtements d’époque avec Uma Wang

C’est la créatrice chinoise qui fait du bruit à Paris. La semaine dernière, elle nous a donné rendez-vous à la cathédrale américaine de Paris, un lieu qui a l’habitude d’abriter ses défilés. Je ne sais pas si c’est l’aura solennelle propre aux lieux de culte ou bien la musique ou encore l’attitude des mannequins qui ont rendu ce moment si fort en émotions, mais mes yeux n’ont pas quitté les vêtements une seule seconde.

J’ai vu des corps sublimés par des coupes audacieuses, des volants, des énormes jupons, des tailleurs repensés et enfilés à l’envers ainsi que quelques frous-frous. Alors oui, la femme Uma Wang ne passe peut-être pas les portes tant sa tenue en impose question volume, mais sa garde-robe est à la fois délicate, architecturale et avec quelques petites touches théâtrales. Mention spéciale pour le retour des faux-culs (aussi appelé tournures), ces morceaux de tissu qui viennent augmenter le volume de notre postérieur (sans BBL) devant lesquels on a bavé en regardant La Chronique des Bridgerton ou The Gilded Age. Le temps des princesses en robe qui prennent de la place est de retour.

Un premier défilé confidentiel pour Rescha

J’ai zappé ma traditionnelle grasse matinée du dimanche pour me rendre au showroom Rescha et j’ai eu le droit au réveil le plus doux que je pouvais espérer. Dans mon radar depuis un dîner organisé en janvier dernier pour célébrer la collaboration entre la jeune marque lancée en 2022 et Puma, j’attendais avec impatience de découvrir cette première collection. Aux manettes de cette maison toute fraîche, Charlotte Chowdhury, une créatrice franco-indienne qui a déjà bossé pour Wales Bonner, Jacquemus et Lemaire et qui a réuni dans un tout petit espace du 1er arrondissement parisien tout le beau monde de la mode.

La scénographie du défilé nous transportait tout droit vers ses origines : un musicien jouait du sitar (cette guitare emblématique de l’Inde dotée d’un long manche), des fleurs de jasmin étaient dispersées par terre (et ça a embaumé toute la pièce), il y avait un canapé sur lequel quelques mannequins prenaient la pose et une sorte de fontaine indienne qui était décorée de jolies roses rouges : le voyage était réussi. On entendait les modèles arriver grâce au “clic-clac” des bijoux qui ornaient leurs chevilles, leurs pieds ou les baskets Puma que j’ai déjà très hâte de m’offrir. Tout le long, je n’ai pas arrêté de me dire : “Qu’est-ce que ça fait du bien de voir une inspiration nouvelle dans cette industrie !” Restez alors branché sur Rescha car de belles choses risquent d’arriver.

Une critique de notre société chez Theunissen

Ça se prononce “té-u-ni-ssenne”. Je préfère vous le dire car je ne le savais pas non plus avant d’assister à mon premier défilé de cette jeune marque lancée par la Belge accro à la mode Ariane Theunissen. Ici, on a encore le droit à une success-story en mode accélérée. Issue de la Chambre syndicale de la couture parisienne (qui est aujourd’hui l’IFM), Ariane est rapidement contactée par une chasseuse de talents et doit vite monter une collection. Depuis, elle défile pendant la Fashion Week et attire à son front row Clara Berry, Mara Lafontan ou encore le rappeur Yamê (oui, car il lui arrive aussi d’être sa styliste).

Il y avait une très forte dose de féminité, de sexy et de pouvoir dans cette salle du Centre culturel de la Chine. Et lorsque la créatrice est venue saluer, je me suis rendu compte que chaque mannequin que j’avais vu passer devant moi était son clone presque trait pour trait. Le même serre-tête, le même long trait d’eyeliner et la même sexyness poussée au paroxysme. La découverte de Theunissen s’est poursuivie au très chic club Pamela pour l’after-party où j’ai eu la chance de croiser la jeune designer aux toilettes (oui, parfois, dans la mode, ça se passe comme ça). Elle m’a expliqué que ce show était en réalité une critique de notre monde qui manque cruellement d’individualité, où on cherche toutes et tous (elle y compris) à ressembler aux diktats imposés par Instagram et les standards de style. C’est sans doute l’une des discussions les plus intéressantes que j’aie eues durant cette Fashion Week, et pour moi, suivre une créatrice qui s’interroge sur cette dictature du bon goût et se fiche des tendances est toujours une bonne idée. J’ai hâte de la voir renverser le système, sans même se casser un ongle.