Slow avec des inconnues, séance caresses sur des pecs et faux billets de partout : j’ai vu le show Magic Mike à Londres (et je ne suis plus la même depuis)

If you're horny, let's do it, ride it, my pony

Slow avec des inconnues, séance caresses sur des pecs et faux billets de partout : j’ai vu le show Magic Mike à Londres (et je ne suis plus la même depuis)

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Montage Konbini ©Trevor Leighton

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Par Mélissa Chevreuil

Publié le

Un moment de sororité insoupçonné avec aussi pas mal de six pack par-ci par-là, ne nous mentons pas — mais qui oserait s’en plaindre ?

Attention cet article comprendra quelques “spoilers” sur le show, plus particulièrement sur son premier tableau.

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“Mais il y a des femmes de notre âge qui vont voir ce genre de spectacle ? Je trouve que ça fait très attachiante fofolle de 46 ans.” Ce DM, envoyé par une amie, n’est pas aussi condescendant que ce vous pensez à sa première lecture. Moi aussi, dans ma petite tête, j’imaginais mal le public qu’était celui d’un spectacle de strip-tease masculin, si ce n’est composé de quinquagénaires venues s’offrir une petite parenthèse inattendue dans un quotidien plus moribond composé de trajets en monospace et de réunions. Ou alors de bande de pineco hilares et ivres en pérégrination à cause d’un enterrement de vie de jeune fille. Un préjugé un peu naze assez vite démoli par ma première expérience durant un spectacle de strip-tease, à Séoul, durant mes vacances en Corée du Sud.

Évidemment, je suis corpo, donc je vous invite à lire ce truculent papier, mais s’il me fallait résumer ce moment en un mot, c’est facile : surprenant. Le show était très inspiré des films Magic Mike, saga qui s’inspire elle-même de la vie de Channing Tatum, qui a été réellement strip-teaseur avant d’être l’acteur qu’on connaît aujourd’hui. Forcément, quand on essaie d’abord une copie, on veut vite accéder à l’original pour se faire une meilleure idée. Pas vous ? C’est pourquoi je suis allée à Londres voir le vrai, le seul, l’unique et authentique spectacle Magic Mike Live, sans Channing Tatum mais mis en scène et conçu par lui-même !

Faux départ mais vrai coup de pression

J’admire la salle dès mon arrivée, et comme je m’y attendais, le public est très hétéroclite. Oui, il y a bien des femmes de plus de quarante piges, mais vraiment pas que. À ma droite, deux copines de mon âge, Londoniennes pur jus, qui font connaissance avec deux Chinoises de passage. Derrière moi, c’est assez drôle : je retrouve des fashionistas que j’avais croisées le matin-même devant la boutique PALACE en vue de la sortie de la collaboration avec Vivienne Westwood. Avec leur dégaine de mannequins sorties de défilés haute-couture, et leur sac de shopping PALACE (preuve qu’elles ont réussi à choper des items, bien joué), elles ne passent pas inaperçues.

Je remarque aussi quelques mecs, venus pour accompagner leur girlfriend ou tout simplement se rincer l’œil. Enfin, devant moi, il y a carrément un couple de jeunes femmes venues là pour s’amuser, même si l’une des deux n’est absolument pas attirée par les hommes. “Je ne sais pas, je suis curieuse de voir ce que ça peut donner, j’ai l’impression que t’es obligée de te marrer” me dit-elle en sirotant un mocktail. Le début du show n’ira pas forcément dans son sens. Arrivent sur scène des mecs très beaux, très musclés, certes… mais dans des tenues dignes de Village People. Un mec déguisé en flic, un autre en Tarzan (à l’aide). Là, la soirée tourne rapidement au cauchemar. Ils ont tous des objets phalliques et simulent de les astiquer. Je regarde autour de moi et c’est deux salles deux ambiances.

Certaines femmes, plus âgées, ont l’air d’apprécier le côté “what the fuck” et très old school/phallocentré de cette ouverture. Quand d’autres, comme ma +1 et moi, sommes juste liquéfiées. Le danseur grimé en flic débarque derrière moi avec sa grosse matraque (dire que je suis payée pour écrire ça), faisant mine de se frotter et je n’ai jamais autant eu envie de crier ACAB. Je m’attendais à de la beauté, de la danse, de l’érotisme et des pecs brillants grâce au make up et à la sueur. Pas à un mauvais film X nappé de male gaze. Alors que je compte dire à ma copine “allez, on se casse”, un danseur arrive. Il est très doux, le regard bienveillant “Tout va bien ? Vraiment ? Tu es sûre ? Reste encore cinq minutes, tu vas voir, tu ne le regrettas pas”. Il ne force pas et je donne une chance au reste du show. Je ne le regretterai pas. Rapidement, une “spectatrice” est choisie pour monter sur scène, entourée de tous ces hommes plus clichés les uns que les autres. Et elle hurle le code pour tout arrêter : “unicornnnn”. Elle n’est évidemment pas une femme choisie au hasard mais la guide de notre soirée et s’exclame, grondant les mecs comme des gosses : “Sérieusement, c’est quoi ce show pensé par un mec pour des mecs ? Où est le féminisme ? La beauté ? La sensualité ?” Cette personne est notre héroïne.

Les abdos les plus doux de ma vie

Dès lors, c’est un tout nouveau show qui débute, et dont je tenterai de ne pas trop spoiler les numéros, tant je vous invite à y faire votre propre avis. Mais c’est tout ce pour quoi je suis venue. De la danse, travaillée, poussée, technique, avec de jolis effets ici et là. Évidemment, certains tableaux sont plus chauds que d’autres, et se font parfois en petite tenue. On est enfin sur un spectacle moderne et basé sur le consentement et le respect de chacune et chacun. Régulièrement, les danseurs vont dans le public, qu’il soit au rez-de-chaussée ou à l’étage, comprenez par-là que peu importe la catégorie de votre billet, le spectacle est immersif partout et il n’y a donc pas de mauvaise place. Les femmes ne touchent les artistes que quand elles y sont invitées par un subtil signe de tête, et réciproquement. Pas de place au dérapage.

L’ambiance est folle, je deviens amie avec deux British un peu pompettes (je le suis aussi, no shame) et les deux touristes chinoises comme moi de passage et citées plus haut. À chaque mouvement de bassin effectué, elles sont hilares et me filent des coups de coude. Ce que je pourrais trouver beauf dans un contexte autre me semble ici touchant. Puis vient un moment un peu plus cringe : du Ed Sheeran est chanté, c’est une invitation à ce que toutes les femmes dansent entre elles, durant un slow. Je me tourne et vois ma pote en mode Danse avec les stars avec sa voisine, qu’on ne connaît ni d’Ève ni d’Adam. Encore une fois, l’énergie girls to girls a quelque chose de si réconfortant.

Puis les mecs reviennent et là, c’est la régalade. Je me demandais comment je réagirais si on m’invitait à monter sur scène. Ce ne fut pas le cas, mais c’est tout comme. Un danseur chope ma chaise et me demande si c’est OK qu’on fasse le show. Je hoche la tête et mes mains suivent les siennes, d’abord sur son torse, puis sur le bas de son dos, avant d’atterrir sur ses fesses. Le moment n’a pas dû dépasser les dix secondes mais fait sensiblement partie de l’highlight de ma rentrée. Non pas que cela m’ait excitée (quoi que), c’est surtout que je n’ai jamais touché d’abdos aussi doux de ma vie entière, j’aurais dû lui demander la réf de sa crème hydratante, ça ne pouvait pas être une lambda Nivea. Mes nouvelles besties d’infortune pouffent comme des ados, elles ont les joues rougies par le blush mais surtout par l’euphorie du moment. Elles ne sont pas envieuses mais “heureuses” pour moi, me tapotant comme si je venais de leur raconter mon premier baiser. Encore une fois, ce moment grivois ne peut que me faire sourire. Des faux billets sont parfois lancés, j’en chope un et le fourre dans ma popoche, en souvenir. Il est aujourd’hui sur mon frigo et je raconterai à mes gosses qu’il n’est pas le vestige du moment le plus sexy de ma vie, mais plutôt d’un bel exemple de sororité où j’étais en harmonie avec une centaine de parfaites inconnues.

Spectacle Magic Mike Live à l’Hippodrome Casino (Londres), article réalisé dans le cadre d’une invitation.