C’est une polémique dont on se serait bien passés dans ces Jeux olympiques 2024. Ce jeudi, après le 8e de finale de boxe entre l’algérienne Imane Khelif et l’italienne Angela Carini dans la catégorie des 66 kg, la sphère réactionnaire, complotiste et l’extrême droite, par l’intermédiaire de personnalités comme J.K. Rowling, Elon Musk ou la Première ministre italienne Giorgia Meloni, ont propagé une fake news aussi grossière qu’immonde selon laquelle l’Algérienne serait “un homme” ou “une personne transgenre” après l’abandon de son adversaire au bout de 46 secondes à cause d’“un coup de poing” qui lui a “fait trop mal”.
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Non seulement ces personnes affichent leur inculture dans une confusion sémantique bien transphobe, mais elles mettent la pauvre Imane Khelif au cœur d’une campagne diffamatoire et de cyberharcèlement. Le cas de la boxeuse algérienne n’est malheureusement pas nouveau dans le milieu du sport féminin. Avant elle, plusieurs athlètes de haut plan ont été victimes de misogynie et de propos dégradants sur leur physique jugé trop masculin.
Les Guignols de l’info ont fait mal à Amélie Mauresmo
Dans le monde du tennis, Amélie Mauresmo et Serena Williams peuvent en témoigner. On se souvient encore de la marionnette aux bras musclés et à la voix d’homme de la joueuse française dans Les Guignols de l’info. Une représentation problématique avec le recul qui a fait beaucoup de mal à l’intéressée, comme elle l’avait expliqué il y a cinq ans au micro de Léa Salamé dans l’émission Femmes puissantes :
“Il y a eu un truc qui m’a fait beaucoup de mal, ce sont les Guignols. Une femme en train de faire du sport, elle est moins féminine, les cheveux, la transpiration, les muscles sont un peu plus saillants dans l’effort… Je pense que la marionnette a fait énormément de mal dans l’imaginaire.”
De l’autre côté de l’Atlantique, notre championne de tennis aux deux titres du Grand Chelem a aussi été moquée, notamment par… Serena Williams dans un sketch où la Française est jouée par… un homme — on repassera pour la sororité. Pourtant, la cadette des sœurs Williams a eu maille à partir avec les commentaires, teintés de racisme, dans la presse et sur les réseaux sociaux sur un supposé manque de féminité et son physique musclé, qui serait l’unique raison de sa domination de près de 20 ans sur le circuit — comme si son bagage technique n’était qu’accessoire.
Caster Semenya “refuse de se droguer”
Aux remarques misogynes et sexistes, Caster Semenya doit aussi composer avec les règlements obtus des instances. Dans son cas, celles de World Athletics, la Fédération internationale d’athlétisme. Celle-ci n’autorise pas l’athlète sud-africaine, double championne olympique du 800 mètres, à concourir dans ses compétitions à cause de son taux de testostérone trop élevé et de son refus de suivre un traitement hormonal.
L’instance impose aux femmes athlètes hyperandrogènes comme Semenya, qui souffre d’un trouble du développement sexuel (DSD), de suivre un traitement médical correctif. Mais la Sud-Africaine, 33 ans, qui “refuse de laisser World Athletics [la] droguer ou [l]’empêcher d’être qui [elle est]“, avait dénoncé la décision de la justice suisse allant dans le sens de World Athletics.