Depuis la révélation en 2020 des scandales sexuels sur mineurs dans le football en Haïti, la carrière de Romain Molina a pris une autre dimension. Ce journaliste, auteur et lanceur d’alertes ne se contente plus de mettre en lumière les coulisses du ballon rond sur sa chaîne YouTube (175 000 abonnés) ou sur Twitter (354 000 abonnés), de raconter des histoires et de brosser les portraits de personnalités du foot dans ses livres, il est aujourd’hui un des fers de lance de la lutte contre la pédocriminalité et les abus sexuels dans le sport.
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Des menaces de plus en plus constantes
“Je n’avais pas prévu de le faire, ça m’est tombé dessus”, explique-t-il. Grâce aux révélations du dossier haïtien et à une libération de la parole, Molina traite ensuite des affaires de violences sexuelles dans le monde entier (Mali, Kenya, Comores, Mongolie, Saint-Kitts & Nevis, Barbade…) et dans d’autres disciplines que le foot comme le basket et le taekwondo. L’Europe n’est pas en reste. Au téléphone, il nous tease des enquêtes à venir sur le football français : “Deux affaires vont bientôt sortir : une sur la Fédération française de football et l’autre sur une personnalité du football français impliquant des mineures.”
À exposer les puissants des arcanes du sport et à dévoiler les coulisses sordides de ces milieux, le journaliste installé en Espagne s’attire quelques foudres, particulièrement dans l’univers du ballon rond. “Je suis attaqué de toute part par les gens du foot. Les menaces sont de plus en plus constantes, mais ce n’est pas ça qui va me faire arrêter. Au contraire, ça me motive davantage”, se défend-il.
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Le foot, une organisation criminelle
Si les menaces ne l’effraient pas, l’univers politico-sportif le dégoûte de plus en plus. Pour sa santé mentale, celui qui écrit pour la BBC, le Guardian ou le New York Times n’exclut pas à terme “de prendre du recul” : “Je vais continuer à faire ce que je fais de manière plus relâchée et sporadique, avance-t-il. J’ai envie de faire d’autres choses parce que le monde du football est abominable — mais ce n’est pas le seul. Mon but dans la vie, c’est que son industrie soit considérée comme une organisation criminelle, parce que c’en est une”.
Pour trouver un peu de quiétude entre toutes ses enquêtes, Molina peut compter sur “son sport”, le basket, “l’amour de sa vie”. Au téléphone, le sérieux et l’alarmisme dans sa voix laissent place à un large sourire quand il évoque les “highlight d’Allen Iverson et Steve Nash”, deux immenses meneurs de jeu de la NBA, la médaille d’argent de l’équipe de France aux Jeux de Tokyo ou la palette technique du Serbe Nikola Jokic.
Ce n’est d’ailleurs pas anodin que sa carrière de journaliste débute en parlant de la balle orange. Après un bac littéraire, il s’engage en filière STAPS. Dans le cadre d’un projet professionnel, il interroge des journalistes de Maxi Basket-News qui finissent par le prendre en stage. “J’y suis resté quelques mois. J’avais fait une enquête sur Alexis Ajinça, Johan Petro et Ian Mahinmi et ils m’ont gardé derrière”, se remémore-t-il. L’aventure était lancée.