“Shoes made for walking”, c’est ainsi que Barbara Bui me définit la paire parfaite. Ni trop haute, ni trop plate, huit centimètres comme hauteur idéale et un style intemporel : des chaussures qui durent et dont on ne se lasse pas. Je suis dans son showroom au cœur du Marais et elle me dit, en bonne anticonsumériste qui se respecte, que sa mode est pérenne. Ce n’est donc pas étonnant que les paires de sa dernière collection me rappellent intensément celles que me faisaient rêver quand je n’avais pas encore l’âge de porter des talons. Des plateformes, du compensé, de l’animal print, du lassage, du cuir, du brillant : une DA qui ne rend pas notre démarche silencieuse.
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Quand je lui demande si elle a conscience de son statut d’icône, elle me répond en riant que non, mais qu’elle trouve ça super. Parce que non, Barbara Bui n’est pas dans le mainstream. Il faut la connaître, savoir qu’elle lance sa marque en 1987 et que ses lignes d’accessoires qui n’arrivent pas avant les années 2000 ont fait perdre la tête à toutes les shoes addicts. “À l’époque, il n’y a pas tant de créateurs qui font de la chaussure, il y avait plutôt des chausseurs”, m’explique-t-elle. “Et c’est vrai que j’ai été parmi les premières en tant que créatrice à les ajouter aux collections.” Donc si tout le monde s’arrachait ses souliers, jusqu’à les faire figurer dans quasi toutes les séries mode que je découpais dans les magazines, c’est parce qu’être brandé “BB” de la tête aux pieds était une nouveauté.
Sans une belle paire, la tenue n’est rien
Comme elle, je pense que les chaussures finissent un look : “ça donne toute l’allure” me confirme-t-elle. C’est sans doute parce qu’il me suffisait de voir Julia Roberts, Heidi Klum ou Rihanna avec des Barbara Bui aux pieds que j’ai développé un amour inconditionnel pour les chaussures. J’ai toujours voulu les imiter et devenir une femme forte, le genre qu’on remarque immédiatement quand elle entre dans une pièce et pas seulement grâce aux clic-clac de ses talons, mais pour son aura.
Mais les habits jouent leur rôle aussi, car réduire la marque à ses chaussures } aussi sublimes soient-elles — serait une erreur. La base restera le vêtement et le tailleur particulièrement. Sa nouvelle collection en est truffée et on n’a qu’une envie, devenir une working girl rock et chic (perchée évidemment sur des pompes à plateforme).
Dès mes premiers pas dans le showroom, j’ai senti cette puissance qui émane de tous ces costumes. Mais comme la créatrice franco-vietnamienne me l’explique, les femmes qu’elle habille ont déjà cette force en elles et “le vêtement ne fait que l’accompagner”. Powerful is the mood. C’est justement pour ça que, même vingt ans après, je continue de penser que je serai devenue quelqu’un le jour où mon dressing sera rempli de souliers Barbara Bui et, tant qu’à faire, d’un tailleur aussi.