Alors que la loi asile et immigration vient d’être adoptée par le Parlement, le monde de la restauration prend la parole. Et pas n’importe comment, puisqu’un collectif composé de nombreux chef·fe·s, de professionnel·le·s des métiers de bouche et de la gastronomie et d’associations œuvrant pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes étrangères en cuisine (La Chorba, La Cuisine de Souad, La Communauté Écotable, Ernest, Le RECHO, Refugee Food…) a décidé d’élever sa voix par l’intermédiaire d’une puissante tribune, , un texte essentiel et un “manifeste d’une profession engagée” – que vous pouvez signer ici. Parmi les premiers signataires : Abdel Alaoui, Michel Bras, Chloé Charles, Mauro Colagreco, Manon Fleury, Bérangère Fagart, Olivier Roellinger, Nadia Sammut…
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La voici en intégralité :
“À table, comme en cuisine, chacun·e a sa place en France.
La cuisine française, à travers les siècles, est le délicieux fruit du métissage des populations d’ici et d’ailleurs… Cette cuisine s’est longtemps singularisée par sa perméabilité avec les autres cultures culinaires du monde.
Nos cuisines sont et doivent rester des lieux d’ouverture sur le monde, de partage et d’hospitalité. Elles doivent continuer de susciter la rencontre avec l’autre, l’étranger·ère, la différence.
Dans nos cuisines, nombre d’emplois sont occupés par des étranger·ère·s (50 % en Île-de-France – selon l’INSEE) alors que 200 000 postes restent non pourvus dans le pays. Nous avons besoin des personnes immigrées, très nombreuses à se tourner vers nos métiers, dans un secteur qui peut et doit former, recruter et faire évoluer des dizaines de milliers de personnes.
C’est pourquoi nous affirmons que nos tables comme nos cuisines doivent rester ouvertes à toutes et tous, inconditionnellement.
Que nous placerons toujours le talent, l’envie et le courage avant une nationalité, une origine ou un statut administratif.
Que nous refuserons d’appliquer toute mesure discriminatoire envers les étranger·ère·s, contraire à nos valeurs républicaines.
Que nous ne laisserons pas s’installer au sein de notre profession des discours stigmatisants en décalage avec la réalité des migrations et la réalité vécue au quotidien au sein de nos établissements.
Chacun·e doit pouvoir trouver sa place dans notre France humaniste.
Nous nous opposons à cette loi immigration et demandons qu’une véritable politique d’intégration, notamment par le travail, soit mise en place, au bénéfice de notre secteur et pour la société tout entière.”
À noter, par ailleurs, que le 29 janvier prochain, à Ground Control, un grand dîner caritatif aura lieu, au profit d’une association humanitaire d’aide aux primo-arrivants. Un repas à 40 mains de chefs, entouré de tables rondes et de concerts.
Pour signer le manifeste, c’est par ici.