Depuis quelques semaines, une étrange “Couscousmobile” secoue les réseaux sociaux, et notamment Twitter. Des internautes, étonnés de croiser cet étrange véhicule sur leur passage, partagent leur surprise et leur stupéfaction. Après quelques recherches, nous avons mis la main sur l’homme à l’origine de ce mystérieux projet, Jawad, qui nous a raconté l’histoire de ce food truck pas comme les autres.
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Konbini food | Salut Jawad, peux-tu te présenter et nous expliquer comment t’est venue cette idée ?
Jawad | J’ai 32 ans et j’ai commencé la restauration très jeune, à 17 ans. J’ai commencé par monter un petit grec. Cela n’a pas été un grand succès, mais pas un échec non plus, puis je suis rentré dans l’armée. À ma sortie, j’ai ouvert un spot à burgers qui a cartonné, et c’est pendant la pandémie que j’ai eu envie de tenter une autre aventure, en m’adaptant aux nouvelles habitudes alimentaires des gens. J’ai donc ouvert ce food truck, la Couscousmobile.
Pour ça, tu as dû trouver une caravane…
J’ai acheté une caravane qui date des années 1980. J’ai pris le temps de tout refaire moi-même, tranquillement, à la maison. Je voulais faire les choses bien, alors j’ai pris mon temps. La difficulté, c’était de trouver une caravane abordable, car j’avais l’intention de tout retaper. Il fallait donc éviter des offres trop chères avec des caravanes encore tout équipées…
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Comment l’idée d’une Couscousmobile, à la manière d’une Batmobile, est-elle née dans ton esprit ?
C’est simple : j’étais en train de la retaper, je venais de finir la peinture noire sur la caravane. Cela devait être une base de travail pour la décorer ensuite, mais j’ai eu une révélation [rires]. J’ai regardé les contours de la caravane, et j’y ai vu comme une Batmobile. J’ai alors réfléchi à un nom, la Couscousmobile. J’ai demandé à ma femme : “C’est mortel, non ?”, et elle a trouvé ça bien aussi. Alors j’ai foncé.
“J’ai regardé les contours de la caravane, et j’y ai vu comme une Batmobile. J’ai alors réfléchi à un nom, la Couscousmobile”
C’était un choix audacieux…
Oui [rires]. Certains ont trouvé l’idée super, d’autres ont émis davantage de doutes. Mais ça me correspondait, à moi et à mon esprit décalé. Une fois que le nom était tranché, je suis allé voir mon imprimeur et on a lancé tout ça. C’était en avril dernier.
C’est quoi la plus grande difficulté avec ce projet ?
Sans hésiter, je dirais les emplacements. Les emplacements publics sont difficiles à obtenir, il faut connaître untel qui connaît untel… Alors, j’ai commencé par ce qui était le plus facile, les emplacements privés, mais les prix sont bien plus élevés. Au fur et à mesure, je me suis fait un nom et j’ai compris les ficelles. Désormais, on m’appelle pour venir chez des entreprises, ce qui m’épargne souvent le prix de l’emplacement. Et j’ai aussi un peu plus de pouvoir pour négocier [rires].
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Tu as toujours voulu proposer du couscous ?
Non, au début, j’avais planché sur une carte plus “traditionnelle” : des burgers, des hot dogs… Puis, finalement, j’ai opté pour un plat qui m’est cher, le couscous. Ça rappelait mes origines marocaines, c’était un peu plus original…
Tu proposes quelles recettes à bord ?
Je suis d’origine marocaine, alors, évidemment, le couscous ça me parle. C’est la recette familiale, de ma maman, impossible d’y toucher. Des gens ont bien essayé de me donner des conseils, mais je ne la changerai pour rien au monde, c’est sacré ! Au-delà du couscous, je sers aussi des tajines poulet-olives, citron confit, oignons et kefta, et aussi des entrées marocaines traditionnelles.
“C’est la recette familiale, de ma maman, impossible d’y toucher, c’est sacré !”
Où est-ce qu’on peut te retrouver si on veut goûter à ta cuisine ?
J’ai longtemps été à Gennevilliers, sur l’espace commercial des Chanterelles, mais je suis désormais devant l’entrepôt de Moh le Patron, à Saint-Ouen-l’Aumône. J’y suis tous les mercredis, jeudis, vendredis et samedis, le midi et le soir. Ensuite, j’ai une agence qui s’occupe de placer les food trucks, qui me trouve des emplacements, notamment sur des sièges sociaux d’entreprise. C’est assez aléatoire, alors je communique beaucoup dessus sur les réseaux sociaux. C’est le meilleur moyen de savoir où je suis [rires].
Préparer autant de plats dans un si petit espace, c’est contraignant, j’imagine ?
Exactement. Comme tu t’imagines bien, je ne peux pas faire tenir un couscoussier de cinquante litres à l’intérieur, alors je loue un labo en parallèle. Ça rend la chose un peu délicate. De 5 heures à 9 heures, je cuisine. Puis, je rends le labo, je file au food truck et je me rends à l’emplacement du jour. Ça veut dire qu’à 11 heures, quand je commence le service, ça fait déjà six heures que j’ai commencé. Mais j’aime ce que je fais, et je fais ça pour faire plaisir, alors ça va.
“On me double sur l’autoroute pour me féliciter”
Comment les gens réagissent-ils quand ils voient ton food truck, noir, et vraiment pas comme les autres ?
Les gens sont étonnés, souvent amusés, et généralement sont très enthousiastes face au projet. On m’a beaucoup suggéré de déposer le nom, ce que j’ai fait, et il m’arrive souvent des scènes incroyables. Il n’est pas rare que des automobilistes viennent à mon niveau sur l’autoroute, alors que je roule tout doucement, pour me féliciter. Mais j’ai un scoop pour vous : je suis ni un très grand fan de Comics, ni un grand amateur de couscous. Mais je fais surtout ça pour faire plaisir et parce que j’ai la chance de bien cuisiner.
Tu as des projets pour plus tard ?
Je ne pense pas forcément ouvrir un second camion, du moins pas pour le moment, mais on réfléchit très sérieusement à ouvrir un restaurant en dur à Paris. D’ailleurs, on vient de terminer une visite qui s’est très bien passée…
Pour retrouver la Couscousmobile en temps réel, c’est par ici.