On a discuté avec Anatole Levallois, ancien joueur de football et modèle de résilience

On a discuté avec Anatole Levallois, ancien joueur de football et modèle de résilience

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© Anatole Levallois

Victime d’un grave problème au cœur, le sportif de 20 ans a dû revoir tous ses plans.

Passionné de football depuis ses 6 ans, Anatole Levallois rêvait, comme beaucoup, de devenir footballeur professionnel. Mais peu se sont donné, comme lui, les moyens de réussir.

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Dès le lycée, il se renseigne sur la possibilité de concilier études et entraînements intensifs. Une solution s’impose : partir aux États-Unis. “Là-bas, on peut étudier tout en continuant de jouer au football à haut niveau. Les deux sont liés, ce n’est pas comme en France où, si l’on veut poursuivre de grandes études, on doit mettre le sport de côté. C’était vraiment l’opportunité pour moi de m’épanouir sur les deux plans.”

Pour réaliser son rêve américain, Anatole doit redoubler d’efforts. L’année de son baccalauréat, il enchaîne les entraînements avec son club de l’US Avranches, passe le TOEFL [test d’aptitude en anglais, ndlr] ainsi que le SAT, le baccalauréat américain. Son acharnement paye : en mars 2020, il s’engage avec Pima Community College, une université d’Arizona, qui lui offre une bourse d’études.

“Je risque de décéder sur le terrain à tout moment”

Malheureusement pour le sportif, le Covid-19 entre en scène. Loin de se décourager, Anatole poursuit ses entraînements avec l’espoir de rejoindre au plus vite son université : “Je m’entraîne sur le terrain de ma ville deux fois par jour pour garder mon niveau physique, dans l’optique de partir à l’été 2020 aux États-Unis. Je ne le sais pas encore mais en août, les frontières américaines seront fermées.”

Bloqué en France, il décide de passer quelques examens. Là, tout bascule : “On m’apprend que j’ai une dilatation de l’aorte et que je dois arrêter le football car je risque de décéder sur le terrain à tout moment. Ce sont les ambitions, les rêves de plusieurs années qui s’écroulent du jour au lendemain.”

Le sportif met plusieurs semaines à accepter la nouvelle : “Au début je me dis : ‘Même si je dois mourir sur le terrain je vais continuer.’ Ça peut sembler ridicule mais il faut comprendre que le football représentait une grande partie de ma vie.”

En décembre 2020, il se résout à être opéré. L’intervention est lourde : “Ça dure près de sept heures. On doit changer toute mon aorte pour éviter une mort subite.” Après plusieurs jours passés à l’hôpital et trois semaines de rééducation, il “réapprend à vivre, à marcher”, à parler aussi, car ses cordes vocales ont été touchées durant l’opération. Mais le plus difficile reste le mental : “J’avais dédié toute ma vie à ce rêve, et maintenant, il n’était plus réalisable. Je ne savais plus quoi faire de ma vie.”

Entre passion et résilience

En août 2021, déterminé à rebondir, Anatole décide de partir aux États-Unis. Là-bas, le coach qui l’avait recruté lui propose de rejoindre son équipe en tant qu’entraîneur adjoint. Dans ce rôle, il fait face à son rêve, devenu inaccessible : “J’affronte tout de suite la réalité : je ne fais plus du tout de foot et je regarde les joueurs faire ce que j’ai toujours rêvé de faire. C’est très compliqué mais je m’accroche quand même, et je me dis que ça vaut le coup.”

Avec le temps, il s’acclimate à sa nouvelle vie et s’épanouit dans son rôle de coach : “J’ai passé une année folle. On a fait un super travail avec l’équipe, et on a remporté le tournoi national dans notre division. On est champions des États-Unis. C’est fou, ce sont des sensations incroyables.”

Mais une réalité s’impose : “Je ne suis plus joueur de football et je n’ai plus accès aux bourses qu’on m’avait offertes en tant que joueur et qui me permettaient de financer une grande partie de mes études. Je travaille assez bien donc j’ai pu obtenir des bourses académiques, mais c’est très peu par rapport aux frais de scolarité de mon université.”

Dans une vidéo accompagnée d’une cagnotte en ligne, Anatole raconte son incroyable parcours. Il espère ainsi récolter les fonds nécessaires pour terminer ses études aux États-Unis, où il aimerait devenir entraîneur de foot. “Je pense pouvoir apporter quelque chose à mes joueurs sur la partie technique mais pas que, parce qu’entraîner une équipe, c’est aussi transmettre des valeurs. C’est ça qui m’anime aujourd’hui et qui me permet de passer à autre chose, de faire ma transition de joueur à entraîneur.”