Les études scientifiques qu’on mérite. Qu’on se le dise, il existe de nombreuses raisons de ne pas retirer ses chaussures avant d’entrer chez soi ou chez les autres. Il y a d’abord la flemme de se baisser pour défaire laborieusement le double nœud qui nous coupe la circulation sanguine depuis deux heures, et puis il y a la honte d’afficher ses chaussettes soit dépareillées, soit trouées (la lessive, c’est galère), ou pire : d’assumer qu’on porte encore des socquettes basses en 2023 – impardonnable.
À voir aussi sur Konbini
Pour toutes ces raisons, on pose souvent la fameuse question : “J’enlève mes chaussures ouuuuu… ?” par politesse, sachant qu’on est voués à se ramasser un “Oui, steuplé” aussi évident que germaphobe. Mais est-ce si évident que cela ? Pourquoi on enlève nos souliers sur le paillasson ? Est-ce que ça m’empêche vraiment d’envahir ta maison de mes germes et de ceux du monde extérieur ? Préparez-vous pour la bagarre : une étude de 2015 sur le microbiome de nos téléphones et de nos chaussures répond enfin à nos questions existentielles.
Les vrais contaminateurs, c’est nous
En réalité, comme le souligne d’abord le Dr William Schaffner au média HuffPost, “nous vivons dans un monde extrêmement microbien”. Donc on a beau mener la vie dure à nos pauvres semelles de chaussures (qui n’ont rien demandé), si on voulait suivre notre propre logique, il faudrait se déshabiller totalement à l’entrée de chaque foyer qu’on pénètre pour éviter aux germes de l’extérieur de nous suivre. Et pas certain que ce soit la meilleure chose à faire pour une première visite chez les beaux-parents – à moins qu’ils ne soient vraiment cool et attirants.
Autre réalité à avaler : chaque être humain est une véritable usine à bactéries. C’est ce que nous apprend Jack Gilbert, coauteur du bouquin Dirt Is Good, en rappelant qu’on rejette 30 millions de cellules bactériennes chaque heure rien qu’en se tenant dans une pièce. “Vous les respirez, elles se détachent de votre peau et de vos cheveux en permanence. Vous libérez un nuage microbien dans chaque environnement que vous traversez.”
La faible surface que représente le dessous de nos chaussures n’est pas assez importante pour constituer une véritable menace, d’autant plus que les germes qu’il transporte sont sans cesse renouvelés au contact des différents environnements qu’il rencontre. Ainsi, la semelle d’une chaussure qui pénètre notre intérieur ne le contamine que très peu, alors que notre foyer, lui, la contamine instantanément de son microbiome important – que nous avons causé. En fait, l’ordure, c’était nous depuis le début.
La priorité : se laver les mains
Toujours selon le Dr William Schaffner, la vraie transmission bactérienne se fait via les mains, qui sont les premiers vecteurs de germes de notre organisme. D’où l’importance de se laver les mains quand on rentre chez soi ou qu’on arrive chez quelqu’un. Cela explique notamment la prévalence des messages concernant le lavage des mains dans les hôpitaux, ou encore l’emphase, lors d’une pandémie, qui est mise sur les mains, et non pas sur les chaussures. Et d’un côté, tant mieux ; imaginez si on avait dû se coltiner les pieds de tous les collègues pendant le Covid-19. Eurk.
Mais alors, pourquoi retirer ses chaussures ?
C’est culturel, notamment dans les régions nippones, russes ou indiennes, dans lesquelles c’est surtout une affaire de coutume et de politesse. En Europe, on le fait surtout pour éviter de salir les intérieurs, tout simplement. En particulier si on a tendance à se ramasser des flaques d’eau ou des crottes de labrador dans la rue. Quoi qu’il en soit, on sait désormais que ça n’a rien à voir avec les bactéries, l’hygiène, ou quoi que ce soit qu’on nous ait servi pour nous faire sentir comme de gros crados indisciplinés. Alors arrêtez de nous rebattre les oreilles avec ça, les germaphobes, et laissez-nous entrer chez vous avec nos plus belles sneakers Fenty x Puma de Rihanna aux pieds, merci.