La positive attitude. S’il fallait résumer la philosophie autant culinaire que de vie d’Albane Auvray, candidate de cette nouvelle saison de Top Chef, il faudrait s’imaginer beaucoup de soleil, des foulards colorés autour du cou et un oignon qui sourit. À l’issue de la neuvième semaine du concours, la pétillante candidate quitte l’aventure en s’inclinant face à Danny, qui survole chaque semaine les épreuves de la fameuse brigade cachée d’Hélène Darroze.
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À 23 ans, si Albane Auvray est la benjamine de la saison, elle ne manque pourtant pas de bouteille. Piquée de cuisine depuis l’âge de 14 ans, cette Parisienne a fait ses armes dans plusieurs établissements étoilés, et participé à plusieurs compétitions culinaires qui lui auront notamment valu le Trophée de l’Œuf 2015 ainsi qu’une participation à Objectif Top Chef. Candidate sans filtre, la jeune cheffe aura bouleversé nos cœurs avec son histoire familiale compliquée et son énergie débordante. On est revenus avec elle sur l’importance des petites choses légères du quotidien, du pouvoir de la résilience et de Groot, son oignon porte-bonheur.
Konbini | Tu n’en es pas à ton premier concours culinaire. Tu penses que ça t’a avantagée dans l’aventure ?
Albane Auvray | Comme je me suis lancée jeune, j’ai tout de suite voulu voir et essayer un maximum de choses. Donc j’ai effectivement fait plusieurs concours, ce qui m’a permis d’acquérir de l’expérience et de comprendre comment je fonctionnais dans ce genre de dispositifs. Par contre, je n’étais pas préparée à la pression de Top Chef. Évidemment, je savais qu’il y en aurait, mais pas autant ! (rires) Cette pression a été mon ennemie principale et a parfois pris le dessus sur mon savoir-faire.
Ta cuisine est qualifiée de “cuisine instinctive”. Qu’est-ce qui se cache derrière ce nom ?
Pour moi, la cuisine c’est un mode d’expression, et j’aime laisser mon instinct prendre le dessus pour exprimer des choses sincères, me laisser inspirer spontanément par les choses que j’ai envie d’exprimer au moment où je cuisine. C’est la meilleure manière de raconter une histoire ou d’exprimer une émotion à travers sa cuisine.
Le concours Top Chef est le terrain de jeu idéal pour cette “cuisine d’instinct”.
Tout à fait ! C’est l’occasion de se retrouver au pied du mur avec des thèmes farfelus qui touchent à beaucoup de terrains culinaires différents. Ça demande d’être un “couteau suisse caméléon” et, forcément, de fonctionner à l’instinct. C’est aussi l’endroit idéal pour concourir avec soi-même.
Ton parcours dans Top Chef était certainement l’un des moins reposants. D’une semaine à une autre, tu te retrouvais autant au haut qu’au bas du classement. C’était compliqué de suivre ?
C’était de vraies montagnes russes, vraiment ! (rires) C’était très intense, surtout émotionnellement : j’ai commencé le concours malade et sans voix, puis je me suis rapidement retrouvée sur la sellette, j’ai dû me battre pour obtenir les manchettes de quelqu’un d’autre. Puis, dans tout ça, j’ai aussi eu des coups de cœur sur plusieurs épreuves, notamment de la part de quatre Meilleurs Ouvriers de France. Du coup, mon parcours dans Top Chef est à l’image de ma vie, jamais constant. Mais autant dans les hauts que dans les bas, j’apprends et j’en ressors grandie.
On peut parler de résilience, dans ces cas-là ?
Oui. La résilience, c’est la force.
En toutes circonstances, tu peux compter sur le soutien de ton oignon Groot, qui est d’ailleurs plus qu’un simple oignon, n’est-ce pas ?
C’est plus qu’un simple oignon, mon petit Groot ! (rires) C’est un peu farfelu, mais ça me représente bien. Dans l’ancien établissement où je travaillais, je débordais d’énergie et je saoulais tout le monde dès le matin. Du coup, avec humour, mon mentor de l’époque m’a donné ce drôle d’oignon qui avait germé pour que je lui parle plutôt que d’ennuyer mes collègues. Je lui ai dessiné deux yeux, une bouche, je l’ai appelé Groot Maurice Ier du nom et il est resté !
Oh, j’ignorais qu’il avait un nom composé.
J’ai abandonné la particule de fin de nom, parce que là, j’en suis déjà certainement à mon dixième oignon Groot Maurice Xe du nom. (rires) Donc c’était plus simple de l’appeler Groot. Et à force, les gens se prenaient au délire, disaient bonjour à Groot et, indirectement, cet oignon instaurait une bonne humeur et des sourires.
C’est important pour toi, cette légèreté et cette fantaisie ?
Énormément ! L’exemple de Groot, ça prouve qu’on a le droit de prendre cinq minutes, même dans un environnement stressant, pour rire d’un oignon avec deux yeux et une bouche. Et que c’est important de prendre ce temps pour des petites choses simples et légères de la vie.
Tout au long de l’émission, ta forte personnalité pétillante n’est pas passée inaperçue. C’était une évidence pour toi, de te dévoiler de façon si authentique ?
Non, pas forcément ! Au tout début, j’ai même essayé de me faire discrète. J’ai conscience du fait que ma personnalité peut surprendre, et même déplaire. Mais quand je suis passée en éliminatoires dès la première épreuve, et que j’ai pris conscience que tout pouvait s’arrêter net, je me suis dit que quitte à vivre cette aventure, autant la vivre à fond, d’arrêter la discrétion et d’être pleinement moi-même. Pourquoi se cacher ?
Et comment ont réagi tes camarades de l’émission ?
Forcément, au début, les autres candidats se demandaient c’était qui cette tarée avec son oignon. (rires) Et aujourd’hui, au final, on est tous copains. Même Groot fait partie de la bande.
De tous les candidats, tu sembles être celle qui a le plus profondément vécu l’aspect “communautaire” et “familial” de l’aventure. Au moment de ton élimination, on te sent plus émue de quitter cette petite famille que de louper la grande victoire.
Oui, c’est vrai. Je suis une éponge et, en plus de mes propres émotions, j’ai pris beaucoup celles des autres. J’aurais pu faire mon aventure de façon perso, en m’attardant uniquement sur mes épreuves et mes plats, mais j’ai décidé de rester entière et ouverte aux autres. J’en ressors avec des vraies relations, des amis. En sortant, je me suis dit que j’avais gagné bien plus que toutes les premières places pourraient m’offrir.
En parlant d’émotions, en regardant l’émission derrière sa télévision, on sous-estime souvent l’impact émotionnel d’une telle aventure, ou la légitimité de quelques larmes et d’élans de joie.
Totalement. Depuis que je l’ai vécu de l’intérieur, j’ai remarqué qu’il y avait ce que j’appelle la “magie Top Chef“. Toutes les petites choses qu’on ne voit pas et qu’on n’imagine pas comme téléspectateur. C’est très bien, parce que ce sont ces petites choses qui rendent l’émission si unique pour les candidats : au-delà de la pression, de la fatigue, il y a notamment cette toute nouvelle dimension temporelle où chaque heure passe en trente minutes. (rires) Toutes ces petites choses invisibles décuplent chaque émotion.
En visitant ton profil Instagram, on peut voir des commentaires comme “J’adore ton parcours, tu es un exemple”. Quel sentiment cela te procure-t-il d’inspirer d’autres personnes qui se retrouvent en toi ?
En sortant du concours et en voyant tous les messages de soutien que j’avais reçus, j’ai été extrêmement touchée. Je n’aurais pensé que des gens se retrouveraient dans mon parcours ou dans ma personnalité. Si des gens comprennent ma résilience, et que ça les motive ou leur donne le sourire, c’est une vraie récompense pour moi. Je n’aurai jamais la prétention de me dire que je suis un modèle ou un exemple pour quiconque, mais je le vois plutôt comme le partage d’un grand sourire.
Quel plat de ton aventure te représente le mieux ?
Le riz au lait, que j’ai fait avec Jean pour l’épreuve des desserts d’enfance du chef Pierre Gagnaire. Ce que j’aime, c’est de reprendre des produits et des plats de notre terroir français pour les détourner de façon innovante et originale.
Qu’est-ce qu’on te souhaite pour la suite ?
Plein de belles choses ! Je suis sur un projet d’ouverture sur Paris, et j’espère que tout se concrétise de façon positive pour pouvoir partager ma cuisine avec toutes les personnes qui le souhaitent.