C’est un crève-cœur. Faire sa compo le vendredi après-midi, tranquille, au bureau, en faisant semblant de bosser, c’est terminé. Fini aussi les préparations de mercato avec 38 onglets ouverts pour avoir toutes les stats des joueurs sur lesquels enchérir. Cet été, Mon petit gazon, le jeu de fantasy league adoré des fans de foot en France, a fermé son site. Et nous avons aussi été déçus car, avec cette appli, on a eu du mal.
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Maintenant qu’on commence un peu à l’apprivoiser, on a voulu en savoir plus : mais pourquoi avoir fermé le site ? On a donc passé un petit coup de fil à Martin Jaglin, un des créateurs de MPG, que nous connaissons depuis maintenant un petit moment et qui était même passé au bureau nous raconter, avec ses complices, l’histoire de ce jeu tout de même formidable.
En fait, on avait déjà un peu échangé avec Martin il y a quelques semaines. Quand, de rage et de désespoir, on avait dû se résoudre à devoir utiliser cette satanée appli pour nos nouvelles saisons MPG, en août. Martin nous avait alors dit qu’ils avaient dû “faire des choix”. Aujourd’hui, il déroule :
“On devait refaire le site, il était devenu beaucoup trop vieux depuis des années. Engager des développeurs pour cela nous aurait coûté entre 300 000 et 400 000 euros de salaires. Cette thune, on ne l’avait pas. Avec le Covid, il n’y avait plus de matches, donc plus de joueurs, et les annonceurs ont aussi coupé les budgets. Les gens pensent qu’on est 50, mais nous ne sommes que quinze.
Notre modèle est gratuit, on a cru qu’on allait mourir financièrement, donc tout ça réuni, on a dû faire des choix. On a décidé de faire all-in sur l’application, qu’on avait aussi décidé de refaire avant le Covid. C’est la vie d’entreprise, et ça me brise le cœur car moi aussi j’étais attaché au site.”
Le site ou l’appli, les créateurs de MPG ont donc dû faire un choix, et ils ont privilégié le support qui était le plus utilisé par les joueurs : l’application. Martin explique que seuls “4 % de gens ne jouaient que sur le site, et ceux-là, on savait que ça les embêterait, mais on les a prévenus bien en amont”.
Puis il y a ceux qui jouaient sur les deux supports, le site et l’application, les “bi” comme les appellent les créateurs du jeu. Eux, ils n’étaient que 12 %. “L’écrasante majorité des utilisateurs sont sur l’application, c’est ça la nouvelle génération !”, s’amuse Martin.
“On veut toujours avoir un modèle gratos, mais concrètement, c’est bloquant”
Par ailleurs, sur les 510 000 utilisateurs que comptait l’application en septembre, seuls 30 000 “payaient”, c’est-à-dire se sont offert des packs ou des bonus, pour s’aider dans le jeu, mais aussi pour aider les développeurs. Ce qui est peu, revendique Martin : “On veut toujours avoir un modèle gratos, mais concrètement, c’est bloquant d’avoir si peu de gens qui payent.”
Pour ceux qui n’étaient pas “app only”, il va donc falloir prendre l’habitude. L’auteure de ces lignes l’assume : elle-même a eu du mal avec la prise en main de l’application. Mais après deux mercatos et un gros mois et demi d’utilisation, on s’y fait. C’est donc surtout une histoire d’habitude et de prise en main, comme le confirme Martin, confronté lui-même depuis des semaines à la colère de certains utilisateurs :
“Il y a beaucoup d’attachement à ‘MPG’, donc on a des retours dithyrambiques mais d’autres aussi très trash. Il y a beaucoup de passion autour de ce jeu, et c’est vrai qu’on entend surtout les mécontents. Mais c’est toujours comme ça : quand ton train arrive à l’heure, tu ne le dis jamais.”
Aujourd’hui, Martin nous assure que l’application est globalement bien reçue et que MPG compte même 23 % de joueurs en plus par rapport au mois de septembre 2020.
Cependant, pour faire vos mercatos, si le site vous manque, la petite équipe de MPG a craqué un site disponible ici. Vous pouvez faire vos mercatos sur ordi, à l’ancienne, puis exporter votre liste d’enchères, via un QR code ou un code à cinq chiffres, vers l’appli. “55 000 utilisateurs ont déjà utilisé ce site”, se réjouit Martin Jaglin, fier d’avoir trouvé une petite parade.
Enfin, les créateurs ont surtout mis au point dix nouveautés sur l’appli, notamment un mode tournoi que beaucoup d’utilisateurs (notamment l’auteure de ces lignes, encore une fois) n’ont pas vu : plutôt que de s’affronter dans une ligue, il s’agit là d’une répartition des adversaires dans un tableau, où chaque week-end chacun s’affronte pour aller le plus loin possible et remporter le Graal. Pas d’enchères lors du mercato, mais il faut choisir 18 joueurs avec un budget de 250 millions. Et cette nouveauté, on a hâte de l’essayer !