Didier Drogba et l’OM, acte II. Dix-sept ans après son départ déchirant, l’ancien attaquant olympien (2003-2004) va renfiler le maillot marseillais le temps d’une rencontre de charité pour sa fondation et l’Unicef, à l’Orange Vélodrome, aux côtés d’autres légendes du club. À l’occasion de ce match de gala, on a pu discuter avec l’ex-numéro 11 de l’OM de la symbolique de son retour sous les couleurs phocéennes. Entretien.
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Konbini Sports | Si je te dis dimanche 23 mai 2004, à quoi tu penses ?
Didier Drogba | [Il hésite.] Le 23 mai 2004, je pense que ça doit être mon dernier match au Vélodrome. Contre Le Mans ou Guingamp ?
C’était contre Guingamp (victoire 2-1). Justement, après ce match, tu imaginais que ce serait ton dernier sous les couleurs de l’OM ?
J’appréciais le feu d’artifice avec mon fils à mes côtés [rires]. Et j’étais triste parce que Guingamp [son ancien club avant de venir à l’OM, ndlr] descendait en Ligue 2.
Autre date : le 6 mai 2004. À quoi te fait-elle penser ?
Marseille-Newcastle, c’est ça ?
“Lors de ce match, je voulais montrer l’étendue de mon talent”
Oui, et c’est un match particulier parce que c’est celui où tu marques tes deux derniers buts avec l’OM.
Les deux buts, je les ai visualisés et préparés. Lors de ce match, je voulais montrer l’étendue de mon talent et prouver que ce que je fais n’est pas le fruit du hasard. Je calcule : je vais faire ça, ça et ça et ça va rentrer. Je suis un peu méticuleux dans l’approche du football.
En parlant de préparation, 17 ans après ton départ de Marseille, tu vas refouler la pelouse du Vélodrome avec un maillot de l’OM sur le dos. Tu sais déjà quels gestes tu vas réaliser ?
J’y pense et je vois tout ce que je vais faire. Mais parfois… [il montre son ventre] je suis un peu freiné dans mon élan par le poids des années.
L’idée de ton retour à Marseille est une des plus grandes arlésiennes du football. Revenir dans ces conditions, pour un match caritatif, c’est une manière de bien conclure cette histoire ?
Il y aurait pu avoir d’autres manières de revenir, mais ce cadre est très symbolique parce que la fondation Didier Drogba et l’éducation des jeunes en Afrique et en Côte d’Ivoire me tiennent à cœur. On y travaille depuis 2007, avec notamment ces objectifs qu’on essaie d’atteindre : la construction d’un centre de santé et d’une clinique mobile. Pour moi, c’est important de continuer dans ce sens. C’est pourquoi ce match à l’Orange Vélodrome est le bienvenu.
“Je suis parti de presque rien et j’ai réussi à jouer dans mon club de cœur”
Tu t’attends à quel genre d’accueil ?
Un accueil chaleureux. On parle de la fondation, de faire du bien, d’enfants, de leur donner une chance d’atteindre un niveau scolaire intéressant. Donc, oui, je m’attends à un bon accueil. [Il change de ton et fait mine d’être outré.] Pourquoi ? Faut pas me faire peur !
17 ans après ton départ, tu es toujours dans le cœur des Marseillais. Comment expliques-tu qu’en une saison tu as réussi à marquer un club avec une si grande histoire ?
En toute humilité, je pense avoir été moi-même, du début à la fin – et ce tout au long de ma carrière. Même quand j’étais moins bon, les gens étaient un peu plus tolérants, parce que j’étais moi-même et pas dans un rôle. Et comme eux, je suis supporter marseillais. On se reconnaît plus facilement.
Quand je pense que deux ou trois ans avant [d’arriver à Marseille], j’étais en tribunes Ganay pour voir un match de l’OM, et trois ans plus tard je suis sur la pelouse, comme ce fameux 6 mai, à réaliser ces schmilblick. C’est fou. Je pense que c’est ce qui fait rêver aussi. J’ai une carrière atypique, je suis parti de presque rien et j’ai réussi à jouer dans mon club de cœur. Beaucoup de jeunes marseillais en rêvent et c’est peut-être pour ça qu’ils s’identifient à moi.
Mercredi prochain, combien de buts vas-tu marquer ?
Comme à mon habitude, je ne fais pas de pronostics. Je sais que je vais marquer et que je vais faire marquer. Mais à cause du poids des années, je pense que je vais plus faire marquer que marquer [rires].