Une pizza alléchante, un sandwich dégoulinant de fromage, une assiette de pâtes à la tomate fumante… Ne vous y méprenez pas, les images que vous retrouverez sur les applications de livraison de nourriture à domicile ne seront pas toujours contractuelles et encore moins le reflet de la réalité. Aux États-Unis, un vent de révolte se lève contre les dark kitchens, qui ont de plus en plus recours aux images générées par IA. Car si les retouches photographiques sont bien autorisées pour embellir des plats ou des préparations, les applications comme DoorDash ou Grubhub interdisent formellement d’utiliser des photographies créées de toutes pièces.
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Dans une enquête pour 404 Media, le journaliste Emanuel Maiberg explique comment il est tombé sur cette piste et sur ce phénomène : “Il n’y a rien d’immédiatement et manifestement faux dans le plat présenté, mais lorsqu’on regarde plus attentivement les images, la crédibilité de la photographie commence à s’effondrer”, dit-il. “Il n’y a qu’à voir la planche à découper qui se confond avec le plan de travail, les contours imprécis des pâtes, les formes incohérentes ou les fourchettes à cinq branches…” Et pour confronter ces créations par IA à la réalité, le journaliste s’est amusé à commander lesdits plats et s’est évidemment confronté à quelques déceptions.
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Contactés par 404 Media, les porte-paroles d’applications de livraison de nourriture à domicile ont répondu à l’unisson que ces pratiques n’avaient pas lieu d’être sur leurs plateformes. “Nous n’autorisons pas l’utilisation d’images générées par l’IA et si nous constatons qu’un commerçant en utilise, nous supprimerons ces images de son menu”, explique Grubhub. “Nous savons à quel point il est important pour les clients d’avoir des attentes réalistes quant à ce qu’ils commandent et s’attendent à recevoir, c’est pourquoi nous partageons les directives en matière d’images avec nos partenaires et notre système examine les soumissions d’images avant qu’elles ne soient autorisées sur notre plateforme”, ajoute DoorDash.
Si, pour les restaurateurs, les raisons d’un tel recours semblent évidentes – de jolies photographies et illustrations à peu de frais –, pour d’autres, elles répondent à un manquement de la part des applications. Dans un post, un chef de restaurant reconnaît avoir eu recours aux générateurs d’images par IA par dépit, car les différents et nombreux photographes envoyés par les plateformes ne lui avaient pas fourni de résultats satisfaisants.
“Après avoir travaillé avec plusieurs photographes au fil des années, je n’ai jamais été pleinement satisfait des résultats. Les photographes envoyés par les applications semblent être particulièrement mauvais, et il n’y a rien de pire que quelques centaines de dollars et des frais de babysitting pendant un après-midi pour recevoir des photos décevantes lorsque vous récupérez ces photos, ce qui m’est arrivé environ cinq fois”, confie-t-il. En France, le phénomène ne semble pas encore avoir fait son apparition sur les applications comme Uber Eats ou Deliveroo, mais vous êtes désormais prévenu si, un de ces prochains jours, une photographie un peu trop alléchante vous fait de l’œil dans votre feed.