Coup dur pour les ostréiculteurs du bassin d’Arcachon : à quelques jours du Nouvel An, leurs huîtres qui agrémentent d’ordinaire les tables du réveillon ont été temporairement interdites à la vente par les autorités après “plusieurs cas de toxi-infections alimentaires collectives”. “Les symptômes sont ceux de la gastro-entérite aiguë et aucun cas grave n’est à déplorer à ce jour”, a souligné la préfecture de Gironde dans un communiqué publié mercredi soir, annonçant la mauvaise nouvelle.
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Des enquêtes de traçabilité sont en cours mais plusieurs signalements indiquent d’ores et déjà que les huîtres issues du bassin d’Arcachon “sont en cause”, des analyses menées sur des produits en élevage localement ayant confirmé la présence de “norovirus”, responsable de la gastro-entérite.
Les autorités sanitaires ont relevé de leur côté dans la région, autour de Noël, une hausse des passages aux urgences pour symptômes gastro-intestinaux liés à une même origine alimentaire, selon le journal Sud Ouest. La préfecture a donc interdit provisoirement les activités de pêche, de récolte et de commercialisation destinées à la consommation humaine de l’ensemble des coquillages en provenance du bassin d’Arcachon, y compris du banc d’Arguin, au large de la dune du Pilat.
“À compter de ce jour, les lots de coquillages récoltés ou pêchés sur ces zones doivent être retirés de la vente. Il est demandé aux personnes qui détiendraient des coquillages provenant de ces zones de ne pas les consommer et de les rapporter au point de vente”, indique le communiqué préfectoral.
Cette mesure, qui sera levée “dès lors que la qualité sanitaire des coquillages sera redevenue pleinement satisfaisante”, affecte au premier chef les ostréiculteurs qui écoulent une grosse partie de leur production en fin d’année. La production locale d’huîtres est d’environ 8 000 tonnes par an, soit moins de 10 % de la production nationale – dont la moitié vient de Marennes-Oléron (Charente-Maritime) –, selon les derniers chiffres disponibles du Comité régional de la conchyliculture Arcachon Aquitaine (CRCAA) et de l’Agreste (statistique agricole).
“Onde de choc”
“Pour ceux qui travaillent avec la grande distribution, la période des fêtes représente jusqu’à la moitié de leurs volumes, avec les deux tiers vendus à Noël et un tiers pour le Nouvel An”, explique à l’AFP Thierry Lafon, un producteur installé à Gujan-Mestras. “Il y a l’impact immédiat, le manque à gagner, et puis l’onde de choc : les huîtres qui ne seront pas vendues maintenant vont saturer le marché”, poursuit-il. “C’est un produit vivant, on ne peut pas les mettre sur une étagère en disant qu’on verra plus tard, il va falloir gérer un stock encombrant.”
Le CRCAA anticipe ainsi pour les professionnels “une crise économique sans précédent” et demande “qui va payer l’addition”. Les producteurs se disent “victimes de la saturation des réseaux d’eaux usées et d’eaux pluviales” qui engendre “des débordements dans le milieu naturel”, contaminant les zones d’élevage.
Pour Thierry Lafon, le problème est connu depuis longtemps : “On a un réseau d’assainissement très convenable, souvent pris en exemple, mais la gestion des eaux pluviales est lamentable.” “On a eu des pluies importantes pendant un mois et demi, les nappes affleurent, et dans ces cas-là, quelques centimètres d’eau sur la chaussée suffisent à envahir le système d’assainissement. Les canalisations n’ont plus la capacité de faire passer tout ce flux et ça déborde dans le milieu marin, qui devient insalubre”, détaille l’ostréiculteur.