Les Girondins de Bordeaux, rétrogradés en National, ont renoncé jeudi au statut professionnel obtenu en 1937, une décision aux “conséquences funestes”, selon le maire de la ville Pierre Hurmic, qui déplore notamment la fermeture du centre de formation.
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Dans un communiqué publié jeudi soir, le club, qui avait terminé 12e de L2 mais a été sanctionné pour ses errements financiers, indique avoir “déposé le bilan” mardi auprès du Tribunal de commerce “afin d’entamer la restructuration nécessaire”, ce qui aura pour conséquence “très prochainement” “l’ouverture d’une procédure collective qui entraînera automatiquement la perte du statut professionnel du club”.
Objectif remontée en National 1
La saison de National (3e division) débutant mi-août, le club a préféré “renoncer à demander le maintien de son statut professionnel faute de quoi il aurait dû se présenter à nouveau devant la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion) avec un budget ne correspondant pas à (s)a réalité à venir […], ce qui aurait pu le conduire à des sanctions supplémentaires lourdes”. Cet “effort de transparence” sur “la situation réelle du club” “doit notamment permettre de limiter les conséquences sportives de cette situation”, poursuivent les Girondins qui ont “pour objectif d’évoluer en National 1 la saison prochaine, pour permettre, au plus vite, le retour du Club, avec des finances assainies et une ambition renouvelée, au plus haut niveau”.
L’équipe sextuple championne de France pouvait pourtant espérer conserver le statut professionnel, et donc son centre de formation, si elle était autorisée à repartir en National, division hybride mêlant clubs pro et amateurs. Mais sa direction, qui espère que le tribunal de commerce privilégiera le redressement judiciaire à une liquidation pure et simple, a semble-t-il préféré faire table rase des contrats en vigueur en raison des difficultés du club, qui cherchait 40 millions d’euros pour assainir ses comptes et boucler son budget 2024-2025 en L2.
En difficultés financières chroniques, les Girondins avaient déjà été rétrogradés administrativement en 2021 (de L1 à L2) et en 2022 (de L2 à National), avant d’être repêchés in extremis. Mais cet été, le propriétaire du club Gérard Lopez a refusé de remettre la main à la poche après avoir investi près de 60 millions d’euros aux côtés de ses associés de Jogo Bonito depuis 2021.
Le maire de la ville et Bixente Lizarazu indignés
“J’apprends avec consternation la décision soudaine autant que personnelle de Gérard Lopez”, a cinglé Pierre Hurmic dans une déclaration transmise à l’AFP. “Elle confirme des choix de gestion hasardeux qui ont amené en trois saisons notre club qui évoluait dans l’élite de la L1 au niveau amateur.”
“L’abandon du statut professionnel aura des conséquences funestes avec, en premier lieu, la disparition du centre de formation”, ajoute le maire écologiste, qui affirme “que d’autres options étaient et seraient encore possibles pour sauver le club”. “Si la gouvernance actuelle n’a plus le ressort, les moyens, l’envie de défendre avec énergie la survie de notre club centenaire, patrimoine commun de notre territoire, alors, elle doit en tirer toutes les conséquences”, conclut-il.
Cet abandon de statut met un terme à 87 années d’appartenance du FC Girondins de Bordeaux au football professionnel français et liquide son très réputé centre de formation, où ont notamment été formés les internationaux français actuels Jules Koundé (FC Barcelone) et Aurélien Tchouaméni (Real Madrid). Se pose également la question de l’avenir du personnel administratif (90 salariés).
Reste à savoir aussi dans quelle division repartira le club où ont brillé Alain Giresse, Jean Tigana, Zinédine Zidane ou encore Bixente Lizarazu, une possible rétrogradation additionnelle étant prévue dans les textes en cas de redressement judiciaire.
“Je suis dégoûté comme tous ceux qui aiment ce club”, a réagi Bixente Lizarazu, champion du monde 1998, sur Instagram. “Mais ce qui se passe est malheureusement la conséquence d’une gestion sportive et financière désastreuse depuis de nombreuses années. Depuis l’arrivée de Gérard Lopez, cela dépasse l’entendement et l’entêtement. Ce Monsieur doit disparaître de Bordeaux et de notre cher Sud-Ouest.”