La région Île-de-France coupe ses subventions aux clubs de basket favorables au hijab

La région Île-de-France coupe ses subventions aux clubs de basket favorables au hijab

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© Photo Nicola Fioravanti / Unsplash

Alors que la fédération venait de recevoir une pétition réclamant le droit de porter "un couvre-chef sportif".

La région Île-de-France a décidé mardi de couper ses subventions aux clubs de basket franciliens ne respectant pas l’interdiction du port du hijab en compétition, quelques jours après une pétition reçue par la fédération (FFBB) réclamant le droit de porter “un couvre-chef sportif”.

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“Si les signataires persistent, plus un euro !”, assure à l’AFP le vice-président de la région IDF en charge des sports, Patrick Karam, qui a reçu mardi le président de la Fédération française de basket-ball (FFBB) Jean-Pierre Siutat pour évoquer la question du port du hijab. Le président de la FFBB a sollicité la région après avoir reçu il y a quelques jours un courrier, validé par 69 clubs de basket majoritairement franciliens (près de 3 800 clubs en France), demandant l’abrogation de l’article du règlement de la FFBB qui interdit le port des équipements “à connotation politique et religieuse”.

Ce courrier d’un conseiller municipal de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), s’ajoute à une vidéo de ce même conseiller postée sur les réseaux sociaux dimanche déplorant qu’un match de basket entre filles de moins de 13 ans (U13) n’ait pu être joué car certaines d’entre elles portaient un hijab, assure Patrick Karam. “Ce monsieur s’est mis en scène avec des filles de 12 ans, vous vous rendez compte, pour défendre le port du hijab”, déplore Patrick Karam.

Pas de voile pour les Françaises aux JO

Certains sports autorisent le port du voile, d’autres non. La Fédération internationale de basket l’autorise depuis 2017, mais la FFBB ne l’a jamais permis dans ses compétitions. Sollicité par le président de la FFBB, Jean-Pierre Siutat, le vice-président de la région, a donc organisé une réunion jeudi pour évoquer le sujet, puis une autre mardi. “Tout le monde était d’accord avec moi quand j’ai proposé de ne plus donner un euro à ces clubs qui ne voudraient pas respecter cette interdiction”, assure-t-il. “Certains clubs sont en train de se désister, j’ai appelé certaines mairies qui ne savaient même pas que leur club avait signé cette pétition”, assure Patrick Karam.

En revanche, aucun chiffre ni aucune estimation du nombre de jeunes femmes concernées n’ont été donnés par la FFBB ou la région. Contactée par l’AFP, la FFBB a indiqué que son président ne s’exprimait pas sur le sujet. En janvier, le cas d’une joueuse évoluant en Nationale 3 à Aubervilliers, interdite de parquet lors d’un match en raison de son hijab avait été relaté par Le Parisien, mais il est difficile de savoir si ce cas de figure s’est présenté de nouveau, et si oui combien de fois.

La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a récemment rappelé l’interdiction pour les sportives sélectionnées en équipe de France de porter le voile pendant les JO de Paris, une proscription découlant de la décision du Conseil d’État du 29 juin. La plus haute juridiction administrative française avait décidé de maintenir le règlement de la FFF interdisant de jouer voilée au football après un recours engagé par le collectif des Hijabeuses.

L’Onu avait alors rappelé son opposition de principe au fait d’imposer aux femmes ce qu’elles doivent porter ou pas, réagissant à l’interdiction faite aux athlètes françaises de porter le voile islamique aux Jeux olympiques en France au nom de la laïcité. “De manière générale, le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme estime que personne ne devrait imposer à une femme ce qu’elle doit porter ou non”, a déclaré la porte-parole du Haut-Commissariat, Marta Hurtado, en réponse à une question lors du point de presse régulier de l’Onu à Genève, sur les déclarations dimanche de la ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castéra.