Le Monégasque Mohamed Camara, qui a masqué le logo contre l’homophobie floqué sur son maillot lors de la dernière journée de Ligue 1, a écopé de quatre matches de suspension, a annoncé jeudi soir la Ligue de football professionnel (LFP).
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C’est une sanction relativement clémente pour le joueur malien qui a répondu à sa convocation par visioconférence depuis Monaco. Il pouvait être suspendu jusqu’à 10 matches, selon le barème disciplinaire de la Fédération française de football. D’autant que le milieu de terrain a refusé toutes les propositions d’actions de sensibilisation à la lutte contre l’homophobie pour obtenir une sanction plus légère.
“Après audition du joueur Mohamed Camara et prenant acte de son refus en séance d’effectuer une ou plusieurs actions de sensibilisation à la lutte contre l’homophobie”, la commission de discipline de la LFP “décide de lui infliger quatre matches de suspension ferme”, a écrit l’instance dans un communiqué. Le milieu, qui pourra disputer deux rencontres avec la sélection nationale du Mali début juin, sera suspendu pour les quatre premiers matches de Ligue 1 la saison prochaine, débutant le 16 août.
“Nous prenons acte de la décision de la Ligue que nous attendions et nous ne ferons pas appel de cette décision. En tant que club, nous n’étions pas d’accord avec ce qu’il [Camara] avait fait”, a réagi auprès de l’AFP Thiago Scuro, le directeur général de Monaco. L’ASM, qui avait présenté ses excuses à la LFP et évoqué de possibles sanctions en interne, n’a pas assisté Camara devant la commission.
“Notre préoccupation était surtout de faire face à cette situation, de rendre la position de notre club claire sur le sujet, et d’expliquer à Mo que son comportement pouvait être différent”, a ajouté Thiago Scuro. “L’AS Monaco soutient l’action de la Ligue, la lutte contre les discriminations, l’action contre l’homophobie, c’est clair pour nous, c’est également clair pour Mo”, a-t-il conclu.
Dans le cadre d’une campagne de lutte contre l’homophobie pilotée par la LFP à l’occasion de la 34e et dernière journée de Ligue 1 le 19 mai, Camara avait collé des “straps” sur le logo contre l’homophobie floqué sur sa poitrine et porté par tous les joueurs, entraîneurs et arbitres. Il n’avait pas davantage participé à la photo protocolaire d’avant-match où les équipes de Monaco et de Nantes posaient devant le slogan symbole de la lutte contre l’homophobie.
“Un tel comportement doit faire l’objet des sanctions les plus fermes à la fois contre le joueur mais aussi contre le club qui l’a laissé faire”, avait estimé le lendemain la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra.
Mohamed Camara avait en revanche reçu le soutien de personnalités maliennes et de nombreux compatriotes sur les réseaux sociaux, au nom du respect des convictions personnelles et religieuses. La Fédération malienne de football avait elle-même assuré le joueur de son soutien, “dans l’exercice de sa liberté d’expression et son corollaire, [celle] de ne pas s’exprimer”.
De son côté, Yoann Lemaire, de l’association Foot Ensemble, avait réclamé une sanction exemplaire, espérant qu’elle “soit intelligente”, en suggérant de proposer à Camara “des ateliers de sensibilisation au centre de formation de Monaco”, ce que le joueur a donc refusé de faire, s’exposant à une plus lourde sanction au contraire de Kévin N’Doram, seul cas précédent devant la commission de discipline de la Ligue.
En août 2023, le joueur de Metz avait été condamné à un match de suspension avec sursis pour avoir tenu des propos homophobes à la mi-temps d’un match contre Marseille. Le milieu défensif avait toutefois présenté ses excuses à la fin de la rencontre et avait accepté de participer à des ateliers de sensibilisation à la lutte contre les discriminations organisés par la LFP.