Si l’on se fie à la moyenne des prix pratiqués sur l’Internet, il ne faut pas compter plus d’une centaine d’euros pour un costume de kebab digne de ce nom. Mais alors, comment le Canada a-t-il bien pu voir, sur son sol, un costume se vendre, et s’arracher, pour une somme de près de 11 000 euros ?
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Tout commence par une décision politique : il y a quelques semaines, la province d’Alberta a annoncé vouloir se séparer d’un de ses biens les plus précieux, ou presque, à savoir un costume de kebab emballé dans de l’aluminium qu’elle détenait depuis plusieurs années. D’une hauteur d’1,42 mètre, ce dernier a été mis aux enchères pour 50 dollars canadiens, soit environ 35 euros. Une bonne affaire, compte tenu de son “excellent état”.
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Sauf que les enchères ont pris un tournant pour le moins inattendu quand, quelques jours seulement après la mise en ligne de l’annonce, elles se sont élevées à près de 6 000 dollars canadiens. La raison d’un tel emballement ? Un désaccord entre deux potentiels acquéreurs qui n’arrivaient pas à s’entendre sur la composition dudit kebab, et notamment sur la pertinence de la présence d’une feuille de salade ou non à l’intérieur. Car contrairement à ce que l’on pouvait croire depuis le début, le costume en question ne représentait pas un kebab… mais un “donair”, une variante du döner kebab qui tire sa différence de la sauce qu’il contient : une sauce sucrée à base de lait concentré.
Plusieurs acheteurs potentiels étaient alors catégoriques : la salade n’a pas sa place dans un donair. Ainsi, s’ils parvenaient à mettre la main sur le costume, ils affirmaient à qui veut bien l’entendre qu’ils retireraient immédiatement la feuille de laitue du costume. Une question d’honneur, d’orgueil, et de tradition aussi. Une menace qu’Adil Asim, propriétaire d’une enseigne de donair et de poutine, n’a pas prise à la légère, rapporte The Guardian.
“J’ai rejoint les enchères car je voulais acheter un costume de donair pour mon restaurant, mais ce qui m’a poussé à y rester, ce sont les menaces contre la salade proférées par les autres acheteurs potentiels”, dit-il, non sans véhémence. “Je suis né et j’ai grandi dans la province d’Alberta. J’y mange des donairs depuis quarante ans, et j’en vends depuis 18 ans. Je sais avec certitude que près de 90 % des donairs vendus dans l’Alberta contiennent de la laitue.”
Après presque 1 710 enchères au total, le costume lui est finalement revenu. Et ce n’est pas immérité, compte tenu de son implication. “J’étais prêt à mettre beaucoup plus s’il le fallait”, a-t-il ajouté. L’un de ses principaux rivaux dans cette quête, Steve Wallis, lui aussi canadien, a accepté d’abandonner les enchères après avoir obtenu d’Adil Asim la promesse de s’engager pour une initiative caritative en faveur d’une banque alimentaire de la ville d’Edmonton. Contrairement à ce dernier, Steve Wallis n’avait pas vraiment en tête l’idée de défendre mordicus la composition officielle et traditionnelle du donair mais plutôt de rendre hommage à son épouse décédée avec qui il avait exploré de nombreux restaurants et snacks de la Nouvelle-Écosse afin de voir, en vrai, tous les lieux de naissance présumés du célèbre sandwich.