Pour être tout à fait honnête, nous n’avions pas prévu d’écrire aussi tôt un volet de notre série “La CAN à la maison” consacré à l’Algérie. Les champions d’Afrique en titre sont arrivés au Cameroun dans la peau des grandissimes favoris, mais après deux contre-performances (nul contre la Sierra Leone et défaite contre la Guinée Équatoriale), les Fennecs jouaient leur survie ce jeudi contre la Côte d’Ivoire. Victoire obligatoire.
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Dans “le repère des DZ”
On ne pouvait donc pas rater ce match couperet et une éventuelle réaction d’orgueil des hommes de Djamel Belmadi, d’autant plus face à une équipe ivoirienne déjà qualifiée avant le coup d’envoi. Pour regarder cette rencontre qui sentait le soufre avant même les premières minutes, on suit Donia Ismail, Social editor chez Slate, accompagnée de ses amies Sarah et Neïla.
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Le rendez-vous est pris au Bal Rock, un bar sportif dans le IIe arrondissement à Paris, “le repère des DZ” depuis la précédente CAN, nous explique Donia, qui profite des possibilités offertes par le télétravail pour y suivre la rencontre. Sur place, les supporters des Verts ont répondu présent et occupent les deux étages de l’établissement. Une petite surprise pour la bande d’amies. “Ils étaient où dimanche (contre la Guinée Équatoriale, ndlr) ?, s’étonne Sarah. C’est quand on va être éliminé qu’ils viennent tous !” Mais pas le temps de râler, l’hymne retentit.
Les nerfs sont tendus
Sur les premières minutes du match, les visages sont serrés. Chaque début d’action des Fennecs, chaque intervention, chaque coup de pied arrêté obtenu est salué par une salve d’applaudissements, mais sans plus de ferveur. Il faut dire que le jeu proposé par l’équipe d’Algérie n’aide pas à s’emballer. Alors on discute pour meubler. “Imagine, t’es sur le toit de l’Afrique et tu sors en poule”, s’inquiète Donia entre deux coups d’œil sur Slack. Sarah : “Si c’est pas pour nous, c’est pas pour nous.” Cinglant mais réaliste.
Un couple de supporters algériens venus soutenir les Fennecs. – © Konbini Sports
Après une première alerte sur les cages de Raïs M’Bolhi, l’Algérie se procure sa première occasion à la 13e minute. “À quelle heure tu rates ça”, s’émeut le trio d’amies devant le raté d’Aissa Mandi. Moins de 10 minutes plus tard, giga clim au Bal Rock et cris d’horreur dans la salle : la Côte d’Ivoire ouvre le score au terme d’une belle action. Un gros quart d’heure plus tard, l’ambiance se dégrade davantage avec le deuxième but des Éléphants. “Venez on rentre”, dit Sarah, sur un ton mi-sérieux mi-ironique. Si nous restons finalement, c’en est déjà trop pour une dizaine de supporters qui quittent les lieux.
“C’est fini pour moi la CAN !”
À la mi-temps, on prend le temps d’analyser ce qui ne va pas côté algérien dans cette CAN. Des critiques contre l’état de la pelouse sont émises, mais cela n’explique pas tout pour Donia, qui invoque la “pression”, le nouveau statut “d’équipe à battre” et des joueurs qui “ont pris la grosse tête”. “L’Algérie est menée 2-0”, annonce le commentateur de BeIn Sports avant la reprise de la deuxième période. “Ça fait bizarre d’entendre ça”, réagit-elle.
Dans ce second acte, le calvaire se poursuit pour les supporters algériens. Les Ivoiriens enfoncent le clou par Nicolas Pépé (3-0). Le public est amorphe. Et il n’est pas au bout de ses surprises. Cinq minutes plus tard, Riyad Mahrez rate son pénalty. “C’est fini pour moi la CAN !, s’écrie Neïla. C’est pire que du maraboutage [ce qui se passe].” Et alors que tout espoir avait disparu, Sofiane Bendebka réveille tout le bar et tout un peuple en réduisant l’écart.
“One, two, three, viva l’Algérie”
Il reste un gros quart d’heure à jouer et les fans présents au Bal Rock mettent l’ambiance et se remettent à y croire. Marquer trois buts en aussi peu de temps, on l’a déjà vu dans l’histoire du foot. Les Fennecs poussent mais manquent de justesse dans le dernier geste. L’horloge tourne et à la 93e Habib Maïga éteint définitivement tout espoir en plantant un 4e pion pour la Côte d’Ivoire. Le bar se vide quasi instantanément et tant pis si finalement le but est refusé pour hors-jeu. Sur le chemin de la sortie, une poignée de supporters entonnent le mythique “One, two, three, viva l’Algérie”, comme un baroud d’honneur.
Après cette lourde défaite, Donia philosophe : “On ne peut pas être champion pendant 6 ans”. Mais pour cette supportrice, la CAN n’est pas finie. Si l’Algérie, le pays de sa mère est éliminée du tournoi, l’Égypte, pays de son père, est toujours en lice. En 8e de finale, les Pharaons affronteront… la Côte d’Ivoire, dans un remake de la finale de la CAN 2006. “Mon premier souvenir de foot”, se rappelle-t-elle. Cette année-là, l’Égypte avait remporté la compétition.