Les Américains se prêtent souvent au jeu du “What if?”, un procédé qui consiste à changer un événement clé d’une histoire pour en tirer une nouvelle issue. Marvel Studios a sorti une série télévisée intitulée What If…? Elle propose des scénarios différents pour chacun des personnages principaux de l’œuvre originale. Ce procédé est souvent utilisé dans le sport, en NBA notamment, à l’instar de : “Et si Michael Jordan avait raté ‘The Shot’ en 1989, qu’en serait-il de sa carrière ?”
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On s’est donc demandé ce qui aurait pu se passer si certains événements footballistiques français s’étaient déroulés autrement.
Et si Schumacher n’avait pas assassiné Battiston…
“Séville 82” : ces mots résonnent dans beaucoup de têtes. Demi-finale de Coupe du monde qui oppose l’Allemagne de l’Ouest à la France. Si vous ne l’avez pas vécue, vos parents en ont forcément déjà parlé, souvent au pire moment. Tu vis ta première désillusion footballistique et le seul truc qu’ils trouvent à dire c’est : “Heureusement que t’as pas connu Séville 82.”
C’est quand on revoit les images qu’on se rend compte que la VAR, ce n’est pas si mal. Ceux qui ont vécu cet événement se demanderont toujours quelle aurait été l’issue du match si Schumacher n’avait pas assassiné Battiston de la sorte, ou si les Allemands avaient au moins été pénalisés. Parce que si le geste est choquant, le manque de répercussion l’est encore plus, puisque l’arbitre n’a pas sanctionné le gardien allemand ni sifflé de penalty.
La France se fait finalement sortir aux tirs au but. C’est à cet instant que l’image de Schumacher qui sort sur Battiston commence à tourner en boucle dans les têtes. Mais alors, que se serait-il passé si nous étions sortis vainqueurs ? On aurait pu gagner cette Coupe du monde face à l’Italie. Deux ans plus tard, en 1984, on aurait pris l’Euro. Doublé historique, la France serait l’une des plus grandes nations de football, elle investirait dans des infrastructures et un meilleur développement de ses jeunes talents. Aujourd’hui, nous cumulerions 6 étoiles sur le maillot…
Et si Ginola n’avait pas centré…
On recontextualise : il reste vingt secondes à jouer, le tableau des scores affiche 1-1. Parfait, t’es deuxième de ton groupe, qualifié en Coupe du monde d’un petit point sur ton adversaire direct du soir, la Bulgarie. T’es excentré, sur le flanc droit de l’attaque, si tu conserves la balle, il ne peut plus rien t’arriver. Pourtant, David Ginola a décidé de centrer… Dix-huit secondes à jouer au moment où il déclenche sa passe. Récupération Bulgare, contre-attaque fulgurante, Kostadinov allume la lucarne bleue, 1-2, la France n’est plus qualifiée en Coupe du monde. Que se serait-il passé si Ginola avait gardé le ballon ? On aurait vraisemblablement évité l’un des plus gros échecs sportifs de l’histoire du football français.
Et si Zidane avait retenu son coup de tête…
“Pas ça Zinédine, pas ça Zinédine, oh non pas ça, pas aujourd’hui, pas maintenant, pas après tout ce que tu as fait.” Comment introduire ce terrible événement avec d’autres mots que ceux du grand Thierry Gilardi ? Zinédine Zidane, 34 ans, revient en bleu pour une ultime Coupe du monde. En mission, il survole la compétition et nous emmène jusqu’en finale. Il ne reste plus que dix minutes avant la séance de tirs au but qui départagera définitivement les deux équipes. Le capitaine de l’équipe de France est à dix minutes de signer l’une des plus grandes performances de l’histoire de la compétition. Et là, l’inimaginable se produit… Zinédine Zidane assène un coup de tête à Materazzi et se fait exclure du terrain. Il était arrivé sauveur, il repart bourreau.
L’image passe en boucle dans encore beaucoup de têtes. Un tel gâchis, à dix minutes de la fin d’une Coupe du monde… Il condamne ses coéquipiers mais entache également son immense carrière en bleu, à laquelle il aurait pu mettre un terme de la plus belle des manières. Son dernier match avec l’équipe de France devait être un sacre légendaire, car Zidane n’aurait pas tremblé devant Buffon. Auteur d’une panenka en première mi-temps, il était dans la tête du portier italien. Quand on sait la légende qu’est Zinédine Zidane aujourd’hui, on ne peut que regretter qu’il n’ait pas connu une fin plus glorieuse.
Et si le poteau de Gignac était rentré…
Finale de l’Euro chez nous contre une équipe du Portugal qu’on estimait plus faible. L’équipe de France se trouve plus en difficulté que prévu. À quelques minutes de la prolongation, le score est toujours de 0-0. Peu en vue durant la compétition, André-Pierre Gignac reçoit le ballon dans la surface. Dos au but, il se retourne et met Pepe dans le vent avant d’enchaîner une frappe sur le poteau. Il a bien failli libérer tout un peuple. Malheureusement, c’est Éder, l’attaquant portugais, qui a fini par s’en charger. En prolongation, d’une frappe lointaine, il bat Hugo Lloris et sacre le Portugal. Bizarrement, ce terrible souvenir n’est plus si douloureux. Un gros remontant est arrivé deux ans après, et le futur de l’équipe de France est promis à de nombreux Euros.
Et si Randal Kolo Muani avait allumé Emiliano Martinez
La plaie n’est pas seulement douloureuse, elle est surtout fraîche, très fraîche… On est à la 123e minute de la plus grande finale de Coupe du monde qu’il nous ait été donné de voir. La balle arrive sur le pied fort de Randal Kolo Muani, il est seul face au gardien et il déclenche une reprise de volée. Et là, tout s’arrête : le temps, les respirations, les cris, tout. On ne voit plus que la balle, elle progresse petit à petit et s’apprête à délivrer un peuple et à condamner l’autre.
On est prêts à exulter, on repense à tout l’enjeu qu’il y a dans cette frappe : une deuxième Coupe du monde d’affilée, la consécration pour Kylian Mbappé après sa performance stratosphérique. La consécration également pour Randal Kolo Muani, car personne ne l’attendait là, et pourtant, c’est lui qui est venu sonner la révolte en finale de Coupe du monde. Et surtout, on pense à toute la joie que va nous procurer ce but libérateur. On se lève, prêt à célébrer. Mais le gardien argentin, Emiliano Martinez, nous ramène vite à la réalité. Il sort une parade venue d’ailleurs et envoie les deux équipes en séances de tirs au but. On est forcément frustrés, mais sur le moment, ce n’est qu’un fait de jeu… que l’issue du match transformera en ultime regret.
Si cette frappe n’a pas libéré un peuple, elle a en revanche forgé un groupe, revanchard et prêt à tout pour connaître l’euphorie d’une consécration en bleu. En effet, à l’inverse de la Coupe du monde 2006, le collectif de l’équipe de France est jeune et a encore beaucoup à accomplir.