Jerry West, légende des Lakers et “logo” de la NBA, est mort

Jerry West, légende des Lakers et “logo” de la NBA, est mort

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© Allen Berezovsky/Getty Images

Sa silhouette a servi de modèle au logo de la NBA.

Personnage tourmenté qui fut poursuivi toute sa vie par la dépression, Jerry West, décédé mercredi à 86 ans, a marqué la NBA grâce à son talent de scoreur, au point de servir de modèle au logo officiel de la ligue à partir de 1969.

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Il était l’“incarnation de l’excellence du basket”, a affirmé le club des Los Angeles Clippers qu’il avait rejoint en 2017 comme consultant, sans dévoiler les causes de son décès.

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Meurtri par une enfance difficile, Jerry West le fut aussi par une incroyable série de sept échecs en finale de NBA. Le titre suprême finalement décroché avec son club de toujours, les Los Angeles Lakers, deux ans avant la fin de sa carrière (1960-1974), ne compensa pas les frustrations du passé.

“Il y a un gouffre dans mon cœur qui ne pourra jamais être comblé”, disait ce redoutable shooteur, dont l’un des rares moments de pur bonheur fut la médaille d’or olympique gagnée à Rome aux côtés d’une autre future légende du basket, Oscar Robertson.

De taille moyenne pour son sport (1,91 m), cet arrière/meneur avait l’irremplaçable talent de marquer dans les moments chauds. “On n’a jamais vu un joueur aussi ‘clutch'”, disait son coéquipier Pat Riley, qui fut par la suite un grand entraîneur.

Il termina sa carrière à plus de 27 points de moyenne par match, à une époque où le tir à trois points n’existait pas. Quatorze fois sélectionné au All Star Game, il était aussi un excellent défenseur.

West était né à Cabin Creek, un village de Virginie Occidentale, dans une famille de six enfants où il était battu par son père.

En 1951, à l’âge de 13 ans, il fut traumatisé par la mort de son frère aîné à la Guerre de Corée. Il se réfugia dans la solitude, le mutisme et… le basket, chaque jour pendant des heures.

À l’université, West perdit avec West Virginia en finale de la NCAA contre California, la première d’une longue série de désillusions.

Recruté en 1960 par les Lakers, qui venaient de déménager de Minneapolis à Los Angeles, il forma un duo flamboyant avec un autre grand joueur, Elgin Baylor. Mais à six reprises, ses espoirs se fracassèrent sur l’invincible équipe des Boston Celtics de Bill Russell. Jusqu’à la fin de sa vie, il détesta se rendre dans la grande cité du Massachusetts.

Son prestige personnel ne cessa de monter, mais la consécration collective le fuyait. En 1965, il établit un record dans une série de play-offs en marquant 46 points de moyenne en demi-finale contre Baltimore. En 1969, il fut le seul joueur de l’histoire à être élu MVP de la série finale en l’ayant perdue, grâce notamment à ses 42 points lors du match 7 fatal. “C’était affreux, je voulais vraiment arrêter le basket, c’était trop douloureux”, dit-il plus tard.

Après les Celtics, ce furent les New York Knicks qui devinrent ses grands rivaux lors de trois finales en quatre ans au début des années 1970. À la deuxième (sa huitième au total!), avec le renfort de la superstar Wilt Chamberlain (arrivée en 1968), West souleva enfin le trophée tant convoité, mais cette joie “n’effaça jamais la douleur de certaines défaites”. L’année suivante, il perdait une huitième finale, contre les Knicks.

Après sa retraite de joueur en 1974, il entraîna les Lakers de 1976 à 1979 puis entra dans l’encadrement et devint manager général à partir de 1982 pendant deux décennies qui correspondirent à l’époque dorée de la franchise (8 titres entre 1980 et 2002). Ce fut lui notamment qui orchestra les recrutements fructueux de Kobe Bryant puis de Shaquille O’Neal.

Il avait ensuite rejoint les Warriors de Golden State comme membre du conseil d’administration (2011-2017) avec qui il a gagné deux titres NBA, puis les Clippers en 2017.

En 2011, marié et père de cinq enfants, il présenta une image très sombre de lui-même dans une autobiographie intitulée “My charmed, tormented life (Ma vie bienheureuse et tourmentée)”, où il se décrivait comme une “personne distante, insondable et imprévisible” que ses “démons intérieurs” avaient toujours empêché d’apprécier ses réussites.