Les épisodes vont être moins drôles en l’absence de Jean. Éliminé en dixième semaine du concours, le cuisinier de 25 ans s’en va sans regret, fier de son parcours. C’est l’incontournable épreuve de la guerre des restos qui aura eu raison de lui, avant que Danny lui assène le coup final.
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Originaire d’Auvergne, Jean pratique une cuisine simple, logique et spontanée qu’il tient de sa grand-mère, ancienne responsable d’une école hôtelière. Joie et convivialité sont ses ingrédients préférés. L’Auvergnat est plus au service de l’instant partagé que du plat en lui-même.
Après une formation à l’Institut Paul Bocuse et plusieurs stages effectués en France, Jean s’envole pour le Portugal en 2017 où il a décroché son premier poste de chef de parti au restaurant de l’hôtel InterContinental Estoril. Les années qui suivent, Jean continue de collaborer dans le groupe hôtelier à Marseille puis à Malte avant de revenir en France pour exercer le poste de chef exécutif dans le restaurant bistronomique de l’hôtel Le Belleval.
Konbini | C’est quoi ton premier ressenti quand tu arrives sur le tournage ?
Jean | Franchement, c’est incroyable. Tu te rends compte qu’il y a plein de profils différents, tu vois Danny, tu te dis : “Eh mais lui c’est le mec qui fait des vidéos.” C’est assez marrant, de mon côté, je me suis vite lié d’amitié avec les deux frères (Mathieu et Jacques).
En vrai, j’ai détendu l’atmosphère direct. Je suis arrivé avec ma veste de cuisine. Ce n’était pas pour faire exprès, mais sur la veste, j’avais un petit espace au niveau du col, et on avait des Damart blancs en dessous, du coup ça me faisait un habit de curé. En plus avec ma tête d’enfant de chœur, je me suis amusé à imiter le prêtre qui baptisait les gens.
Tu avais des appréhensions sur certains candidats ?
Ah mais tous les candidats me faisaient peur. Je rigolais, mais c’était une façade. Je me disais : “Oh là là, qu’est-ce que je fous là ?” Tous les candidats avaient leur parcours professionnel, ils avaient fait de grosses maisons.
Moi, mon but, c’était d’intégrer la brigade de Paul Pairet et de ne pas sortir le premier jour, pour que mes parents me voient assez longtemps à la télé. Mais franchement, je ne pensais pas arriver aussi loin.
Tu as bien rempli le contrat.
Ah ouais, là, franchement… C’est pour ça que quand on me demande si je ne suis pas trop déçu de partir, je réponds que pas du tout. Je n’ai aucun regret sur mon parcours.
Tu dis que c’est une façade, mais pendant les épreuves, on te voit rarement submergé par tes émotions, tu es assez détendu. Elle vient d’où cette sérénité ?
Moi, ce que je me dis, c’est qu’avant tout, il faut se faire plaisir. Je n’ai pas envie de me faire passer pour quelqu’un d’autre. J’ai mes compétences, elles sont ce qu’elles sont. Je ne suis pas un grand technicien, je ne connais pas énormément de produits, mais je sais ce dont je suis capable, je fais ce qui me fait plaisir, j’apporte ma cuisine. Si ça passe, tant mieux, si ça ne passe pas, c’est parce que les autres étaient meilleurs que moi.
Je ne me suis jamais trop mis la pression vis-à-vis des autres, je me suis toujours dit : “Ce que je vais faire, c’est un bon plat, ça va intéresser les chefs”, que je gagne ou que je ne gagne pas, ce n’est pas ma préoccupation première, moi je veux me faire plaisir. Quand tu attaques une épreuve avec cet état d’esprit, tu n’as plus le stress négatif qui te fait perdre tes moyens.
Elle te vient d’où, ta passion pour la cuisine ?
Je me suis mis à cuisiner avec ma maman, parce que j’adorais participer à ces moments de bonne humeur et de joie qu’on passait autour de la table. Dans ma famille, on a pas mal d’activités à droite à gauche, pendant la journée chacun vit un peu sa vie. Alors, au moment de passer à table, on passe notre temps à discuter, on se raconte plein de choses. Moi ça me faisait plaisir d’être acteur de ça.
Au moment de me demander ce que je voudrais faire comme travail, j’ai appris que je pouvais gagner des sous en cuisinant, et je me suis tout de suite dit que c’était ça que je voulais faire.
Et aujourd’hui, tu la définirais comment, ta cuisine ?
J’ai horreur de définir ma cuisine, je fais ça pour me faire plaisir. Je ne me considère pas comme un artiste ou comme quelqu’un qui dirait : “Alors, moi, ma cuisine elle est comme ci, comme ça.” Je préfère organiser des moments de table. L’assiette, c’est juste un prétexte pour se rassembler, partager des moments.
Moi, ce que j’aime, c’est cuisiner, que ça soit du bistrot, du gastro, de la street food, réinventer des plats à l’ancienne… C’est ça que j’aime. Donc ça passe par plein de choses, mais c’est avant tout une cuisine logique et spontanée. J’essaie toujours de trouver un sens quelque part. Parfois, c’est tout bête, je fais un lapin avec des carottes parce que les lapins ils mangent des carottes. C’est une cuisine simple, naïve, sans trop de prétention.
Est-ce que tu as un sentiment d’injustice de sortir sur un plat préparé en 30 minutes ?
Non, ça fait partie du jeu. C’est un concours de circonstances, mais ça fait partie du jeu. Étant donné que tu n’as pas gagné la première épreuve, il faut être bon sur la deuxième. Donc non, je n’ai pas du tout de sentiment d’injustice. Je suis tellement content et fier de mon parcours que j’ai zéro regret.
Pour revenir sur ton parcours justement, tu as été coup de cœur de Pierre Gagnaire, tu as battu un MOF, tu as sorti un plat digne des plus grands palaces. Tu es fier ?
Ah mais bien sûr, je suis hyper content ! Première épreuve, j’intègre la brigade de mes rêves. Deuxième épreuve, je fais le hold-up de l’histoire de Top Chef… [il refait toute son aventure] Avec du recul, je me demande ce que j’aurais pu vouloir de plus. J’ai tellement kiffé, autant pendant les épreuves qu’en off. Je suis fier de mon parcours parce que je ne pensais pas arriver aussi loin. J’ai tellement de bons souvenirs, c’est incroyable.
Tu as parlé de Paul Pairet, on t’a vu t’épanouir dans sa brigade, c’était le chef de brigade parfait pour toi ?
Je n’aurais pas passé un aussi bon concours sans Paul Pairet. C’était vraiment bienveillant, il challengeait l’idée et la logique derrière la recette plus que la recette en elle-même. Moi j’aime bien le côté logique de la cuisine, donc ça a bien fonctionné. Il prône vachement la simplicité. Il me disait : “C’est beaucoup plus facile de rajouter que d’enlever.” Une fois que t’as enlevé tout ce qui servait à rien, ça veut dire que les éléments qu’il te reste, ils sont percutants, utiles et logiques. Cette façon de voir les choses m’a vachement servi.
Ça a changé ta conception de la cuisine, Top Chef ?
Sur l’aspect cuisine, je n’en tire pas énormément de choses, parce que la cuisine, c’est un apprentissage de toute une vie. Dans Top Chef, moi, j’ai fait ce que je savais faire. Je n’avais pas envie de me tromper sur mon niveau et d’en faire trop. Mais par contre, d’un point de vue personnel, c’est hyper enrichissant. Quand tu mets seize personnes passionnées dans un endroit, tu rajoutes des coachs et en plus tu fais venir des personnes influentes dans ce domaine, ça crée une émulation incroyable. J’en suis vraiment sorti grandi.
Tu mets des charentaises, tu écoutes du Claude François. Est-ce que tu es d’accord avec Danny quand il dit que tu es un vieux dans un corps de jeune ?
Complètement. Je l’assume et je trouve ça marrant. Quand je dis aux gens : “Moi, ce que j’adore faire, c’est aller jouer au golf, mettre des pantoufles et me promener dans les bois”, évidemment… Mais par contre, à côté de ça, j’écoute du Jul, je sors en boîte… Je joue sur les deux tableaux et je trouve ça marrant. Mais franchement, les pantalons en velours, on est tellement bien dedans.