Autodidacte, Alexandre Marchon est un des ovnis de cette 14e saison de Top Chef. Pas de palace prestigieux ni de grands noms de la cuisine sur le CV. Vainqueur d’Un dîner presque parfait il y a 10 ans, Alexandre Marchon a passé le cran au-dessus en intégrant le casting de la 14e saison de Top Chef. Malheureusement, la huitième semaine du concours aura eu raison de lui.
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Bien que passionné par la cuisine depuis son enfance, Alexandre Marchon entrera dans la vie active par le biais de la publicité. Déjà désireux de changer de milieu, c’est après son passage dans l’émission Un dîner presque parfait qu’il est convaincu de vouloir faire de la cuisine son métier. Près de 10 ans plus tard, Alexandre Marchon ouvre le Restaurant Marchon dans le 11e arrondissement de Paris. Frappé par la pandémie, l’établissement a connu des débuts plus que difficiles.
Konbini | Qu’est-ce qui t’a amené à participer à l’émission Top Chef ?
Alexandre | La raison principale, c’est mon restaurant. Je l’ai ouvert entre deux confinements, au pire moment. Je n’ai pas eu de fonds de solidarité, ni d’aide quelconque. Les deux dernières années, j’ai plus passé du temps à maintenir mon restaurant à flot qu’à cuisiner. J’allais surtout à Top Chef pour retrouver le plaisir de la cuisine.
J’avais perdu le plaisir de cuisiner juste pour la cuisine, sans qu’il y ait d’enjeux économiques derrière. J’ai vraiment vu ça comme une grande récré, ça m’a permis de souffler un coup, en espérant aller suffisamment loin pour qu’il y ait aussi un effet Top Chef pour mon restaurant, et définitivement sortir la tête de l’eau.
C’est quoi tes premiers ressentis quand tu arrives sur le tournage ?
C’est très difficile de trouver ses marques, c’est très impressionnant. C’est un concours difficile, mais surtout, il faut s’adapter à des conditions pas toujours faciles. C’est vraiment ça, les premiers souvenirs que j’ai. Il y a aussi la rencontre avec les autres candidats, on s’est tous très vite bien entendus.
Tu arrives dans le concours en tant qu’autodidacte, est-ce qu’il y a des moments où tu t’es senti illégitime ?
Non, parce que j’ai fait mes preuves, je suis aujourd’hui chef d’un bon restaurant. Mais j’ai quand même toujours le sentiment de ne pas faire partie du sérail, d’être un peu en dehors de ça. Peut-être que le fait d’avoir participé à Top Chef m’a plus conforté dans l’idée qu’en fait ça y est, je fais partie du club.
Il y a dix ans, tu as fait Un dîner presque parfait, ça a été une révélation. Est-ce qu’on peut dire que Top Chef, c’était la confirmation ?
En fait, il n’y a pas vraiment de révélation. Un dîner presque parfait, c’était marrant, c’était un concours d’amateurs. À l’époque, je me suis juste amusé en participant. J’avais déjà en tête l’idée de faire de la cuisine et de changer de carrière. Ça m’a surtout confirmé que j’étais fait pour ça.
Et Top Chef, ce n’est pas une fin en soi du tout. C’était une étape dans ma carrière et j’ai encore plein de choses à apprendre. La cuisine que je fais aujourd’hui ce n’est pas celle que je faisais il y a cinq ans et ce n’est pas non plus celle que je ferai dans cinq ans.
Avant Un dîner presque parfait, quelles étaient tes attaches à la cuisine ?
Ma passion pour la cuisine, elle est née de ma gourmandise. Quand on est gourmand, on a envie de bien manger. Donc dès que j’ai été en âge de tenir un couteau, je m’y suis mis, et je cuisinais énormément, à la maison, en famille, pour les amis. C’est quelque chose qui avait déjà une place énorme dans ma vie.
Ça a été dur d’arriver jusqu’ici en tant qu’autodidacte ?
Non, je ne dirais pas que ça a été dur. Par contre, dans Top Chef ça m’a donné du fil à retordre sur certaines épreuves. Mais je suis quelqu’un de créatif et je pense que ça compense mon manque de technique. Aujourd’hui, j’ai des choses à raconter en tant que cuisinier à part entière.
Comment arrivais-tu à gérer ton stress pendant les épreuves ?
Très mal, et je pense que ça s’est vu. [Il rigole]. Je suis quelqu’un d’entier, je ne me cache pas. Quand je suis content, je suis très content, quand j’ai peur, j’ai très peur, quand je suis stressé, je suis très stressé. Et je pense que ça se voit dans l’émission. Dans la vie quotidienne, je ne suis pas du tout stressé, donc c’est drôle de me voir comme ça.
Tu as eu des difficultés avec l’ouverture de ton restaurant, il y a un moment où tu as pensé à tout arrêter ?
Bien sûr, encore en ce moment. Il y a des semaines où ça va et d’autres non. La restauration, c’est un milieu qui est de moins en moins facile. De mon côté, j’ai ouvert au pire moment. Mais je continue à me battre pour essayer de m’en sortir parce que ce resto, c’est mon rêve. Mais évidemment, de très nombreuses fois, on a envie d’arrêter. On se demande pourquoi on se fait autant de mal. Depuis la fin de la pandémie le resto tourne, mais c’est le retard accumulé que je n’arrive pas encore à rattraper. Et je vais me battre pour ça.
Tu penses que ton passage dans Top Chef va t’aider ?
J’espère que ça va apporter le coup de projecteur suffisant pour pouvoir développer plus de projets, ou augmenter la fréquentation du restaurant, qui est pas mal déjà. Mais simplement, quand on a accumulé du retard comme moi, il faut surperformer.
Es-tu fier de ton parcours dans l’émission ?
Oui ! Après, j’aurais aimé aller plus loin, je me voyais aller au moins jusqu’à la guerre des restos. Mais en vrai, je suis fier de mon parcours, même si je pense que j’étais capable de plus.
La guerre des restos, c’est ton plus grand regret ? Il y a des choses que tu n’as pas eu le temps de montrer ?
Je pense que l’épreuve sur laquelle je me suis totalement perdu, c’est l’épreuve du marché. Ce que je sors ne me ressemble pas du tout. J’aurais pu et j’aurais dû faire quelque chose qui ressemble plus à la cuisine que je fais au restaurant. Donc oui, cette épreuve-là, c’est mon regret de l’émission.
Tu la définirais comment, ta cuisine ?
J’aime bien mettre les légumes au cœur de l’assiette. J’ai avant tout une cuisine instinctive, légumière et gourmande. C’est comme ça que je la définirais.
Tu voulais un coup de cœur. Tu avais quelque chose à te prouver à travers cette reconnaissance des chefs ?
Forcément, quand on fait une assiette qui plaît à un grand chef, ça fait plaisir parce que ça valorise ton travail. Même si je n’en ai pas eu au final, il y a des épreuves que j’ai bien réussies, comme celle où on finit juste derrière Philippe Etchebest. Mais évidemment, j’aurais aimé avoir cette reconnaissance d’un grand chef. Mais rien qu’avoir Paul Pairet et Glenn Viel qui me veulent dans leur brigade face à tous les autres super cuisiniers qu’il y avait, j’étais aux anges.
Tu avais déjà cuisiné pour d’aussi grands chefs ?
Ça m’est déjà arrivé, mais pas aussi prestigieux qu’à Top Chef. Quand le matin on cuisine pour Régis Marcon, et le soir, pour Pierre Gagnaire, c’est incroyable. En plus, ça se répète tous les jours. Et c’est en ça que Top Chef est un concours de cuisine hors-norme.
C’est quoi la suite pour toi ?
C’est le restaurant, essayer de faire de mieux en mieux, de pousser la réflexion plus loin et de remplir. Après, on verra à moyen et long termes si on peut continuer à développer d’autres projets.