J’ai voyagé (pendant 26 heures) à bord du mythique Venice Simplon-Orient-Express

J’ai voyagé (pendant 26 heures) à bord du mythique Venice Simplon-Orient-Express

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Par Robin Panfili

Publié le , modifié le

On vous embarque dans nos valises dans ce voyage hors du temps entre Paris et Venise.

Parfois, il faut savoir se montrer patient, philosophe, en attendant qu’un rêve toque à notre porte, y compris un de ces rêves que l’on ne pensait jamais pouvoir vivre, traverser ou voir se réaliser – trop fous, trop lointains, hors de portée, et à oublier aussi vite qu’ils viennent occuper notre esprit. Et parfois, ça marche : une opportunité surgit à notre fenêtre, au coin de la rue, ou vient se glisser à l’intérieur de notre boîte mail. Et puis, libre à nous de lui donner vie.

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Il y a quelques semaines, un mail, justement, atterrissait dans mon ordinateur, en fin de matinée, et m’annonçait la grande nouvelle : je venais de décrocher une place à bord de l’historique et mythique Venice Simplon-Orient-Express, le seul et l’unique, pour un reportage d’un peu plus de vingt-quatre heures, qui m’emmènerait de la capitale française jusqu’aux canaux de la “ville des amoureux”, Venise. Un rêve de gamin se dessinait alors immédiatement, sur mon écran, entre les lignes et les pixels de ce mail succinct, avec une avalanche d’images et de pensées en tête : l’ambiance à la Agatha Christie, les jolis costumes, les wagons qui secouent, les boiseries comme dans le Titanic, les repas à bord, et la magie d’un réveil en cabine face à une fenêtre où la nature, les lacs et les plaines défilent lentement sous mes yeux.

Malgré mon attachement aux polars et aux aventures littéraires d’Hercule Poirot, mon voyage n’allait toutefois pas m’amener à résoudre quelconque enquête, mais plutôt à découvrir une manière de voyager unique au monde. Lentement, mais sûrement, autour de la cuisine de Jean Imbert, le chef attitré du train, et de sa nouvelle création culinaire, une collection de trois cafés, inspirés de ses divers voyages à travers le monde, pour Nespresso. Une épopée de vingt-six heures à travers la France, les massifs suisses, les grands lacs italiens et l’éternelle poésie de Venise, que l’on va évidemment vous raconter dans les moindres détails. 

***

15 heures

C’est l’heure du départ depuis la gare d’Austerlitz, où des majordomes vêtus de l’uniforme bleu traditionnel du Venice Simplon-Orient-Express s’agitent pour acheminer les valises à bord. Sur le quai, un orchestre, un chanteur et un trompettiste animent l’embarquement pendant que les passagers, avec des yeux d’enfant, se font prendre en photo sur les étroites marches qui mènent à l’intérieur de leur wagon. Moi ? Je saute évidemment sur l’occasion, à mon tour, pour immortaliser ce moment, mon moment, avant d’envoyer le cliché dans la seconde à mes parents et à mon grand frère sur la conversation WhatsApp familiale.

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17 heures

Le train démarre et laisse rapidement entrevoir son rythme de croisière pour les vingt-six heures à venir : lent et contemplatif. Il n’est pas très compliqué de s’en apercevoir, puisque, dès le départ de la gare, notre train – datant des années 1930 – se fait invariablement doubler, de tous bords, par une flopée de RER et autres trains régionaux. À bord, la magie opère déjà, et monte même d’un cran lorsqu’un membre du personnel, chargé de veiller sur notre wagon, vient nous dévoiler tous les secrets de notre cabine et de notre refuge pour les heures à venir : des boutons mystérieux, un petit ventilateur caché, une salle de bains incrustée dans les boiseries, et même une sonnette magique pour l’assistance de nuit.

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18 heures

Après avoir pris nos marques, la centaine de passagers que peut accueillir le train est attendue dans le wagon-bar qui, vous vous en doutez bien, n’a que très peu à voir avec ceux des TGV que l’on emprunte traditionnellement. Ici, Jean Imbert nous souhaite la bienvenue et ouvre le bal de ce voyage magique autour de ses trois créations de cafés, nées d’une excursion en Colombie, en 2022, auprès de producteurs et caféiculteurs partenaires de Nespresso.

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19 heures

Si le Venice Simplon-Orient-Express offre la possibilité de vivre une aventure unique et hors du temps, cela passe cependant aussi par quelques règles à respecter scrupuleusement, et notamment un dress code millimétré auquel personne ne peut se soustraire : joli costume-nœud pap et souliers qui brillent. N’ayant ni l’un ni l’autre, j’avais embarqué dans mes valises tout ce que je pouvais avant de partir – en demandant, au débotté, une aide précieuse à Balibaris et à Paraboot. Après quelques acrobaties pour enfiler le nœud papillon tout seul et rentrer correctement la chemise dans le pantalon dans un train qui bouge, tout rentre finalement dans l’ordre et me voici prêt pour la réception-cocktail qui nous attend juste avant le dîner servi par Jean Imbert et sa brigade.

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21 heures

Juste le temps de chanter, dans un italien maladroit, “Tu vuò fà l’americano” et de me casser la voix sur “Résiste” de France Gall, lors de l’un des nombreux blind-tests à l’iPhone de Jean Imbert qui émailleront le voyage, que nous voilà assis à table, dans l’un des trois restaurants qui parsèment le train, avec une capacité de cent couverts au total, que sont L’Oriental, le Côte d’Azur et l’Étoile du Nord. Ce soir, nous dînerons dans le premier, L’Oriental, un wagon d’un peu plus de trente couverts. Au menu : ravioles de langoustines, fenouil et jus corsé ; turbot poché, caviar et sauce au champagne ; et, en dessert, une coupe glacée au café, cacahuètes et sésame grillé.

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23 heures

Après le repas, la soirée se poursuit dans le wagon-bar, dans une ambiance moins feutrée, cette fois, mais davantage dans une atmosphère digne des “années folles”. À ce moment, à bord, le temps semble s’arrêter et l’on perd un peu ses repères. Comme téléporté des années en arrière ; comme si le Titanic avait été posé sur des rails plutôt que plongé dans l’océan, où des gens en nœud pap’ et d’autres en robe de soirée referaient le monde en essayant de parler assez fort pour couvrir les notes d’un piano à queue ingénieusement installé au milieu de l’habitacle.

Et puisque les Français resteront toujours des Français, ils sont aussi les premiers à quitter le train, dès lors qu’il s’arrête à chaque frontière pour changer de locomotive, pour aller se griller une cigarette. L’occasion de prendre l’air, de souffler un coup et de se pavaner en se prenant en photo sur les quais de la gare de Bâle. Pour le gram.

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2 heures (du matin)

Les premiers passagers sont allés se coucher, et les derniers finissent leur verre avant de rejoindre leur cabine, miraculeusement transformée en chambre durant le repas, pour se glisser sous la couette et attendre, au petit matin, le clou du spectacle.

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7 heures

Au petit matin, le petit déjeuner est servi en cabine alors que, devant nos yeux ébahis, défilent les paysages merveilleux des massifs suisses et des grands lacs italiens. Alors, puisqu’il nous reste encore de nombreuses heures à écouler, on s’installe confortablement, on se blottit dans les draps, on entrouvre la fenêtre coulissante et on laisse la magie opérer, comme dans un film.

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10 heures

Juste avant de filer en cuisine, Jean Imbert nous attend pour une petite entrevue. On discute de tout et de rien : de la Juventus (mon club de foot préféré), du PSG (le sien), des troupeaux de vaches au milieu de la voie ferrée qui peuvent faire freiner net la locomotive à tout moment, et surtout des nombreuses contraintes que l’on peut rencontrer lorsque l’on cuisine à bord d’un train.

“La plus grande difficulté, c’est de travailler dans des cuisines aussi exiguës”, confie le chef. “Il faut savoir composer avec le temps, l’espace, les mises en place, les préparations en amont du voyage. Et puis, il y a des choses que tu ne peux pas faire à bord.” Des contraintes purement techniques et pragmatiques, et d’autres pas forcément liées à la taille des fourneaux, mais à la chimie de la cuisine. “Il est par exemple impossible de cuisiner un soufflé dans ce train”, sourit-il. “Ça bouge trop, il tomberait immédiatement.”

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12 heures

À bord de ce périple Paris-Venise, les cuisines ont historiquement toujours été occupées par un chef français avant l’arrivée de Jean Imbert. Il est donc évident et naturel, encore maintenant, de s’appuyer sur une cuisine, un terroir, et une scrupuleuse saisonnalité que l’on retrouverait des deux côtés des Alpes. Ainsi, les menus – qui changent à chaque saison – n’ont en cela rien d’anodin et de fortuit. Au moment de passer la frontière, à midi, le menu du déjeuner propose alors un vitello tonnato, un risotto aux cèpes et aux sot-l’y-laisse, et une tarte au café réalisée à partir de l’un des cafés pensés par le chef. Une manière d’accompagner notre arrivée sur le territoire transalpin, tant dans les paysages qui défilent par la fenêtre que dans notre assiette.

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14 heures

L’heure est à la sieste, au temps calme, et à la flânerie. Si j’avais bien embarqué avec moi mes deux livres gri-gri et porte-bonheur, L’Écume des jours de Boris Vian (que ma maman m’a confié lorsque j’étais adolescent) et Total Khéops de Jean-Claude Izzo (précieusement offert par mon papa quelques années plus tard), je n’en ai finalement pas ouvert une seule page. La contemplation du monde qui défile par les fenêtres et la sensation d’être coupé du monde auront finalement pris le dessus.

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17 heures

Il est temps de plier bagages et de rendre les clés de notre cabine. Le soleil se couche, Venise se laisse apercevoir par les fenêtres des cabines. L’heure est à des “au revoir” émus et presque nostalgiques avec l’équipage, divin et exemplaire, qui nous a dorlotés pendant plus de vingt-quatre heures. Et, soudain, c’est comme un sentiment de fin de colonie de vacances qui nous submerge.

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Reportage réalisé dans le cadre d’un voyage de presse organisé par Nespresso et Belmond.