J’ai repris la natation et, pour devenir Léon Marchand, je me suis entouré des meilleurs

Projet Léon Marchand

J’ai repris la natation et, pour devenir Léon Marchand, je me suis entouré des meilleurs

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Par Robin Panfili

Publié , modifié

À mon grand âge, j'ai tenté l'impossible et j'ai repris la natation. C'est un premier pas, mais je suis encore loin des JO de Los Angeles.

Il y a quelques (longues) années, je faisais de la natation. C’était avant les exploits de Laure Manaudou, bien avant ceux de Léon Marchand, et à une époque lointaine où l’on s’habituait à traîner derrière nous, à la sortie de la piscine, une tenace odeur de chlore. Puis, j’ai quitté le navire et je me suis mis à l’escalade, au foot, avant de céder à la dictature de la fainéantise. Des années plus tard, me voilà de retour dans les bassins avec l’ambition d’un trentenaire motivé et a priori pas encore trop cabossé. 

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Beaucoup de Français ont renfilé le maillot et repris la natation dans le sillage de l’euphorie des Jeux Olympiques de Paris, galvanisés par les exploits de notre nouveau héros national Léon Marchand. Je mentirais si j’affirmais ici que cela n’a pas joué sur ma détermination, à moi aussi, même si tous les Toulousains (et assimilés en mon genre) n’ont pas attendu de voir Céline Dion grimper sur la Tour Eiffel pour se convaincre qu’il brillerait rapidement sur le toit du monde.

Pour cette reprise, il a fallu procéder de manière rationnelle, pragmatique et raisonnable : trouver un rythme qui me permette de concilier mes séances avec mon boulot ; définir une routine efficace et la moins contraignante possible pour qu’elle tienne sur la durée ; stimuler ma motivation en trouvant des acolytes de confiance et la piscine idéale ; puis bien m’équiper pour ne pas (trop) heurter mon corps d’adulte un peu rouillé.

Moi à la sortie d’une piscine à Montréal. (© Konbini)

Pour la première étape de ma reprise, j’ai envoyé balader le raisonnable et décidé de voir les choses en grand. Plutôt que de puiser dans mes souvenirs lointains de cours de natation dans la piscine de ma ville de naissance, j’ai misé sur l’excellence en recueillant les conseils et les astuces des meilleurs dans ce domaine. Qui ? Tout simplement la crème de la crème : des nageurs ayant brillé durant les Jeux olympiques de Paris : Sarah Sjöström, médaillée d’or olympique sur le 100 m nage libre (et détentrice du record du monde de la discipline), Kate Douglass, double championne olympique en 200 m brasse et relais 4 × 100 m quatre nages, et enfin Kyle Chalmers, médaillé d’argent sur le 100 m nage libre. Un joli casting donc, adversaires et rivaux, mais aussi coéquipiers par l’intermédiaire de leur équipementier Arena, qui s’est rendu disponible pour m’épauler dans cette mission aussi ambitieuse que vertigineuse. 

© Konbini

La reprise

Avant ma reprise officielle, ces trois athlètes ont pris le temps de me coacher entre deux entraînements. D’abord, ils m’ont dit d’y aller mollo. “Si tu reprends la natation après autant de temps loin des bassins, vas-y doucement. Commence par des séances courtes, concentre-toi sur la technique plutôt que la vitesse, et développe progressivement ton endurance”, me souffle Sarah Sjöström. 

Kate Douglass ajoute : “Fonce, et ne recule pas. La natation est une discipline parfaite. N’importe qui peut nager à tout âge et profiter de ses bienfaits. C’est un excellent entraînement qui ne fait pas mal à votre corps comme le feraient d’autres exercices”. Pour Kyle Chalmers, il faut y aller “doucement” et avant tout “se concentrer sur la technique”. “Laisse ton corps s’adapter progressivement, fais-toi des amis, allez à la piscine ensemble et amusez-vous”, finit-il.

Pour ma reprise, j’ai bien compris qu’il fallait y aller crescendo, et qu’elle se complèterait idéalement avec quelques exercices complémentaires. Du cardio, des étirements pour les épaules, un peu de musculation, notamment du bas du dos, et pourquoi pas trouver de l’inspiration sur Internet. C’est là où j’ai effectivement trouvé une tonne de ressources et de contenus, partagés par des nageurs ou des entraîneurs sur diverses chaînes YouTube

© YouTube/Apprentissage Natation

Trouver sa (délicate) routine

Ni couche-tard, ni vraiment matinal, mais un peu flemmard lorsqu’il s’agit d’enfiler une tenue de sport : la prochaine étape était cruciale afin de trouver la routine idéale dans ma semaine pour conjuguer cette reprise de la natation avec mon boulot de journaliste gastronomique, régulièrement en déplacement ou en reportage. En demandant à mes trois nouveaux amis athlètes, la solution s’est rapidement imposée : le matin. 

“Si tu es à l’aise avec l’idée de nager tôt le matin, pourquoi ne pas te réveiller une heure plus tôt en profitant ainsi d’une douche matinale ? Les baignades du matin sont parfaites, surtout si tu souhaites passer du temps avec tes amis et ta famille après le travail, me conseille Sarah Sjöström. Établir une routine peut être très bénéfique”. Pour Kyle Chalmers, même son de cloche : “Le matin, c’est une excellente façon de commencer ta journée et de bien te préparer avant d’aller au travail.”

“À tout moment de la journée, tu peux trouver une piscine et jouer en fonction de ton emploi du temps. Certains aiment nager tôt le matin pour commencer la journée. Chaque fois que tu peux trouver le moment, c’est le bon moment”, conclut Kate Douglass.

Bilan | J’ai adopté une routine matinale, avec une fidèle amie qui m’accompagne systématiquement dans une piscine située à proximité des bureaux de Konbini. Une aubaine, si l’on fait exception des horaires très matinaux des piscines parisiennes – qui ouvrent aussi tôt qu’elles ne ferment afin de laisser les couloirs d’eau disponibles pour les groupes scolaires. Désormais, tous les mardis, c’est lever à 7 heures du matin, un coup de vélo à l’aube, et un plouf qui remet les idées en place. Une réussite qu’il faut toutefois entretenir chaque semaine, en se motivant mutuellement et en se pliant à une discipline stricte.

Kate Douglass. (© Andy Cheung/Getty Images)

Avoir des ambitions réalistes

Le titre de cet article est légèrement exagéré, j’en suis bien conscient. Mon heure est passée et mes chances sont déjà loin pour devenir, un jour, le prochain Léon Marchand. Toutefois, j’ai quand même tenté de demander à mes trois acolytes, tous champions et médaillés olympiques, si cela pouvait constituer un objectif atteignable. Ma question était la suivante : en reprenant la natation à mon âge, quel est le secret pour devenir un jour aussi performant que lui ?

Et on m’a un peu rigolé au nez.

“J’aimerais bien le savoir également, sourit Kyle Chalmers. Si j’avais la réponse, je serais bien meilleur que je ne le suis actuellement. Tu sais, c’est le rêve de tout le monde d’être aussi fort que lui”. Sarah Sjöström, elle, préfèrera couper court à mon rêve naissant, et me remet les pieds sur terre. “Robin, je dirais que la meilleure idée serait d’avoir des objectifs réalistes. Et je suis désolée de te dire que celui-ci est tout simplement impossible. Mais, promis, je serais la première personne à venir te féliciter si tu y parviens”. 

Bilan | C’est terrible à dire et à écrire mais : je ne deviendrai jamais Léon Marchand. On pourra répéter autant de fois qu’on veut le célèbre adage : “Impossible n’est pas français”, mais là, c’est désormais limpide : “Impossible est bien Robin”. Néanmoins, je pourrai rapidement devenir un meilleur nageur. Après tout, c’est tout ce que je recherche au fond : être en meilleure santé, mieux dans mon corps et dans ma tête, plus souple et plus épanoui. C’est déjà pas mal.

Sarah Sjöström. (© Getty Images)

Rendre la natation ludique

Maintenant que mes objectifs sont clairs et ma routine à peu près diluée dans mon quotidien, le plus important est désormais de tenir sur la longueur, ne pas relâcher l’effort et me tenir à une discipline, y compris lors des matins d’hiver glacés. La solution que j’ai trouvée est simple : m’appuyer sur une acolyte de confiance (ma chère amie Louise), m’équiper correctement (grâce à la Rolls Royce de la natation, Arena), et nager partout où j’en ai l’occasion (entre deux déplacements, à l’étranger, avant un dîner…). 

C’est ainsi que je me suis retrouvé à nager dans une dizaine de piscines parisiennes différentes au cours de ces dernières semaines, à squatter les couloirs d’eau du bassin olympique rénové de ma ville d’enfance, et même dans une piscine municipale de Montréal, entre deux reportages au Québec. Une manière de construire une pratique plus ludique que pragmatique de la natation par l’intermédiaire d’un “tourisme aquatique”… qui m’amènera bientôt nager à Marseille (dans la mer), en Sicile (à la plage de Mondello) ou à Biarritz (dans les rouleaux du Pays basque). 

Bains Schubert à Montréal . (© Konbini)

Piscine Ingreo à Montauban. (© Konbini)

Piscine Catherine Lagatu à Paris. (© Konbini)

Autre détail de ma routine : avant d’aller nager, au petit matin, je me prépare toujours une petite playlist pour me motiver. C’est le cas aussi pour beaucoup de sportifs, et évidemment de nombreux nageurs. Si Sarah Sjöström n’a pas vraiment de rituel musical, Kate Douglass peut toujours compter, elle, sur des tubes qui la stimulent. “Cet été, j’écoutais beaucoup de pop comme Sabrina Carpenter et Chappell Roan. J’aime écouter des chansons qui me font me sentir comme une bad b*tch avant d’aller dans l’eau”. Kyle Chalmers qui, de son côté, écoute peu de musique laisse son frère s’occuper de ses playlists précédant ses courses. 

Bilan | La natation n’est plus une tare, ni une corvée, lorsqu’on l’introduit dans notre vie de la bonne manière, en accord avec nos attentes et nos besoins, et lorsqu’on réalise les bienfaits qu’elle offre pour le corps, mais aussi et surtout pour la tête. Astuce : pour la rendre plus agréable, jonglez entre les lieux, les exercices et les horaires. Et n’hésitez pas à y aller avant un repas, ça ouvre toujours l’appétit. 

Kyle Chalmers (© Getty Images)

Le sport idéal pour les trentenaires ?

Si la natation peut paraître un peu contraignante d’un point de vue logistique au quotidien – ce qui n’est pas vraiment le cas –, elle figure toutefois comme l’une des pratiques sportives idéales pour les gens de mon âge. “La natation est parfaite à 34 ans car elle implique un faible impact sur tout le corps, améliore la santé cardiaque, développe la force et protège vos articulations, énumère Sarah Sjöström. C’est également excellent pour le bien-être mental et facile à entretenir à long terme”. 

Kate Douglass et Kyle Chalmers sont du même avis : “La natation offre un excellent cardio avec un impact limité sur votre corps. C’est le seul sport qui fait travailler tout le corps et de nombreux groupes musculaires différents”, dit-elle. Lui enchaîne : “C’est une pratique excellente pour la santé mentale et idéale pour la forme physique en général.”

Une doudoune pour aller nager ?

Depuis le début de nos interviews avec mes nouveaux amis, une question me trotte dans la tête. Au départ, je n’osais pas la poser, mais maintenant que le contact passe bien, je me lance : est-il obligatoire, pour devenir un nageur digne de ce nom, de débarquer sur le bord du bassin avec une immense doudoune comme le font les nageurs professionnels ?

Michael Phelps (© Getty Images)

Ils sourient, et me répondent finalement : “Non”, balaie Sarah Sjöström. “Ce n’est pas une obligation, mais nous les portons pour garder nos muscles au chaud et prêts à partir après l’échauffement et avant la compétition”, poursuit Kate Douglass. Pour Kyle Chalmers, c’est “uniquement quand il fait très froid”. Mais clairement pas utile pour un nageur du mardi matin comme moi, donc.  

Un conseil pour ceux qui hésiteraient

La reprise de la natation aura finalement été bien plus facile que ce que j’imaginais. Mais si l’engouement autour des Jeux olympiques de Paris a pu en motiver certains, de nombreux autres restent dans l’hésitation. Alors, j’ai demandé quelques conseils, sages et avisés, à glisser à des nageurs en herbe qui hésiteraient encore. 

“Si vous n’êtes pas sûr de commencer ou reprendre la natation, allez-y doucement et profitez-en. C’est doux pour votre corps, idéal pour la forme physique et cela aide à se détendre. Vous pouvez avancer à votre rythme et vous améliorer au fil du temps”, commence Sarah Sjöström. Pour Kyle Chalmers : “Allez-y ! Soyez à l’aise tout en étant mal à l’aise et après quelques séances, vous commencerez à adorer ça”. 

“Il faut bien commencer quelque part. Retournez dans la piscine et foncez. Trouvez des amis pour vous rejoindre ou rejoignez un groupe de quartier pour rester motivé, poursuit Kate Douglass. Cela dépend vraiment de vos objectifs, mais le meilleur dans la natation est sans aucun doute le fait de pouvoir s’amuser tout en profitant d’une pratique sportive qui entretient votre corps et votre santé. Moi, c’est ma manière préférée de me déconnecter du monde”.

Et bientôt la vôtre ?