J’ai maté Gossip Girl ado et j’étais persuadée que ma vie serait remplie de limousines et de robes de bal… Spoiler : rien de tout ça n’est arrivé

J’ai maté Gossip Girl ado et j’étais persuadée que ma vie serait remplie de limousines et de robes de bal… Spoiler : rien de tout ça n’est arrivé

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©Gossip Girl, Warner Bros

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Par Cheynnes Tlili

Publié le

Ma vie ne compte ni Chuck Bass, ni dollars, ni serre-têtes incrustés de diamants taille princesse et pourtant, c’est OK.

Entre 2007 et 2012, une soirée était réussie si je l’avais passé sur Cacaoweb à regarder en boucle des épisodes de Gossip Girl avec ma meilleure amie. Et à force de baver devant la jeunesse dorée de l’Upper East Side, je me suis sérieusement mise à croire que ma vie n’aurait aucun intérêt si je n’avais pas le même lifestyle que celui de Blair Waldorf.

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Pour ceux qui vivaient dans une grotte et auraient raté LA série qui a obnubilé tous les ados de la génération 1990 (au moins), Gossip Girl est une adaptation du roman du même nom écrit par Cecily von Ziegesar (ma mère m’avait même acheté un tome tellement j’étais fan). Il raconte l’histoire presque vraie d’une bande de lycéens scolarisés dans le nec plus ultra des lycées privés, Constance Billard pour les filles et St. Jude pour les garçons. Pour vous dire, j’ai même songé une seconde à tout quitter pour m’inscrire dans ce lycée (je devais avoir 17 ans) en oubliant un détail légèrement important : mes parents ne sont pas de richissimes, que dis-je : d’ultra-richissimes roturiers.

Sois chic Bass, fais-moi monter dans ta limo

Car si l’intrigue tient dans les coups bas, les complots et les dramas qui viennent chambouler le quotidien paisible de ces ados un poil trop précoces et habitués aux fines bulles de champagne et aux touches iodées du caviar, la DA, elle, nous fait basculer dans un monde de rêves et de fantasmes. Le moindre outfit vaut le salaire annuel de mes deux parents réunis, les soirs de semaines, ils sortent dans des bars où je pourrais à peine m’offrir un café et, prestige oblige, ils ne se déplacent qu’en voiture avec chauffeur, voire limousine, si l’ambiance est festive (ou qu’on s’appelle simplement Chuck Bass).

Alors évidemment, évoluer devant tout ce faste nous projette dans un monde tout aussi scintillant quand on se met à imaginer notre avenir. Je ne sais pas par quelle force de la nature je me suis persuadée qu’à 25 ans, je vivrais dans un penthouse, soit le dernier étage d’un palace où l’espace ne manque pas et où la vue est vertigineuse (et surtout là où il n’y a pas de porte d’entrée mais immédiatement un ascenseur très fancy). Je pensais aussi que ma collection de Manolo Blahnik pourrait aisément rivaliser avec celle de Carrie Bradshaw et que le revers du col de la veste de mon chauffeur serait en léopard, une demande personnelle que je trouve très chic. Et alors que je profite de ma dernière année dans la vingtaine, je me rends compte que je suis loin, mais alors très loin du compte et surtout, que ma vie ne ressemblera jamais à ça.

Dans ma delulu era mais ça va

Dans le monde réel, mon penthouse est une succession de studios n’excédant jamais les 25 m2. Le grand glow up immobilier de ma vie risque bientôt d’arriver puisque j’écume les annonces immobilières à la recherche d’un T2 (waouh, quel luxe). Ma paire de chaussure de marque ? Des escarpins Jacquemus que j’ai pu m’offrir à très bon prix après avoir fait la queue cinq heures lors de la grande braderie organisée par le créateur marseillais. Mon chauffeur quant à lui n’est d’autre qu’un scooter qui tombe en panne un jour sur trois car je n’ai toujours pas les moyens de le faire réparer. Et non, la selle n’est pas léopard, quel dommage (en vrai, ça peut se bricoler).

Mais finalement, malgré le fait d’avoir passé toutes ces heures devant cette overdose de luxe, j’aime ma vie comme elle est, même si en toute honnêteté je l’aimerais un peu plus si je troquais mon sempiternel découvert pour une assurance vie bien fat. La pilule n’est pas si dure à avaler et j’ai surtout tiré une très belle leçon : viser haut et à ne pas avoir peur de rêver. J’ai la chance, grâce à mon métier, d’être invitée dans des endroits incroyables où je peux croiser toutes les Blair Waldorf du monde réel. La dernière fois, je me suis même retrouvée dans un palace qui porte son nom, le Waldorf Astoria Versailles – Trianon Palace (oui il faut dire le nom complet au moins une fois pour le côté très chic, puis après, pour faire croire que tu es un.e habitué.e tu peux juste dire “le Waldorf”).

Et alors qu’on m’accordait le princess treatment dont je rêve depuis 2007, version cocktails et petits fours, j’ai pensé à la jeune moi qui est toujours (et malgré les nombreux appels mon banquier) persuadée que cette vie-là l’attend quelque part. À force de persévérance, il arrive parfois que des petites parenthèses très Park Avenue, très Lily Van der Woodsen s’offrent à moi. Même si elles ne durent pas et qu’elles ne comblent pas l’immense trou dans mon compte bancaire, elles me laissent croire pendant quelques heures que je vis dans l’Upper East Side. Moralité : beliève, croire en nos rêves.