Quand je mets une story Insta de moi au Grand Palais à Paris sur le point d’assister à une épreuve des JO, les réactions sont unanimes : “T’es punie ?”, “c’est un fond vert ?”, “c’est tellement peu crédible”. Ben oui, le sport et moi, mes anciens profs d’EPS vous le diront, c’est tout sauf une grande histoire d’amour. Mais quand j’ai eu la possibilité d’assister à une épreuve d’escrime, féminine et en équipe (d’autant plus que la France visait la médaille d’or), forcément, je n’ai pas hésité longtemps. Pour l’anecdote, je me suis inscrite dans un petit collège très random mais bien précis car le programme vendait du rêve côté sport, escrime en tête. Forcément, c’est ma otaku era, je ne jure que par des mangas type Kenshin le vagabond (oui, je sais, ça n’a absolument rien à voir), mais juste l’idée d’avoir un joujou similaire à un sabre entre les mains me hype. Spoiler, je n’ai pas touché l’ombre d’un fleuret en quatre années, dans cet établissement du moins. Je voyais donc cette épreuve comme une revanche de la vie et du karma, même si je n’ai absolument pas révisé les règles (alors qu’Enzo Lefort himself nous a tout expliqué à la rédac, j’ai zéro excuse) et que je n’y connais, de fait, rien ou presque.
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J’arrive donc au Grand Palais très en avance et prête à assister à deux duels opposant d’abord la Chine et la Pologne pour la médaille de bronze, puis la France et l’Italie pour la première place du podium. Comme au théâtre, trois coups lancent la compétition. J’adore ce côté drama et romanesque. Le “combat” commence (je n’ai évidemment pas le champ lexical de l’escrime, vous m’excuserez) et je trouve ça assez mou en toute transparence, les premiers instants du moins. De ce que j’ai compris sur le tas et à l’aide de supporters chauds comme la braise, chaque team est composée de trois “tireurs” et tous s’affrontent à tour de rôle d’après un ordre déjà établi. Les duels ont une limite de cinq touches et trois minutes chacun. Une amie très branchée sport m’avait prévenue : “Tu risques de te faire chier, c’est pas la discipline la plus épique.”
“Pense à l’Olympe !”
Je pensais qu’elle avait raison, mais comme elle avait tort – je l’aime tout de même. Même si la Chine s’incline de justesse face à la Pologne, j’assiste à une remontada de leur part qui me passionne (j’ai retenu le blase de Sun Yiwen, grave ma go sûre). Je trouvais ça un peu lent et assommant car, évidemment, j’imaginais un combat de sabres laser à la Star Wars avec des chorégraphies à se damner. J’assiste à quelque chose de presque intellectuel, proche des échecs ou d’un jeu de réflexion. Chaque mouvement dépend évidemment de celui de l’adversaire, mais il faut, en plus d’anticiper, savoir comment contre-attaquer, ce qui augmente la tension touche après touche. Sauf quand elles sont à égalité, à la fin, et que tout ne se joue plus qu’à une touche en moins de quelques secondes. On le sait. Chacune va se jeter sur l’autre avec brutalité, de manière aussi réfléchie que désespérée. C’est exactement ce qu’il se passe et c’est le prime de ma soirée.
@stgrcr + ♾️ aura 🇮🇹 #paris2024 #olympics #fencing #italy #france #goldmedal #final ♬ aura - zach
Puis arrive la France, et là, c’est l’extase dans tout le Grand Palais qui tremble sous mes pieds – littéralement. J’entends absolument tous les chants des stades y compris certains dont j’ignorais même l’existence. Les athlètes débarquent en haut de l’escalier, c’est de toute beauté et je fais une photo mentale (*clic*), pendant qu’elles s’apprêtent à en découdre avec l’Italie. Les drapeaux des supporters italiens sont discrets, forcément, ils ne sont pas à domicile, mais ils seront brandis haut et fort lors de la victoire de leur équipe. On y aura pourtant cru jusqu’à la fin. Moi qui me sentais tout sauf à ma place, je me découvre avec mon gobelet de soda dans une main et le poing levé grâce à ma main libre, hurlant “alleeeeeez là” comme si j’étais née dans un stade. La communion est folle. Le public est inventif (“vas-y Auriane, pense à l’Olympe !!”). J’admire les jeux de jambes, finalement plus proches d’un ballet. L’allonge des unes, les bruits de souliers hypnotisants des autres. OK, la France a perdu, mais moi, j’ai gagné l’amour du fleuret. Ça tombe bien, avec une collègue, on évoque l’idée de prendre des cours d’épée ou de sabre depuis des lustres…