Si j’ai assisté à beaucoup de choses dans ma vie (il faut sacher que j’ai vu un show d’hypnose, un concert de Pitbull, une intervention de Shakira dans un aquarium ou même les prémices d’une partouze, bien sûr que oui), il y a quelque chose que je n’avais encore jamais testé. Ou plutôt, une forme de show à laquelle je n’avais jamais assisté : un battle de danse. Eh oui, aussi surprenant cela puisse-t-il paraître. J’ai bien vu quelques esquisses au gré de spectacles ou cabarets un peu burlesques, mais un vrai battle groupe contre groupe ou 1 vs 1, jamais. Et dans ce game, où je n’ai jamais posé les pieds, je n’y connais pas grand-chose.
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Pour rappel, je suis aussi et surtout connue pour avoir un balai dans le cul, c’est vous dire. Évidemment, je force le trait, mais en réalité, mes seules connaissances se sont longtemps limitées au chorégraphe Kamel Ouali (jugez-moi fort, jugez-moi tendre) et… à l’école sud-coréenne 1MILLION Dance Studio, que je suivais à l’époque sur les réseaux (26 millions d’abonnés sur YouTube). Les membres/profs/élèves sont tous des reustas, comme Lia Kim, qui a elle-même un million d’abonnés sur Insta. Eh non, je vous vois venir, ce n’est pas que de la K-pop, puisque les chorégraphes transpirent aussi bien sur du hip-hop que sur du breakdance – je les ai découverts sur du Janet Jackson, de mémoire ! Et le hasard fait bien les choses, puisqu’on m’a justement invitée à un battle amical au théâtre du Châtelet pour les voir performer contre la compagnie française Pockemon Crew. Je ne pouvais donc pas rêver de plus douce première fois.
Installée à la corbeille (cette phrase me fait rire, excusez mon immaturité), j’admire le théâtre qui recevait la cérémonie des Flammes il y a encore quelques jours. Non loin de moi, côté VIP, quelques tiktokeurs affiliés à la danse et/ou à la culture coréenne (comme Hwi Hyun et son boyfriend Jason) ou le toujours très stylé Alex Goya. Je m’amuse à regarder le public, totalement hétéroclite. Des fans de K-pop d’un côté, des Ricains fans de hip-hop de l’autre. Tout ce petit monde se mélange parfaitement, sans tension, mépris ou friction. Mais évidemment, le beau monde se trouve sur scène, et dès 20 h 30, les hostilités commencent.
Entre énergie cunt et muscles luisants
1MILLION démarre en premier et, d’emblée, mes oreilles en prennent un coup. J’ai presque l’impression qu’il s’agit de cris enregistrés mais il n’en est rien, le public est totalement en extase devant les mouvements des Sud-Coréens, qui enchaînent les tableaux et genres. Ça danse aussi bien sur du Sia que sur du Pharrell Williams ou sur du plus attendu BLACKPINK. Ne prenez pas pour argent comptant ce que je vais dire, je suis une néophyte qui maîtrise à peine la roulade avant, mais par moments, du moins au début, je trouve que ça manque de technique. C’est juste joli à regarder. À part deux-trois gestes et regards vers le public, les danseurs manquent également de générosité, dommage. Mais je ne boude pas mon plaisir (j’ai la tête qui fait un émoji “:o” durant toute leur perf), et j’ai même quelques crushs, comme pour la magnétique et très cunt Harimu, qui met une tempête à tout ce que j’ai vu jusqu’à présent, mais aussi pour “Bboy Pocket” (Gijoo Kim), qui aurait pu être assigné au rôle de respiration comique à cause de sa petite taille, mais il n’en est finalement rien. Le mec a une grâce spectaculaire et enchaîne les pas de breakdance à s’en taper le crâne, prouvant qu’il est vraiment le danseur qu’il pense être.
Arrivent ensuite les Frenchies de Pockemon Crew, qui proposent un show à la dramaturgie beaucoup plus engagée et travaillée. 1MILLION se contentait d’enchaîner les tableaux très vite comme un feed TikTok au scroll robotique et addictif, la compagnie lyonnaise, elle, a des choses à dire à travers plusieurs tableaux dans la rue, sur un banc, entre deux gangs ou poursuivie par un flic nerveux incapable d’apprécier son énergie (it’s giving “ACAB”). La mise en scène met toutefois pas mal de temps à s’installer. Les blagues envers le public font parfois “plouf” côté balcon, absence de micro oblige. Mais quand les danseurs sont lancés, on ne les arrête plus et à leur tour de dévoiler toute leur maestria. Esthétiquement, c’est moins lisse que leurs concurrents. Les jeux de lumières sont plus audacieux et la sueur, les nerfs tendus et les muscles saillants sont davantage mis en avant. Bref, c’est une DA totalement opposée, plus “brute” mais qui me donne tout autant envie de bouger.
Elle a géchan, la Team Rocket
Mais pour cela, j’attends le clou du spectacle : la partie battle, pardi. Vous avez déjà joué à Super Smash Bros. avec des potes ultra-chauds qui n’ont qu’une envie, laver les autres en toute bienveillance ? Eh bien voilà l’ambiance entre les deux groupes. Ça saute de partout, en avant, en arrière, le DJ lui aussi est vénère, je ne sais plus où donner de la tête ou des pieds, qui tapotent timidement dans l’obscurité. J’ai chaud. Mon crush Harimu, qui débarque en Jessie de la Team Rocket avec une démonstration de voguing à se damner, ne va rien arranger à la moiteur de mes aisselles.
@shellyjohnsson @1MILLION #battle #paris #battledance #kpop #socoquette🎀🛍️💗🌸🏩 #teamrocket ♬ son original - Shelly
Enfin, tout ce petit monde se réunit en final sur le banger “Standing Next to You” de Jungkook, comme pour réunir toutes les cultures qu’on aime et qu’on saigne – ne vous en déplaise, le morceau est à la croisée des chemins entre les catalogues de Michael Jackson, The Weeknd et BTS. Évidemment, pas de gagnant, car le battle était amical. Ou alors si, une gagnante, aka moi-même, ravie d’avoir été dépucelée de l’univers du battle qu’il me tarde d’explorer, voire d’essayer. À Séoul, il est possible de prendre un cours avec les chorégraphes de 1MILLION pour 30 balles. Mon balai dans le cul et moi-même, on y pense très fort. Wait and see.