La Suisse regorge d’artistes attachés à leurs terroirs. C’est le cas de David Mottier, qui officie entre Lausanne et Fribourg, dans les salons le Parloir et Noir Tattoo. Bien que son univers créatif soit très étendu, l’homme de 34 ans s’est taillé une réputation grâce à ses réalisations qui sentent bon les Alpes suisses : fondues, vin vaudois, chalets helvétiques ou encore fromage à raclette ornent régulièrement la peau de ses clients.
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L’adepte de l’aiguille ne s’est lancé que récemment dans l’art du tattoo. “À 29 ans, une fois ma formation de graphiste achevée j’ai commencé à m’intéresser à la peinture du tattoo, dessiner des flashs et les poster sur Instagram. De ce fait, plusieurs personnes qui m’avaient tatoué, dont l’artiste Kim-Ahn, m’ont conseillé de devenir apprenti tatoueur”.
“Même si à l’époque je n’étais pas super à l’aise avec les gens et que j’appréhendais la pression que cela allait engendrer, c’était un truc qui me tentait depuis suffisamment longtemps pour que je tente. C’est ainsi que j’ai entamé ma formation au salon Noir Tattoo, à Fribourg. J’ai réalisé ma première réalisation en février 2015, et trois ans plus tard j’étais officiellement tatoueur.”
Le style de David est clairement inspiré de l’esthétique old school américaine, avec des lignes épaisses, un dessin simplifié, et beaucoup de couleurs en aplat. Il combine ce style à un univers flirtant avec le folklore des montagnes suisses.
“J’ai habité à Château d’Œx, dans les Préalpes vaudoises, jusqu’à l’âge de 27 ans. C’est une région connue pour ses paysages pittoresques, comme la poya. C’est vraiment un lieu qui m’a influencé et on retrouve toute cette imagerie au sein de mes réalisations.”
Parmi ces motifs iconiques, la fondue connaît un franc succès depuis les premières réalisations de David : “J’ai commencé à la dessiner après un an de formation, à la suite de la demande d’un couple d’Autrichiens établis en Suisse qui désiraient repartir avec un souvenir 100 % helvétique dans la peau”.
“J’ai été le premier surpris de l’engouement des gens pour ce motif. En fait, lorsqu’ils découvrent ce fameux tattoo, ils ne restent pas insensibles : soit ils adorent et ont directement envie de se le faire tatouer, soit ils ne comprennent pas le truc mais trouvent ça tout de même marrant !”
Quant au profil des personnes intéressées par ce motif, David confie que les intentions restent relativement variées. “Ce sont des gens pour qui la fondue est une véritable religion, ou bien qui désirent un symbole suisse sur leur peau sans forcément tomber dans le nationalisme pur et dur, dit-il. Ou encore des personnes venant de l’étranger qui veulent arborer de façon permanente un souvenir de notre pays.”
Récemment, un client a récemment demandé à David de lui tatouer… une galette de rösti. Le début d’une nouvelle hype ? Allez savoir. En attendant, l’artiste a déjà quelques plans pour un avenir à court et moyen terme. “En plus de quelques conventions de tatouage, je pense sérieusement à déménager de Lausanne à Château d’Œx : la montagne me manque trop, confie-t-il. C’est une source d’inspiration intarissable pour moi. Je reçois des demandes pour bosser dans d’autres pays, mais mon cœur est ici.”