Goûter à la street food de Myeongdong. Se croire dans True Beauty et dévaliser Olive Young, le Sephora local. Explorer les nombreux temples et palais ou taper son meilleur karaoké dans les rues de Hongdae, le quartier étudiant et coloré. Les activités culturelles et/ou touristiques ne manquent pas à Séoul, en Corée du Sud, destination qui connaît un retour de hype phénoménal grâce au prime de son soft power contemporain (la skincare, la K-pop, les K-dramas et j’en passe). J’y ai passé un peu plus de 15 jours au cours de l’ensoleillé mois de mai et si j’ai adoré toutes les activités citées, je dois vous l’avouer, mon highlight fut très particulier et sans doute moins conventionnel, surtout pour l’endroit : je suis allée voir un spectacle de strip-teaseurs. Pourquoi ? Eh bien, pourquoi pas ? Je pourrais certainement vous vendre l’idée sous un prisme féministe, désireuse de renverser le male gaze habituel qu’on voit partout sur les corps féminins et découvrir comment les hommes pouvaient sexualiser leur image pour des femmes, chose si rare, le temps d’une soirée. Il y a de ça.
À voir aussi sur Konbini
Mais pas que : la réalité, c’est que j’ai une adoration ridicule pour les films Magic Mike avec Channing Tatum et que la version en live à Londres me faisait énormément de l’œil. Ça, mon algo ne l’a que trop bien compris et ainsi, une plateforme d’excursions touristiques n’a eu de cesse de me montrer THE MAN Alive : CHOICE, un spectacle avec six strip-teaseurs au cœur de Séoul (mais bien planqué dans un immeuble pour être honnête). Je suis trop jeune et trop cute pour mourir idiote alors ni une ni deux, j’emmène mon amie qui m’a accompagnée une longue partie de ce séjour sud-coréen et c’est parti pour une bonne heure de sexiness et de rire très, très nerveux.
Pas de pantalon, pas de chocolat
Dès qu’on arrive, le merch est présent devant la salle car oui, il y a du merch, les six danseurs sont des “stars” à leur moindre échelle ! Posters, porte-clés, cartes dédicacées… Il est même possible de payer pour les rencontrer à la fin (spoiler, on ne le fera pas). Évidemment, il n’y a que des femmes, et c’est bien normal, l’accès est interdit aux hommes. Toutes les tranches d’âge sont présentes à mon grand étonnement, j’aurais pourtant parié qu’on tomberait sur un repaire de quinquagénaires en mal de sensations fortes. Le premier rang est même rempli de vingtenaires. Avant de rentrer, une hôtesse d’accueil demande à mon amie une autorisation très spéciale qui donne le ton : comme elle porte un pantalon, est-elle d’accord pour possiblement participer au spectacle ? Elle dit oui, sans trop comprendre les enjeux. Je lui explique que dans les films Magic Mike (ma seule réf en termes de strip-tease masculin et alors ?), les mecs sur scène choisissent des filles volontaires dans le public pour danser voire se frotter contre elles… je lui montre des photos. “TA GUEULE.” Ma pote a chaud et réalise qu’elle ne savait vraiment pas où elle mettait les pieds. Je ris, ravie d’avoir mis une jupe et d’être exclue de toute participation possible – je le regretterai plus tard et je vous expliquerai pourquoi.
Les danseurs arrivent pile à l’heure et le début du show est des plus embarrassants. Les tableaux ne sont pas cheap mais les poses façon JoJo’s Bizarre Adventure des garçons très kitch. Je suis mal à l’aise, ma +1 aussi. Parfois, les mecs se mettent à venir dans le public. L’un se met à côté et ondule de tout son corps à côté de moi, comme un Magicarpe en rut. Qu’est-ce que je viens faire ici déjà ? Après dix minutes “d’échauffement”, les choses sérieuses arrivent. Un tableau BDSM et homoérotique débute, je ne m’attendais pas du tout à ça. C’est un moment très sensuel, presque charnel. Les mouvements de bassin m’appellent. Je ne peux pas enlever ma main de devant mes lèvres, de peur que leur béatitude me trahisse. Autour, les spectatrices sont moins timorées que moi et hurlent à l’envi. Devant moi, des femmes aussi consternées qu’émoustillées tentent de filmer en soum soum (c’est interdit), elles se font recadrer sévèrement. Je me surprends même à vouloir faire des “checks” aux danseurs qui passent ou pousser des petits cris d’encouragement de temps en temps.
Un show (très) inspiré de Magic Mike et c’est tant mieux
S’enchaîneront les tableaux très osés, avec toujours une petite pause “kawaï” entre deux chorés car après tout, on reste en Corée. Je me surprends à être tout aussi investie dans ces moments que j’aurais pu trouver cringe dans d’autres circonstances, et je chante “Baby” de Justin Bieber avec eux sur un tableau très K-pop, très fleur bleue. Le public aussi joue totalement le jeu. Puis, arrive le prime de la soirée : les deux tableaux qui permettent aux spectatrices volontaires de participer. Ma pote hésite, réfléchit, se tâte. Les autres ne se font pas prier et la moitié de la salle lève la main. Je retire ce que j’ai dit plus haut et je regrette amèrement ma jupe. Plusieurs filles sont amenées à monter sur scène et sont installées sur une chaise, chacune a son propre danseur et toutes ont le droit à un strip sur “Pony”, tube emblématique de Ginuwine et hymne de Magic Mike. Les films ne sont pas qu’une réf pour moi de toute évidence car le spectacle les pompe très librement (à se demander s’ils ont les droits !), et je ne boude pas mon plaisir. Les jambes sont écartées et très sollicitées, ma jupe n’aurait pas fait long feu.
Un peu plus tard, un tirage au sort pour savoir qui épousera un des strip-teaseurs a lieu et l’heureuse élue a le droit à un autre show inspiré du deuxième film, mon préféré. Celui-ci commence sur “Marry You “de Bruno Mars… avant de se transformer en nuit de noces hardcore avec le danseur suspendu au-dessus du corps de son “épouse” sur un morceau bien libidineux. J’ai de plus en plus chaud, à tout moment je demande un massage cardiaque. Point notable, les danseurs demandent plusieurs fois le consentement des participantes, bien que volontaires. N’imaginez vraiment pas un spectacle lugubre et crade où des femmes riches et esseulées mettent des petits billets dans les slips d’hommes jeunes et précaires. Le tout est paradoxalement sexy mais bon enfant. Quand le spectacle se termine, je ne suis plus qu’une flaque mais une flaque solide et conquise, bien déterminé à aller voir le “vrai” spectacle Magic Mike un de ces quatre. Qui m’aime (et aime les hommes nus) me suive.