Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine, a été écrit cet article qui comprendra quelques spoilers sur le show. Vous voilà prévenu·e·s.
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Depuis le 6 octobre 2023, près du métro Bonne Nouvelle à Paris, les passants peuvent voir de bien drôles d’attroupements. Plusieurs soirs par semaine, des fans de Star Wars, en costume ou T-shirts floqués à l’effigie de leur Jedi (ou Sith) préféré, se retrouvent. Non pas pour aller à une convention ou voir un film au Grand Rex… mais en direction du théâtre du Gymnase Marie-Bell pour assister à une parodie burlesque de leur saga fétiche ! The Empire Strips Back (les amateur·rice·s anglophones apprécieront le jeu de mots, les autres non) a en effet débarqué dans l’Hexagone après avoir connu un réel succès aux États-Unis et en Australie. Excusez du peu. Vous commencez à me connaître, depuis mon date random avec Shakira dans un aquarium et une partouze totalement lunaire via une invitation LinkedIn, je me devais d’assister à ce spectacle mélangeant des genres on ne peut plus opposés, à savoir la franchise presque pudibonde (bien qu’incestueuse) de George Lucas désormais “disneyfiée” et l’univers beaucoup plus osé du burlesque.
Coucou, R2D2 qui crache de la kichta
Me voilà donc avec un ami fan de la saga (mais pas trop non plus) à cinq ou six rangées de la scène pleine à craquer. Au premier rang, sans surprise, des fans, des vrais, équipé·e·s T-shirt Yoda et Han Solo. Un couple a même joué le jeu du cosplay et se fait tirer le portrait par d’autres spectateur·rice·s curieux·ses, même si évidemment, les vraies stars de la soirée, ce sont les danseuses qui, pendant près d’une heure quarante – avec entracte – mouilleront la chemise pour mieux la retirer. Si je n’ai pas d’affinité particulière avec Star Wars (j’ai seulement vu les neuf principaux films ainsi que quelques spin-off et c’est déjà beaucoup de ma part), j’ai une confidence à vous faire : il s’agit là de mon premier show burlesque ! Ce n’est pas pour autant une raison pour moi d’être peu exigeante.
Photo libre de droit
C’est donc avec minutie que j’observe les tableaux qui s’enchaînent. Tous les personnages iconiques des six premiers longs-métrages sont présents : Leia, évidemment, toute en souplesse, R2D2 (qui crache de la kichta comme un maquereau tiré d’un clip des nineties), ou encore une version de Dark Vador au féminin… J’avais très peur d’un spectacle cheap et aux effets kitsch. Le résultat est relatif. Certains tableaux jouissent d’une scénographie vraiment réussie, aidés par une chorégraphie impeccable, sensuelle sans être vulgaire même si soumise à un certain male gaze (mais attention, nous y reviendrons) et de jolis jeux de lumières. Mention spéciale aux danseuses qui font un taf de très haut niveau et qui m’ont créé de nouveaux complexes (coucou, mon fidèle balai dans le derrière). D’autres tableaux, en revanche, hurlent un peu au ridicule voire au manque de moyens. Jabba le Hutt est sans doute celui qui fera le plus débat. Pour certain·e·s, il est très bien fait, jusqu’aux animations qui remuent sa langue de manière libidineuse. Pour d’autres, c’est une aberration visuelle venue tout droit d’une fête foraine. Tout ça ! La bande-son, très années 2000-2010 n’aide pas (“Starships” de Nicki Minaj… pitié) et confère davantage au spectacle une ambiance de boîte de nuit un peu beauf sur les bords.
Des femmes sexy, des hommes dans la beauferie… mais une ambiance bon enfant
De façon assez surprenante (eh oui, j’y suis allée pétrie de clichés), le public, lui, était plutôt bon enfant, criant quand il le fallait, davantage pour “ambiancer” les danseuses et danseurs que pour se faire mousser, mais je n’ai pas entendu un seul “à poil” ou que sais-je au gré des strip-teases. Juste des encouragements. Il faut dire qu’il a été rudement aidé par le “MC” du soir, le chauffeur de salle se présentant sous le nom de Timothée. Le djo multiplie les réfs à la saga, j’en capte à peine la moitié mais il est très bon en impro et sait faire le show. On regrettera toutefois son omniprésence puisque ce dernier poppe littéralement entre chaque tableau ou presque. En termes d’enchaînement, c’est un peu dommage, car ça casse pas mal le rythme.
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Autre point regrettable, l’absence d’équité danseuses/danseurs. Alors oui, c’est déjà très cool d’avoir deux ou trois numéros avec des djos (en l’occurrence Han Solo ou Palpatine). J’ai d’ailleurs particulièrement apprécié un moment quasi homoérotique avec… Chewbacca. Dommage, bande-son désuète oblige, le rapprochement se fera sur “Sexy And I Know It”, titre qui a très mal vieilli de LMFAO. Un peu de Troye Sivan aurait été bien plus pertinent, même si possiblement trop “de niche” pour le public présent. Le truc, c’est que si les femmes jurent par la poésie et le sexy, les hommes, eux, versent quasi directement dans la parodie voire la beauferie. Alors certes, c’est la promesse du spectacle, mais tout de même. Les femmes hétéro, bien présentes dans la salle malgré vos a priori, n’auront pas grand-chose à se mettre sous la dent. Acmé de cette absence de parité ? Palpatine qui se déshabille pour laisser le public apercevoir ses testicules pendants. Vraiment très pendants. Oui, c’est pipi-caca au possible, mais ça prête à sourire. C’est juste regrettable de ne pas avoir eu un petit show à la Magic Mike avec un Obi-Wan ruisselant de sueur et remuant les hanches, à l’instar de ses comparses du genre féminin… On chipote, on chipote, mais le moment reste agréable, accessible à toutes et tous et donc totalement recommandable, que vous soyez fans ou pas des shows burlesques et/ou de Star Wars. Ne vous attendez pas à en ressortir émoustillé·e : ça n’arrivera probablement pas.
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The Empire Strips Back au gymnase Marie-Bell à Paris jusqu’au 24 novembre, billets à partir de 19 euros.