Et si c’était Vinicius, le meilleur joueur du monde ?

Et si c’était Vinicius, le meilleur joueur du monde ?

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© Diego Souto/Getty Images

Alors que Mbappé, Haaland ou encore Bellingham sont régulièrement cités dans la course au Ballon d’or, le Brésilien possède aussi de très solides arguments.

Qu’il semble lointain, le temps où il semblait presque jouer “contre son équipe”. Plus de trois ans après cette formule prononcée par Karim Benzema à la mi-temps d’un match de Ligue des champions au sujet de son jeune coéquipier brésilien, les choses ont bien changé. Encore que. L’attaquant français n’est plus là, mais le Real Madrid, lui, a gardé ses bonnes habitudes. Le club espagnol est de nouveau en finale de Ligue des champions, pour la 6e fois sur les onze dernières éditions. Sauf que celui qui était perçu, à l’époque, comme un boulet ne fait plus glousser personne. Ni ses coéquipiers, et encore moins ses adversaires.

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Efficacité et esthétisme

Aujourd’hui, Vinicius Junior figure de façon assez incontestable parmi les meilleurs joueurs de la planète. Mais alors qu’il collectionne les succès en club, avec un statut en constante évolution, est-ce totalement incongru de l’imaginer tout en haut de la hiérarchie des joueurs mondiaux ? Au terme d’une saison où Mbappé et Haaland auront soufflé le chaud et le froid malgré des statistiques toujours épatantes, Vini aura, lui, su marquer les esprits dans le sprint final et notamment en Coupe d’Europe. D’ailleurs, sur les trois dernières années, son impact statistique dans la compétition reine est quasi sans égal, puisqu’il est directement impliqué sur 32 buts (16 buts et 16 passes décisives) en 34 matchs.

Au-delà de la dimension comptable, il y a les images fortes, celles qui marquent les esprits. Là encore, l’ancien de Flamengo s’est distingué : buteur spectaculaire lors du 4-3 à City en 2022, puis contre Liverpool en finale, il avait réveillé le Real contre ces mêmes Reds à Anfield en 2023 (doublé pour une victoire 5-2) avant de crever l’écran encore contre City au Bernabéu quelques semaines plus tard (1-1), malgré l’élimination. Et cette saison, sa double confrontation face au Bayern en demi-finale a confirmé cette capacité à être le leader d’attaque du Real, avec là encore un but plein de malice où il aura su s’amuser du défenseur sud-coréen Kim Min-jae.

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Côté Liga, Vinicius a plus que contribué à la reconquête du titre cette saison, alignant 15 buts et 5 passes décisives, et ce, malgré une absence prolongée à l’automne (il n’aura joué “que” 25 rencontres de championnat sur 38 possibles). Avec en point d’orgue un match exceptionnel lors du choc de l’année face au surprenant Girona, corrigé 4-0 au Santiago-Bernabéu.

Si l’on ajoute à cela l’impression visuelle et la sensation de l’avoir vu gagner en lucidité, optimiser ses choix au sein d’un Real Madrid pas toujours le plus proactif dans le jeu, il y a de quoi se dire que sportivement, Vinicius Junior a, depuis plusieurs mois, cumulé des arguments très sérieux dans cette course au titre honorifique de meilleur joueur de la planète.

Déjà “le meilleur du monde” pour les siens

Un jeu épuré, des gestes de classe, une palette qui s’est considérablement élargie (tant et si bien qu’il se considère aujourd’hui comme un véritable 9), l’évolution est spectaculaire. Elle n’est évidemment pas le fruit du hasard. Depuis son arrivée du Brésil, c’est une petite armée qui s’est formée autour de lui, avec 39 personnes dédiées à son activité personnelle, dont 12 lui sont exclusivement consacrées. Diététicien, cuisinier, préparateurs physiques, physiothérapeute, conseiller financier… Rien ou presque ne semble laissé au hasard.

Les résultats sont aujourd’hui visibles et au Real, tous ou presque s’accordent à dire qu’après Cristiano Ronaldo, Luka Modrić et dernièrement Karim Benzema, le Ballon d’or pourrait très rapidement revenir du côté de la capitale espagnole. “Vinicius est très important quand il joue comme ça, avec ce niveau et cette attitude. Pour moi, c’est le meilleur au monde”, avait notamment lâché son entraîneur Carlo Ancelotti après sa démonstration contre Girona en février dernier. “Je suis très heureux aujourd’hui, avec le meilleur joueur du monde”, estimait quant à lui Jude Bellingham il y a seulement quelques jours, lors des festivités du titre en Liga. Une sortie pas totalement anodine de la part du Britannique qui mesure parfaitement qu’au Real, il faut aussi savoir prendre sa place en temps et en heure. Et que si la sienne semble pouvoir venir tôt ou tard, pour le moment, le boss s’appelle bel et bien Vinicius Junior.

Désormais attendu en sélection

Autre marqueur toujours important au moment de dessiner les hiérarchies, Vinicius aura su affirmer sa personnalité avec le temps. En dépit du clivage et des réactions que cela peut susciter. En Espagne, il est devenu le guide de la fronde antiracisme des tribunes en Liga, où il est encore (trop) régulièrement pris pour cible. Cette résilience lui a valu plusieurs distinctions, à commencer par le prix Sócrates 2023, affilié au Ballon d’or et qui récompense les footballeurs engagés dans des projets à dimension sociale. Au Brésil, le président Lula a même été jusqu’à évoquer son cas lors d’une réunion du G7, peu après un incident subi par le joueur sur la pelouse de Valence, en mai 2023. “Il est injuste qu’un pauvre garçon qui a si bien réussi dans la vie, qui est peut-être en passe de devenir le meilleur joueur du monde – il est certainement le meilleur du Real Madrid – se fasse insulter dans tous les stades où il joue”, avait notamment affirmé le président brésilien.

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Mais alors, que manque-t-il à Vini pour faire l’unanimité sur son cas ? À bientôt 24 ans, il n’a toujours pas su transposer sa progression en club à sa sélection, avec laquelle il compte “seulement” 28 sélections pour trois petits buts. Un bémol, si l’on retrace l’historique des Ballons d’or auriverdes qui ont toujours un tant soit peu brillé avec la Seleção. Mais tandis que s’ouvre dans quelques jours la Copa América, sans Neymar, et alors que le Brésil traverse une crise sans précédent pendant que l’ennemi argentin s’avancera en grand favori, Vinicius a l’occasion de corriger cette anomalie. Un défi qui, au vu de sa trajectoire depuis trois ans, n’a plus rien d’illusoire ni d’insurmontable.