Alors que le Royaume-Uni voit disparaître à petit feu ses pubs historiques, la capitale française semble confrontée, elle aussi, à une modification profonde de son paysage bistrotier. Une récente étude de la chambre de commerce révèle que le nombre de cafés est en chute libre depuis de nombreuses années à Paris. Une hécatombe, certes, bien que les données de l’étude ne concernent que les débits de boissons qui ne vendent pas de tabac.
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Dans la capitale française, les cafés seraient ainsi passés de 1 907 en 2002 à 1 410 aujourd’hui, soit un établissement pour 1 400 habitants, note Le Parisien. Et si le Tout-Paris est concerné par ces mutations, certains arrondissements sont plus touchés que d’autres, sans que l’on puisse vraiment l’expliquer, reconnaissent les auteurs de l’étude.
Le 16e arrondissement, qui ne compterait que treize débits de boissons, affiche la plus grande baisse, avec 68 % de cafés en moins. Sur ce sinistre podium, on retrouve le 19e (60 % de baisse) et le 8e (58 % de baisse). Les arrondissements qui échappent à cette tendance sont situés dans le cœur de Paris intra-muros, notamment grâce à une effervescence touristique plus marquée. Ainsi, dans les 2e et 3e arrondissements, le nombre de cafés a grimpé de 17 % et 15 %.
L’une des explications de ce déclin généralisé serait l’avènement des chaînes de restauration rapide et, avec lui, un changement des habitudes de consommation. “La baisse du nombre de cafés s’accompagne toujours d’une hausse des enseignes de restauration rapide”, explique au quotidien Bénédicte Gualbert, l’une des autrices de l’étude.
Mais il y a aussi des raisons plus profondes : “les cafés n’ont pas vraiment su prendre le virage des nouvelles attentes des consommateurs, comme se mettre à la vente à emporter ou proposer des plats plus diététiques”. Avec l’arrivée des trente-cinq heures et le raccourcissement de la pause déjeuner, les gens ont opté pour de nouvelles manières de se restaurer.
L’étude pointe également l’essor des machines à café dans les bureaux et les logements et une consommation d’alcool qui se fait davantage à domicile. Un constat accentué, par ailleurs, par la crise sanitaire de ces deux dernières années qui a particulièrement heurté la profession.
En avril dernier, une opération avait été lancée par des acteurs du secteur afin de soutenir vos bars et bistrots préférés. Un an plus tôt, un vaste appel avait vu le jour pour lutter, ou tout au moins résister, face à une désertification annoncée des cafés et bistrots ruraux. L’idée, née d’un constat plutôt alarmant, était limpide : redonner vie à des lieux favorisant le lien social en leur attribuant des missions d’utilité publique, souvent délaissées ou abandonnées dans ces zones rurales laissées-pour-compte : point d’accès à Internet, relais de poste, épicerie, dépôt de pain…