Entre le retour de Thibaut et Lilian dans la compétition, la deuxième épreuve éliminatoire et la volatilisation d’Hélène Darroze, ce dixième épisode s’annonçait très tendu pour les candidats. Ce sera malheureusement Lucie qui quittera l’aventure, n’ayant pas réussi à séduire le tant redouté chef Goujon avec ses huîtres au pamplemousse lors de la dégustation à l’aveugle.
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Au départ, “la cuisine n’était pas un choix clair et définitif “, avoue la candidate. Après des études en commerce international aux États-Unis, la jeune femme décide de tenter sa chance en cuisine. Après une formation à l’école Paul Bocuse, elle intègre les cuisines de Gérald Passedat, ou encore Alexandre Mazzia. Aujourd’hui, la cheffe du restaurant nantais Sépia voit Top Chef comme un accélérateur de carrière : “L’émission m’a ouvert plein de possibilités.”
Retour sur son parcours mouvementé.
(© Marie Etchegoyen/M6)
Konbini food | Qu’as-tu appris lors de tes différentes expériences en cuisine ?
Lucie | J’ai appris beaucoup de choses sur la haute gastronomie. C’était des milieux que je ne connaissais pas du tout. Par exemple, le chef Gérald Passedat a une façon bien à lui de travailler le poisson, il a une relation particulière et directe avec les pêcheurs. Alexandre Mazzia avait une vision de la brigade très différente des chefs avec qui j’avais travaillé auparavant. Toutes ces expériences m’ont vraiment enrichie.
Ça représentait quoi, pour toi, de participer à Top Chef ?
Après seulement deux ans d’expérience, j’ai directement ouvert mon restaurant, je me suis coupée de l’univers de la brigade. En participant à Top Chef, je voulais me décloisonner de mon expérience de cuisinière. J’ai l’habitude de travailler seule et là, je voulais voir autre chose et sortir de mon quotidien.
Lors de l’épreuve d’Heston Blumenthal, vous devez travailler la pomme de terre. Mais, avec Arnaud, vous êtes en désaccord…
Arnaud et moi, on est très complices et amis dans l’émission donc ça m’a déstabilisée un peu, mais c’est juste une manière de communiquer qu’il ne faut pas considérer comme quelque chose de grave. Ça n’a rien à voir avec lui, ça arrive parfois, ce n’était pas mon jour. Plein de petits trucs ont fait que je suis partie à ce moment-là.
Sur l’épreuve des agrumes, on te sent prête à en découdre, à ne pas laisser ta place dans l’aventure. Qu’est-ce qu’il se passe à ce moment-là ?
C’est assez frustrant car je travaille beaucoup les agrumes au restaurant, j’apprécie énormément les travailler. Sur le coup, je suis dégoûtée, car ça ne se déroule pas aussi bien que prévu. C’était une grosse prise de risque et les risques n’étaient pas maîtrisés. Quand le chef Gilles Goujon arrive et me dit qu’il y a plus d’iode que d’agrumes, c’est déjà le bordel.
Quel est ton meilleur souvenir sur Top Chef ?
Je garde beaucoup de bons souvenirs. Choisir serait comme en éliminer certains. Je ne me souviens que des victoires, car ce sont des moments forts où il se passe un truc assez spécial. Il y a la fois où j’ai revu Alexandre Mazzia aussi…
Dès ton arrivée dans l’émission, tu évoques ce regret d’avoir quitté les cuisines du chef Mazzia… On peut dire que tu as pris ta revanche ?
Ce n’est pas une sorte de revanche, mais c’est une douleur que je portais en moi. Grâce à Top Chef, quand je l’ai revu, ça m’a libérée de tout ça. Ce sont des bagages que j’ai laissés derrière moi, au fil de l’émission. Depuis l’émission, je me sens libérée dans ma cuisine, je vais au fond des choses, j’ai pris confiance en moi sur le plan culinaire.
Et ta relation avec le chef Glenn Viel ?
Il est incroyable. Il a été hyper-bienveillant envers moi. Je trouve que le courant est bien passé. C’est un jeune chef, il est moderne dans son approche de la cuisine, il a une communication facile. Il m’a super bien coachée, j’ai remporté plein de victoires grâce à lui. Il m’a tirée vers le haut.
J’ai eu une chance incroyable de bosser à ses côtés, ce ne sont que des bons souvenirs. On ne vit ça qu’une fois dans sa vie. Plusieurs fois, il me disait “t’as le droit d’être qui tu es et tu vas voir que l’expérience change ton caractère”. Il était très compréhensif, ça rendait la communication et l’entente fluides.
Quelle est l’idée avec Sépia, ton restaurant installé à Nantes ?
On travaille en local. Ça a été un travail de longue haleine en amont de l’ouverture, il y a eu tout un travail de sourcing pour se procurer les produits. On cherche le plus local : tous les produits sont à moins de 100 km du restaurant. On passe des contrats de culture avec les maraîchers : c’est une entente entre les deux parties pour être sûrs qu’ils vendent leur production et que je sois approvisionnée.
Tout le monde est sensibilisé au local donc on finit par se croiser au niveau des produits, il faut savoir se différencier. Ainsi, le contrat de culture permet d’avoir des variétés que ma maraîchère cultive juste pour moi. On fait des cultures d’espèces qui viennent d’ailleurs avec ma maraîchère : des aromates du continent asiatique, par exemple. Sinon, en ce moment, on cultive une pipicha mexicaine, une sorte d’estragon un peu sauvage au goût particulier. Ce sont des petits plus qu’on essaie de mettre en avant dans notre cuisine.
Qu’est-ce qui a changé pour toi depuis Top Chef ?
Je vais plus au fond des choses, je me sens plus libérée et légitime. Aussi, pour pouvoir participer au concours, j’ai dû recruter beaucoup. Du coup, aujourd’hui, j’ai un emploi du temps complètement différent qui me permet de faire autre chose, j’ai un peu plus de temps pour bosser sur d’autres projets, pour voir ma fille ou refaire la déco du restaurant en ce moment, par exemple. Ça m’a ouvert plein de possibilités.
Et toi, personnellement, tu regardes l’émission ?
Généralement, je suis hyper-contente de voir l’émission, ça me rappelle de bons souvenirs, on voit les collègues différemment. C’est sympa de se replonger dans le truc, c’est top.
Et les réseaux sociaux ?
Tout le monde a un avis sur tout. Personnellement, je n’ai pas de souci avec ça car je ne regarde pas le négatif. Parmi tous les commentaires, je ne garde que le positif. J’ai beaucoup de messages qui m’encouragent, plein de gens me soutiennent. Certains me disent : “C’est cool car je suis sensible comme toi, c’est rare de voir des gens sensibles à l’écran.” Ce ne sont que des trucs positifs.
Nous, candidats, on est tous portés par la cuisine au départ, c’est de l’ordre du passionnel. En participant à cette émission, je pense qu’on ne pense pas forcément au reste, qu’on ne mesurait pas que cet aspect principal, la cuisine, peut être oublié au profit d’autres choses plus futiles. Top Chef ça nous permet d’avoir une parole et une visibilité incroyable, c’est positif et on n’attend pas autre chose, on s’en fout des trucs négatifs.
Tu reviendrais à Top Chef si on te le proposait ?
Oui, s’il fallait recommencer, ce serait ouf. Vu l’évolution et le bien que j’en retire aujourd’hui sur le plan personnel et professionnel, ce serait génial. J’ai mûri et grandi et si je peux encore le faire, je le referai.