L’air de rien, presque gêné et toujours un rictus en coin. Malgré un parcours hors norme (qu’il a déjà dû raconter bien des fois) Yoann Stuck prend encore du plaisir à raconter son changement de cap, sa mue sportive, ses années bringue et son arrivée tardive dans le monde de la course à pied… À raconter son histoire, quoi. Et ça, ça se voit même caché derrière son imposante barbe.
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“Je ne regrette rien. Si j’étais épanoui ? Je pense pas. Mais je me faisais plaisir. J’étais en surpoids, je faisais 95 kilos, je fumais au moins un paquet par jour et je picolais pas mal. Certains matins, je me souvenais plus où j’avais garé ma voiture la veille. C’était vraiment à outrance. Mais j’ai appris pas mal de choses, j’ai rencontré du monde aussi (…) Aujourd’hui, je crois que je suis bien plus épanoui.“
Et forcément, c’est bien cette facette de son histoire qui fascine aujourd’hui. Surtout dans le monde du running. Car, ce n’est un secret pour personne : son parcours n’est pas vraiment commun dans la course à pied actuelle. Comment passe t-on d’un extrême à l’autre ? De très, très, très bon vivant (et de tout ce qui va avec : soirées, alcool, cigarettes) à l’endurance ? Comment en vient-on à prendre un tel virage ?
“Il n’y a pas vraiment eu de déclic. En fait, je voulais arrêter de fumer, certainement par souci de ma propre santé, et je n’avais pas envie de compenser par la bouffe parce que j’allais atteindre le quintal (Rires). Là, je me suis dit : ‘prends un sport accessible, simple, et vas-y.’ J’ai pris les premières baskets que j’ai trouvées, un short, un maillot de foot de l’OM (il est supporter du club de foot de la cité phocéenne, ndlr) et je suis sorti.“
Le street art pour commencer la journée, le côté sauvage de la @NewCaledonia pour la finir. Une pure journée ! #newcaledonia #nouvellecaledonie #travel pic.twitter.com/TDWBqtLqQk
— Yoann STUCK (@yoannstuck) 15 mai 2018
Depuis, tout n’est qu’ascension. Il passe de vingt minutes de footing à une demi-heure, une heure, un premier 10km à Lyon en 2010, la découverte de la piste, le semi, le marathon, le trail, les ultras, les championnats de France sur 100 kilomètres et des podiums, des victoires, par-ci par-là.
“Même si je n’étais pas forcément sportif, j’ai toujours été attiré par l’extérieur parce que j’ai grandi à la campagne, dans le Sud-Est, pas loin d’Avignon. Mais encore une fois, même si j’aimais et j’aime toujours être dehors, j’étais vraiment plus balaise à l’apéro à l’époque.“
Des ailes pour la vie
Aujourd’hui, il a réussi son pari : vivre de sa passion. Après avoir bossé sur les marchés, mais aussi dans une boutique de sport, il est désormais aussi coach particulier : “C’est peut-être d’ailleurs ce qui me manquait à l’époque, confie-t-il. Un truc qui me prenait vraiment de l’intérieur, qui m’aurait permis de me défouler… Une passion quoi.“
Le tout, sans se prendre la tête : “Mais je n’ai pas non plus arrêté de prendre l’apéro ou de me faire plaisir. Ça arrive juste moins souvent. Je me contrôle mieux aussi. ” Ambassadeur de la marque Gore, il sera d’ailleurs sur le marathon de Paris ce week-end. En tant que coach et pacer de luxe, l’une de ses nouvelles casquettes :
“J’ai coaché quelques personnes pour ce marathon de Paris. Pour certains, je les ai accompagnés vers leur premier 42, 195 kilomètres. Pour d’autres, il s’agissait de battre leur record. Et pour moi, ça fait une sortie longue.”
Et après ça ? Courir encore et toujours. Notamment la Wings For Life, une course caritative (pour la recherche sur la moelle épinière) et virtuelle où, une demi-heure après le départ, une voiture-balai fictive rattrape les concurrents des plus lents aux plus rapides. Le dernier restant est le vainqueur. L’apéro attendra donc encore un peu.