C’était il y a presque pile une année. Je pensais qu’il s’agissait d’une notif LinkedIn comme tant d’autres : un nouvel instigateur d’une start-up dans la tech qui souhaite m’envoyer un communiqué des familles. Une noble candidature d’un journaliste en herbe en quête d’un stage. Ou juste un message automatique de LinkedIn. Triplement loupé. À la place, c’est une invitation pour une soirée… libertine. Yep. Vous avez bien lu. Plus précisément, l’objet du message est mot pour mot : “Un club pour les femmes bicurieuses s’invite à Paris“. On m’invite à une soirée de lancement, le 20 septembre (uniquement à la partie “soft”, mais j’y reviendrai après). Je crois à une blague ou à un message de mauvais goût. Un plan très sombre où je finirais dans une cave avec plusieurs organes en moins vendus à bas prix. Ou à un club très chelou de personnes libidineuses (oui, pardon, je suis pétrie de jugements parfois). Encore une fois, c’est un triple échec.
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Mais qu’est-ce qu’on fout là ?
Cette invitation est tout ce qu’il y a de plus sérieux et vise à promouvoir le Skirt Club, un club payant et ladies only qui facilite les rencontres amoureuses (et sexuelles) entre femmes bisexuelles, mais aussi j’imagine lesbiennes, pansexuelles ou autres. Sous sa houlette, de nombreuses soirées sont déjà organisées partout à travers le globe. À New York, à Milan, à Berlin ou encore à Sydney. Pourquoi suis-je invitée, ou plutôt comment je fus “sélectionnée” ? C’est lunaire : l’organisatrice me dit que c’est “grâce” à mon article sur le coming out pansexuel de Cœur de pirate, papier écrit lors d’un stage en 2016. Il leur en faut peu… Je suis invitée uniquement à la première partie, où les femmes profitent d’un show, discutent et se dragouillent si affinités il y a. La deuxième partie est un peu plus olé olé, et elle me sera accessible uniquement si j’accepte de donner un petit billet.
Une fois rassurée sur “l’authenticité” de ce qu’on me propose, si j’ose dire, j’invite mon amie la plus délurée (une Sagittaire, obviously) pour m’accompagner direction le Serpent à Plume, à Paris. J’opte pour une tenue en dentelle full black très sobre, très chic (enfin je crois, j’espère), qui laisse tout de même apparaître un peu de peau ici et là. Je préfère jouer la carte de la transparence, quitte à vous spoiler et à vous faire fuir : je ne suis absolument pas là pour pécho… et ça n’arrivera pas ! Dès notre arrivée, on nous file une petite enveloppe qu’il nous faudra ouvrir après la performance d’une grande artiste spécialisée dans le shibari, ou l’art du bondage japonais. Avec ma pote, on est mi-amusées, mi-anxieuses. Mais qu’est-ce qu’on fout là ? C’est donc ça, la vie qu’on a décidé de mener ?
“Mordille l’oreille de ta voisine “
Heureusement, le bar nous décoince vite. Il faut dire que toutes les invitées de la liste ou presque sont déjà posées, un verre à la main. Peu de Françaises, beaucoup de British et d’Américaines. La moyenne d’âge tourne autour des 40 ans et, clairement, ça sent l’aisance financière. Pour beaucoup, il s’agit d’habituées, de leur propre aveu. Certaines viennent même de NY exprès ! Ça parle, ça ne flirte pas encore. C’est étonnamment… agréable. Safe. Loin d’une oppression lourde et patriarcale, les regards sont séducteurs mais paradoxalement pudiques. Un inconnu qui tomberait sur nous nous prendrait sûrement pour une bande de copines de tout âge, désireuses de papoter dans un endroit tamisé, sans arrière-pensée. On n’est pas franchement dans Eyes Wide Shut. Of course, on sent que chacune cherche “une target” à chiner avec qui passer la deuxième partie de la soirée. Cap que nous ne passerons pas. Une blonde, la trentaine, m’accoste, je l’envoie un peu chier sèchement en lui expliquant que je ne recherche rien. Je m’en veux. Elle n’est pas vexée. Ici, personne ne l’est. Passé le spectacle de bondage – franchement impressionnant, mais confidentialité de la soirée oblige, les photos sont interdites, il vous faudra donc me croire sur parole – on ouvre les fameuses enveloppes données au début. Ce sont des petits challenges censés nous aider à “briser la glace“. Je tombe sur “mordille l’oreille de ta voisine”. Je bégaie. C’est dead.
© Konbini
Avec ma +1, on se regarde amusées. On est venues, on a vu, c’est good, on peut se mettre en route avant que les choses sérieuses ne commencent. C’était à faire, j’imagine. Mais autant ce n’est pas mon dél, autant je recommande pour celles qui ne savent pas comment faire des rencontres, ou désireuses de nouvelles expériences, tant les soirées sont baignées par la cordialité. Si ça ne vous dérange pas de glisser vos dents sur les oreilles de parfaites inconnues, je vous laisse faire vos propres recherches concernant les prochaines soirées ! (Et préparez le budget pour).