Comment le spot le plus hype du Paris des années 2010 renaît dix années après

Retour de hype

Comment le spot le plus hype du Paris des années 2010 renaît dix années après

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© Les Niçois

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Par Robin Panfili

Publié le

On a demandé aux fondateurs des Niçois de rassembler leurs souvenirs pour nous raconter la folle histoire de ce bar-restaurant.

Au début des années 2010, les Parisiens fêtards et bien habillés ne disposaient pas de mille options pour aller faire la java, trinquer et côtoyer le gratin cool parisien. On se souvient du Tape Bar, du Wood, de Dédé La Frite, ou, pour les oiseaux de nuit, de la Concrete, du Social Club, de Chez Moune, du Silencio et du Showcase. Dans cette poignée de repaires de la hype, on pourra également citer Les Niçois. Un bar, un restaurant, un peu les deux à la fois, où l’on venait se serrer pour faire la fête, collés au comptoir et debout sur les chaises tant les places étaient chères.

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C’était le début des années 2010, et depuis, ce monde semble révolu. Il reste bien quelques vestiges de cette période cool et branchée, mais la plupart ont, disons-le, un peu perdu de leur superbe. Mais dans le 11e arrondissement de Paris sonne un petit air de renaissance. Les Niçois, après une longue parenthèse, a décidé de rouvrir son repaire emblématique, pile au même endroit que dix années en arrière. Alors, rien que pour nous, Luc Sananes et Olivier Chini rembobinent leurs souvenirs et nous racontent l’histoire de ce lieu pas comme les autres.

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Konbini | D’abord, qui êtes-vous ?

Luc | Luc, 40 ans. Né à Nice, depuis vingt ans à Paname, fan de Kobe Bryant et de pêche, ex-tourneur de groupes de musique, cuistot, barman…

Olivier | Olivier, 45 ans, Parisien, Niçois de cœur, journaliste, producteur de musique, fan de Julio Iglesias, David Guetta et des boulettes de viande, happiness manager a ses heures perdues.

Pourquoi avoir décidé de rouvrir Les Niçois, dix ans après, dans ce même lieu ?

Luc | Les Niçois, c’était un projet de fous dans un no man’s land de Paris, le 11e ! Une cantine du Sud, tenue par deux gars sortis de nulle part, en marge de tout le food business, une cuisine basée sur une base nissarde, avec un piano au bar et un terrain de pétanque au sous-sol. Et aujourd’hui ça manque…

Olivier | C’est donc le grand retour, comme avant mais en mieux, meilleur et au même tarif. Le Ricard n’a pas pris l’inflation. C’est toujours 2,50, au comptoir ou en terrasse.

Pas trop la pression de rouvrir un lieu qui était la hype de l’époque ?

Luc | Ceux de la hype de l’époque, ils sont couchés et s’occupent de leurs enfants. À 22 heures, ils dorment. Maintenant, c’est une toute nouvelle faune de jeunes qui débarque. Ils sont encore plus fous que nous. On adore.

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Racontez-nous cette époque un peu folle…

Olivier | À l’ouverture en 2014, c’était l’époque du renouveau de la restauration à Paris, celle des premiers Top Chef, de l’arrivée des géants du 11e comme le Septime, Mokonuts, Le Servan, le retour des bars à cocktails, des speakeasys… Bref, c’était la démocratisation du bien boire et bien manger à grande échelle.

Luc | À l’époque, le meilleur guide, c’était le bouche-à-oreille. On connaissait pas grand-chose à un resto, mais on connaissait beaucoup de monde. Quand on a ouvert, on est devenus la deuxième maison des fêtards qui aimaient bien manger avant de bien sortir. C’était bon, pas cher, l’ambiance était folle… C’est devenu une institution dans le quartier. On a quand même été le resto de France qui passait le plus de Ricard.

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Olivier | On était dans tous les guides : du Routard au guide Paris Dernière, en passant par les guides japonais. Tu peux dès lors imaginer le casting d’un jeudi soir. Deux Japonaises perdues au bar, au milieu de toute une clique en after-show d’un concert de rock, avec l’enterrement de vie de jeune fille à la pétanque avec les tee-shirts “Les Copines, la passion des boules”. Dur de tenir la boutique pour le directeur qui passait son temps à la cave pour surveiller les dates Tinder.

Luc | À la fermeture, il faisait le tour du restaurant pour vérifier que personne ne dormait dedans ! Mai 2015, six mois d’attente pour une table de deux en soirée. Quelle rigolade au final pour une pissaladière et une pétanque.

Qu’est-ce que vous allez proposer ici, aux Niçois ?

Luc | Dix ans après, tout a été vu, on ne fait donc pas dans l’innovation mais plutôt avec un grand retour aux sources en rouvrant le classique de la grande table du Sud. Comme d’hab on relance le spot avec ses grandes tables et ses petits prix, une équipe béton ultra bienveillante et cool qui sert du bon dans un cadre sympa. On a rajouté une bar de pole dance au sous-sol… Passé minuit, c’est très sympa, la pole dance. Tu as déjà essayé ?

C’est quoi votre ambition pour ce lieu ?

Olivier | Notre truc, c’est créer des moments. Les Niçois, c’est un lieu où tu viens passer du bon temps entre potes, en famille, où tu lâches ton téléphone pour profiter. Nous, ce qu’on veut, c’est que tu rentres chez toi en te souvenant de ce mec qui a renversé son verre de Ricard sur la meuf en train de danser, du lancer catastrophique de ton pote à la pétanque qui a fait un trou dans un mur (véridique, tu peux aller voir en bas), de ta pote qui s’est improvisé danseuse de pole dance et qui s’est fracassée par terre, de la partie de baby-foot où t’as remplacé la balle par un cochonnet.

De ta rencontre avec le voisin du dessus, qui coiffait Madonna, Prince et Jean-Paul Gaultier dans les années 1990 (<3 Elies), du débat que t’as eu avec le mec de la table d’à côté sur qui est le plus grand chanteur des années 1980 (y a pas débat, Julio Iglesias ou Enrico Macias), de la fois où Space Invader a passé une soirée au resto et a planqué une œuvre en guise de remerciements (ou l’a simplement oubliée, ce qui est possible aussi). Bref, un lieu où tu crées du lien, des potes, des couples, où tu vis, quoi.

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Vous me racontiez une histoire sur le vendeur ambulant de roses du quartier.

Luc | Hassen, c’est notre ange gardien ! Le soir de la signature du bail du resto, on fait une fête avec une cinquantaine de potes. Un truc cool, on va chez McDo, on commande 150 Big Mac, on allume des bougies, on boit des coups, on rigole bien. Et là, y a ce mec, Hassen, qui entre dans le resto pour nous vendre des roses. Donc je lui explique qu’on n’est pas encore ouverts, on vient juste de signer. Et quand je lui dis ça, le mec décide de nous offrir le bouquet. Ça commençait bien, l’histoire !

Au début, j’ai refusé, c’est quand même son gagne-pain, mais il ne m’a pas vraiment laissé le choix, il m’a presque jeté le bouquet dessus. Depuis dix ans, il vient tous les soirs, il nous a même accompagnés quand on a lancé nos produits Les Niçois chez Colette. On lui avait acheté 150 fleurs qu’il a distribuées aux clients… Le choc des mondes. C’est pour ça qu’on est là avec Les Niçois. Maintenant, il fait vraiment partie des murs, de l’histoire et de l’âme du resto. Vous voyez, tout à l’heure, on se parlait de créer des moments, du lien, et des souvenirs, ben c’est exactement ça. Donc passez quand vous voulez chez nous, achetez une rose à Hassen et offrez-la à votre voisin.

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Un dernier mot ?

Luc | Juste un message pour vos lecteurs. Chanteurs, chanteuses, groupes qui se lancent, venez faire vos premiers concerts chez nous. Balancez-nous un e-mail : luc@lesnicois.com.