“Comment je suis tombé amoureux du rap mélancolique”

Témoignage

“Comment je suis tombé amoureux du rap mélancolique”

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PNL – Au DD

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Par La Zep

Publié le

Avant, Jey écoutait du rap dur : celui qui fout la rage, qui parle de la rue. Il s’en est lassé quand il a découvert le cloud, un style plus mélancolique.

Ce témoignage a été écrit dans le cadre d’ateliers menés par les journalistes de la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un média qui accompagne des jeunes à l’écriture pour qu’ils et elles racontent leurs réalités quotidiennes.

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J’ai découvert Laylow en 2019. Avec des potes, on écoutait de la musique. D’un coup, un son est passé, “Plug”, un feat avec Jok’Air qui est très fort pour parler d’amour et de problèmes de couple. Je me suis dit qu’il avait un style différent des autres rappeurs que je connaissais et que je devais l’écouter plus pour vraiment comprendre.

À la base, j’étais dans un moment où je n’avais aucune envie de faire quelque chose, aucune énergie. Mais cette musique m’a donné comme un coup de boost. Depuis, j’ai écouté plusieurs de ses sons et j’ai kiffé. C’est devenu mon rappeur préféré. Il rappe différemment, il est plus mélancolique. C’est normal, il raconte son histoire.

Ma vie se résume à la musique. J’en ai tout le temps dans les oreilles. À chaque fois que je dois faire un truc, pour me concentrer, je mets de la musique. On va dire que ça m’a changé. Ça m’a appris beaucoup de mots : “plugs ”, “burning man”, “nacré”, “Armageddon”, “placebo”, ou encore qui sont les Borgia et où est Helsinki.

Textes profonds et mélodies tristes

Ce qui me touche, c’est quand les rappeurs que j’écoute racontent des moments tristes de leur vie. Les meilleurs sons, ce sont les sons tristes. En ce moment, il y en a de plus en plus qui se lancent dans ce style et j’apprécie. Ils racontent des choses qui peuvent toucher plein d’autres personnes. Comme les bavures policières ou le racisme, l’amour impossible, les violences conjugales, le décrochage scolaire.

Avant d’écouter la new gen, j’écoutais les mêmes rappeurs que tout le monde : Ninho, Maes, Fianso, Booba, Kaaris, Kalash Criminel, La Fouine, Lacrim, Sefyu, Mister You… Ils rappaient sans chercher un vrai but, juste pour le plaisir et parce que c’est leur travail, je dirais.

Tout le monde les écoutait, car personne d’autre n’avait essayé un nouveau style. Maintenant, je ne les suis plus trop. J’ai découvert des artistes qui font du cloud rap, comme Khali, Laylow, Luv Resval, Rounhaa, Zamdane, Luther, DTF, Moha MMZ, PNL, Lomepal, Jok’Air, NeS, Yvnnis, etc. Cette new gen chante ou rappe avec une voix triste, douce et calme, même si parfois ils essaient de rapper sans aucune douceur et sur un ton plus élevé.

Le style cloud correspond plus à ma personnalité. Quand j’ai des coups de mou, pour me sentir mieux, c’est mieux d’écouter des musiques avec une voix douce qu’une personne qui crie. Beaucoup de personnes sont lassées du rap dur. Elles veulent écouter de nouveaux styles de prods, écouter des paroles qui parlent de plusieurs problèmes de la vie et qui font qu’elles pourront se sentir visées.

Jey, 16 ans, lycéen, Le Blanc-Mesnil