On l’avait remarqué, dans Top Chef, d’abord pour son look et ses santiags, mais surtout pour sa cuisine brute et effervescente. On l’avait suivi chez Liquide, à Paris, puis on a dû se montrer patients avant de découvrir le projet qui l’animait depuis tout petit. C’est désormais chose faite, puisque Jarvis Scott vient d’ouvrir son restaurant, Turbulent, après une mûre réflexion, une vaste exploration introspective de sa cuisine, et de l’ADN culinaire qu’il voulait offrir au public. Depuis Trouville, où il a décidé de poser ses casseroles, Jarvis Scott a répondu à nos questions.
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© Pépa pour Turbulent
© Pépa pour Turbulent
Konbini | Salut Jarvis, on est ravis d’avoir de tes nouvelles. Comment tu vas depuis Top Chef et ton aventure à Liquide ?
Jarvis Scott | Depuis Top Chef et Liquide, je me porte super bien. J’ai enfin mon premier restaurant à la campagne, comme je l’ai toujours souhaité depuis que j’ai mis les pieds en cuisine. L’ouverture a été un gros rush, mais je suis content du résultat et de l’engouement qu’il y a autour.
Comment est né le projet Turbulent ?
Le projet Turbulent est né de mon désir de m’émanciper du salariat et d’avoir enfin mon propre restaurant, où je peux m’exprimer librement et faire mes choix tout seul. J’ai 29 ans et encore de la gouache, donc c’est le moment parfait pour me lancer dans cette aventure.
Pourquoi dans cette ville ? Tu connaissais la région ?
J’ai choisi la Normandie parce que c’est une région magnifique que je connais depuis gamin. Mes grands-parents avaient une maison en Normandie, c’est un peu ma région madeleine de Proust. Je suis très attaché à mes souvenirs d’enfance et cela me permet de me replonger dans des souvenirs qui me font du bien. C’était aussi un beau compromis entre tous mes potes à Paris et mon désir d’enfin utiliser mes cannes à pêche qui dormaient dans mon garage et de mettre mes bottes que je ne mettais pas souvent à Paris. J’ai aussi voulu partir en Normandie pour mon chien, un beauceron de deux ans qui s’appelle Tanna et qui se sentait un peu à l’étroit dans les rues de Paris, comme son maître.
© Pépa pour Turbulent
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Et pourquoi avoir choisi de nommer ton restaurant “Turbulent” ?
Parce que c’est un peu un pied de nez à mon échec scolaire. Ce mot-là revenait très souvent sur mes bulletins scolaires, c’est une sorte de dédicace à mes anciens profs. Mais ce n’est pas que ça, c’est aussi parce que j’ai envie que ce soit un restaurant vivant qui bouscule les papilles, un lieu décomplexé, qui bouge et qui vit.
Tu vas cuisiner quoi ?
Je vais cuisiner les produits de la région qui me font envie, je ne me mets pas de limites. La carte change toutes les semaines, et je vais enfin pouvoir créer sans être bridé par qui que ce soit. Je vais faire une cuisine assez rock’n’roll, mais j’ai aussi envie de pousser le curseur par rapport à ce que je faisais avant, donc d’affiner encore ma technique et mes goûts.
© Pépa pour Turbulent
Quels plats “signatures” as-tu déjà en tête ?
J’ai un ou deux plats signatures pour l’instant, dont un plat à base de grenouille et de merguez, et un autre à base de Saint-Jacques et de vin jaune. Après, les plats signatures, ce sont les clients qui décident. Je change ma carte toutes les semaines, donc les plats qui resteront, je les considérerai comme signatures !
Comment as-tu prévu de travailler avec l’écosystème local ?
Je suis obligé de travailler avec les acteurs locaux, car il y en a tellement, c’est une grosse région agricole et une zone de pêche immense, donc j’ai de quoi m’amuser. Du couteau de table au bulot, tout ce qui entre dans le restaurant est local. Je vais faire bosser que des producteurs locaux. Je peux citer, en spiritueux par exemple, les frères Camut dont je suis hyper fier d’avoir leurs flacons, et en légumes, je vais citer le jardin Culotté, deux filles qui se sont mises à leur compte et qui font des légumes de fou furieux.
© Pépa pour Turbulent
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Tu peux nous parler de ce lieu unique en son genre ?
Le lieu est assez brut dans le décor, les matériaux principaux sont le zinc et l’inox avec une touche de bois pour rappeler la Normandie, mais j’ai voulu un style assez tranchant. Il faut venir voir pour découvrir, mais franchement, je le trouve magnifique. Je suis très content du résultat. J’ai fait appel à des architectes pour les plans, mais le reste, c’est moi qui ai entièrement choisi. J’avais peur, une fois les travaux finis, que le resto ne me ressemble pas, mais en fait, je m’y sens super bien et, personnellement, je le trouve assez joli.
Turbulent
1, rue Durand Couyère
14360 Trouville-sur-Mer